La Banque de France a puisé dans ses réserves pour éviter d’être dans le rouge

En 2023, la Banque de France a affiché un résultat net à l’équilibre, tout en ayant recours à une part substantielle de ses réserves pour pallier un déficit opérationnel conséquent, lié à sa stratégie de hausse des taux. Cette situation n’est pas courante pour les banques centrales mondiales.

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Par Aurélien Delacroix Publié le 18 mars 2024 à 14h00

La Banque de France a révélé avoir puisé 12,4 milliards d'euros dans ses réserves l'an dernier pour compenser un déficit opérationnel de même ampleur, conséquence directe de sa politique de hausse des taux d'intérêt initiée à l'été 2022. Cette mesure, bien que nécessaire pour contrer l'inflation exacerbée par le conflit en Ukraine et les répercussions économiques post-pandémie, a engendré un déséquilibre financier notable.

La gestion délicate d'une stratégie coûteuse

La rémunération accrue des dépôts bancaires, combinée à des revenus d'intérêts réduits sur les titres détenus, a culminé en une charge financière inédite pour la Banque de France.

La situation actuelle rappelle celle de 2003, marquant la dernière occurrence d'une perte opérationnelle pour l'institution. Ce phénomène, bien que contre-intuitif pour une banque centrale, s'explique par les obligations nouvelles imposées par la hausse des taux et l'impossibilité de renouveler les titres peu rentables acquis en période de bas taux.

François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, a souligné que l'orientation de la politique monétaire, dictée par la Banque Centrale Européenne (BCE), ne vise pas la maximisation des résultats financiers mais plutôt la stabilité des prix. Malgré les déficits opérationnels, la Banque de France assure sa solidité financière, disposant de réserves jugées « significatives et suffisantes ».

La solidité financière de la Banque de France

Cet équilibre précaire reflète une réalité partagée par plusieurs grandes banques centrales mondiales, confrontées à des pertes similaires pour l'exercice 2023. De la Réserve Fédérale américaine à la Banque Nationale Suisse, le spectre des déficits opérationnels s'étend, accentuant les incertitudes quant à l'avenir financier de ces institutions.

La situation financière des banques centrales, bien qu'instable, semble contenue pour le moment. La Banque de France, à l'instar de ses homologues internationales, prévoit un avenir où les bénéfices devraient se redresser, bien que l'échéance et les modalités restent indéterminées. La gestion prudente des réserves et la capacité à maintenir une politique monétaire efficace malgré les pertes opérationnelles témoignent de la robustesse et de la résilience de ces institutions face aux turbulences économiques.

Si 2023 a été une année de gestion financière difficile pour la Banque de France, l’institution tient les cordons de la bourse bien serrés avec l’objectif de garder les prix stables. Y compris au prix de sacrifices financiers temporaires.

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De formation économiste, Aurélien s'est spécialisé dans le domaine de la technologie, plus particulièrement dans l'émergence de l'intelligence artificielle et ses implications sociétales.

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