Faut-il encore taxer l’avion ? Pour le ministre des Transports, c’est non

Ce vendredi 11 juillet 2025, sur Franceinfo, Philippe Tabarot a marqué un désaccord rare dans un gouvernement en quête de 40 milliards d’euros d’économies. Le ministre des Transports juge que taxer encore l’avion serait « contre-productif ».

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By Grégoire Hernandez Published on 11 juillet 2025 16h00
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Faut-il encore taxer l’avion ? Pour le ministre des Transports, c’est non - © Economie Matin
+ 7 %Tandis que la fréquentation reste « stable » dans l’Hexagone, nos voisins enregistrent des hausses comprises entre 6 et 7 %.

Alors que les arbitrages budgétaires s’accélèrent à Bercy, la question d’une nouvelle taxation dans le secteur aérien divise. L’un des ministres concernés vient de rompre les rangs. Sans détour.

Une ligne rouge claire : pas de taxe supplémentaire sur l’avion

La phrase est tombée sans détour : « Je ne suis pas favorable à ce qu’on taxe de nouveau l’avion », a déclaré Philippe Tabarot ce 11 juillet 2025, invité de Franceinfo. Pour le ministre des Transports, le seuil de tolérance fiscale est atteint. Ces deux dernières années, le secteur aérien a été « taxé de manière assez significative », rappelle-t-il, et de nouvelles mesures pourraient provoquer, selon ses termes, « un ralentissement de l’activité économique de notre pays ».
À quelques mois du budget 2026, l’équation budgétaire est tendue : l’exécutif doit trouver 40 milliards d’euros d’économies. Mais pour Tabarot, cette priorité ne doit pas écraser la compétitivité d’un secteur qu’il estime déjà fragilisé.

Le ministre pointe un signal inquiétant : « un risque de décrochage » du trafic aérien en France par rapport à des pays comme l’Espagne, l’Italie ou le Portugal. Tandis que la fréquentation reste « stable » dans l’Hexagone, nos voisins enregistrent des hausses comprises entre 6 et 7 %.
L’an dernier, la taxe de solidarité sur les billets d’avion a été relevée pour générer quelque 800 millions d’euros. Montant désormais en vigueur : 7,40 euros pour un vol court-courrier en classe économique, jusqu’à 40 euros pour un vol long-courrier en classe supérieure. Pour Tabarot, cette fiscalité a « probablement un peu ralenti l’attractivité de notre pays ».

Des mesures fiscales à contretemps, selon le ministre

Certaines des pistes étudiées à Bercy pour 2026 font bondir le ministre. Parmi elles : une taxe sur le kérosène ou un doublement de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) pour les vols intérieurs, qui passerait de 10 % à 20 %. De telles mesures représenteraient, selon lui, un nouveau fardeau pour le secteur aérien. « Ces taxes supplémentaires vont être contre-productives », insiste-t-il. En mars 2025 déjà, il se disait personnellement « réservé » à l’idée de maintenir la hausse des taxes dans la durée. Il appelle à « être vraiment vigilant » sur l’impact à moyen terme de cette fiscalité, notamment pour les compagnies aériennes qui, selon lui, commencent déjà « à quitter notre pays ».

Tabarot pose une autre condition : que les recettes générées par les taxes sur le transport aérien reviennent intégralement au secteur. « Aujourd’hui, le fléchage ne se fait pas automatiquement », regrette-t-il. Pour le ministre, il est urgent de « redonner compétitivité et lisibilité » à une industrie qui « rayonne au niveau mondial », référence explicite au géant Airbus.
Le président de la République Emmanuel Macron avait lui-même souligné le 20 juin 2025, au salon du Bourget, la nécessité de préserver cette force stratégique. Dans le même sens, le PDG du Groupe ADP, Philippe Pascal, plaidait récemment que « le fait de moins nous taxer fera rentrer plus de recettes fiscales à l’État », via une augmentation du trafic.

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Étudiant en école de journalisme. Journaliste chez Économie Matin de 2023 à 2025.

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