Bayrou dépense 12.000 euros pour donner 25.000 euros à Mayotte

A peine nommé, et déjà critiqué : François Bayrou, nouveau Premier ministre, est au centre d’une première polémique pour son premier déplacement. En cause : un vol de courte durée ayant coûté très cher au contribuable… le tout pour voter une aide nécessaire à cause du changement climatique.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 17 décembre 2024 à 6h23
Bayrou dépense 12.000 euros pour donner 25.000 euros pour Mayotte
Bayrou dépense 12.000 euros pour donner 25.000 euros pour Mayotte - © Economie Matin
2020 personnes sont mortes lors du cyclone Chido à Mayotte.

La polémique enfle et François Bayrou est au cœur de la tempête. En prenant un jet privé à 12 000 euros pour un trajet de 52 minutes afin de présider un conseil municipal à Pau, le Premier ministre a réussi l’exploit de déclencher une vague de critiques incendiaires. À l'heure où les Français serrent la ceinture, ce vol en Falcon 7X résonne comme une provocation économique et écologique.

François Bayrou : un aller-retour à Pau en avion en pleine crise climatique

Un chiffre résume la controverse : 12 000 euros, la facture estimée pour ce court vol Paris-Pau. Ce montant, révélé par des élus de gauche, a de quoi donner des sueurs froides. Pendant que l'État et les collectivités prônent la sobriété budgétaire, François Bayrou fait décoller un jet Dassault Falcon 7X pour couvrir les 800 kilomètres entre Paris et Pau. À cela s’ajoute la consommation de 800 kg de carburant pour un trajet qui apparaît totalement superflu. Il se rendait en effet dans la ville où il est maire (et compte le rester malgré son mandat à Matignon) pour le vote d’une aide d’urgence après la catastrophe à Mayotte. Et d'autres points qui nécessitaient absolument sa présence comme le règlement intérieur des piscines ou encore le prix de certains billets.

Le conseil municipal de Pau, on peut l’imaginer, aurait voté de toute manière une aide de 25 000 euros pour Mayotte, frappée par le cyclone Chido ayant laissé derrière lui une devastation totale, plusieurs dizaines de morts et des centaines de disparus. Ironie cruelle : alors que Bayrou invoque des impératifs d’agenda et de sécurité, la moitié du coût de son vol privé aurait presque suffi à doubler cette aide d’urgence. La symbolique est désastreuse.

Bayrou rate une réunion d’urgence sur la crise à Mayotte

François Bayrou n’est pas le premier membre du gouvernement à céder à la facilité des avions privés. En 2023, Élisabeth Borne et Gabriel Attal avaient déjà suscité un tollé pour un vol Paris-Rennes. Pourtant, les textes sont clairs : les vols intérieurs sont interdits lorsqu’une alternative en train existe en moins de 2h30. Mais les membres du gouvernement y échappent, s’abritant derrière des excuses classiques : sécurité, contrainte de temps et agenda surchargé. Dans le cas de ce vol, toutefois, le Premier ministre n’a pas dérogé à la règle : Paris-Pau, en train, ça prend plus de 4 heures.

Ce qui a surtout alimenté la polémique c’est que pour voter cette aide d’urgence pour Mayotte, le Premier ministre a manqué… une réunion d’urgence sur Mayotte ! Il n’y a assisté qu’à distance. Ce manque de cohérence concernant l’urgence environnementale nourrit un sentiment de déconnexion entre les dirigeants et les citoyens. En 2023, les émissions de CO₂ dues aux transports aériens représentaient 2,5 % des émissions mondiales. À l’heure où l’urgence climatique mobilise les citoyens, François Bayrou signe un faux départ médiatique.

Les critiques fusent, François Bayrou tente l’excuse

Les critiques ne se sont pas fait attendre, notamment du côté de La France Insoumise. Le député Sébastien Delogu dénonce un comportement indécent : « Coût estimé pour 2 heures de vol ≈ 12.000 euros, sans compter le coût de la sécurité et de l’équipe qui l’accompagnent »

Quant à Clémence Guetté, vice-présidente de l’Assemblée nationale, elle attaque frontalement :

Invité sur BFMTV, François Bayrou a tenté de se défendre : « Je n’abuse jamais des moyens de l’État. Les ministres, Premiers ministres et présidents de la République sont accompagné par des services de sécurité ». Mais si la présence de la sécurité justifie potentiellement l’usage du jet privé, la polémique reste entière. Ces arguments peinent à convaincre. Le coût exorbitant d’un vol aussi court s’oppose à l’image d’un gouvernement responsable et soucieux des finances publiques. En se justifiant maladroitement, François Bayrou semble oublier que l’image compte autant que les faits.

Cette affaire est symptomatique d’un fossé grandissant entre les citoyens et leurs élus. La rigueur budgétaire et l’exemplarité écologique ne peuvent pas être des slogans vides. Quand 12 000 euros s’envolent pour 52 minutes, et que dans le même temps, des hôpitaux, écoles et infrastructures publiques manquent de moyens, l’incompréhension devient colère.

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Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint Après son Master de Philosophie, s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

1 commentaire on «Bayrou dépense 12.000 euros pour donner 25.000 euros à Mayotte»

  • villoteau

    Faudrait lui expliquer qu’il existe la viso conférence , ca éviterait de fatiguer ce pauvre jet -)

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