La France s’apprête à traverser un tournant délicat pour l’alternance. Selon l’Insee, 65 000 postes devraient disparaître d’ici la fin de 2025, conséquence directe de la réduction des aides publiques aux entreprises. Un recul brutal qui menace les étudiants et rebat les cartes du marché de l’emploi.
Alternance en crise : 65 000 contrats menacés selon l’Insee

Le 11 septembre 2025, l’Insee a publié ses dernières prévisions de conjoncture. Au cœur du rapport figure une alerte sur l’alternance, secteur en plein essor ces dernières années. L’institut anticipe une baisse de 65 000 postes d’alternants sur le second semestre. Une telle contraction contraste avec la dynamique positive du premier semestre et interroge sur les conséquences de la politique gouvernementale en matière d’emploi et de formation.
Un retournement brutal pour l’alternance selon l’Insee
L’Insee observe que l’alternance a résisté durant la première moitié de l’année 2025, avec des embauches encore dynamiques malgré la réduction progressive des aides. « Les embauches en alternance ont continué d’augmenter au premier semestre », note l’institut dans son rapport relayé par TF1 Info. Pourtant, la tendance s’inverserait fortement au second semestre, au moment où la plupart des contrats démarrent, notamment en septembre.
Ce basculement serait la conséquence directe d’un environnement moins favorable. L’Insee prévoit en effet « la destruction de 65 000 postes d’alternants en six mois ». Cette contraction pèserait lourdement sur le solde global de l’emploi salarié privé, qui reculerait de 51 000 postes en 2025. Ainsi, la baisse de l’alternance apparaît comme un facteur central du ralentissement de l’emploi.
Les causes : aides réduites et réforme du financement
La principale explication avancée concerne la diminution des soutiens publics. Depuis juillet 2025, une réforme de l’apprentissage impose aux entreprises une contribution supplémentaire de 750 € pour chaque apprenti préparant un diplôme de niveau licence ou supérieur. Cette mesure accroît mécaniquement le coût d’un contrat et pousse de nombreux employeurs à limiter leurs recrutements. Selon Boursorama, il s’agit d’une rupture nette avec les années précédentes où l’État subventionnait massivement l’apprentissage.
Cette évolution intervient après une phase d’expansion exceptionnelle : le nombre de contrats d’alternance a triplé entre 2017 et 2024, atteignant plus de 870 000 signatures, rappelait BFM TV. Mais le modèle fondé sur des aides généreuses montre ses limites budgétaires. Pour l’Insee, la combinaison du resserrement des finances publiques et de la nouvelle répartition des coûts pèse désormais sur la dynamique du marché.
Conséquences pour les étudiants et l’emploi
Les étudiants en formation sont les premiers touchés par ce retournement. Trouver une alternance devient plus difficile, particulièrement dans les secteurs qui avaient largement bénéficié des aides. Cette raréfaction des contrats pourrait contraindre certains jeunes à poursuivre leurs études sans expérience professionnelle rémunérée, affaiblissant leur insertion future.
Au niveau macroéconomique, la contraction de l’alternance contribue à la hausse attendue du chômage. L’Insee prévoit que le taux atteindra 7,6 % fin 2025, contre 7,5 % au deuxième trimestre. Bien que modeste, cette hausse illustre le rôle structurant qu’a pris l’alternance dans la dynamique globale de l’emploi. Sans relais dans le secteur public, qui reste stable, la baisse du nombre de contrats pèse directement sur le marché du travail.
