Banque : La BCE baisse ses taux, mais jusqu’où ira-t-elle ?

Les temps changent, et la Banque centrale européenne semble bien décidée à soutenir une économie européenne encore fragile. Mais cette nouvelle baisse des taux suffira-t-elle à relancer l’investissement et la consommation ? Rien n’est moins sûr.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Publié le 31 janvier 2025 à 6h00
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Banque : La BCE baisse ses taux, mais jusqu’où ira-t-elle ? - © Economie Matin
2%La BCE a pour objectif une inflation de 2%

Le 30 janvier 2025, la Banque centrale européenne (BCE) a annoncé une nouvelle réduction de son principal taux directeur, abaissant le taux de dépôt à 2,75 %. Cette cinquième baisse consécutive vise à accompagner le retour de l’inflation vers la cible des 2 %, mais elle suscite également des interrogations. Si les marchés anticipaient largement cette décision, ses effets restent incertains, notamment sur les taux d’intérêt des crédits immobiliers et la dynamique économique en zone euro.

La BCE se lance dans un assouplissement monétaire inévitable

Depuis juin 2024, la BCE a enclenché une politique monétaire plus accommodante, réduisant progressivement ses taux pour soutenir une économie européenne en berne. Cette baisse de 125 points de base en moins d’un an marque un tournant après plusieurs mois d’inflation galopante.

Évolution des taux directeurs de la BCE (2024-2025)

Date Taux de dépôt Taux de refinancement Taux de prêt marginal
Juin 2024 4,00 % 4,25 % 4,50 %
Septembre 2024 3,50 % 3,75 % 4,00 %
Novembre 2024 3,00 % 3,25 % 3,50 %
Janvier 2025 2,75 % 2,90 % 3,15 %
Projection mars 2025 2,50 % ? 2,65 % ? 2,90 % ?

Vers un taux neutre ? Selon les analystes, la BCE pourrait continuer sur cette trajectoire et ramener son taux de dépôt autour de 2 % d’ici l’été, un niveau considéré comme « neutre », c’est-à-dire ni trop restrictif ni trop accommodant.

Baisse des taux de la BCE : Les conséquences sur l’économie et l’inflation

Christine Lagarde, présidente de la BCE, a affirmé que « le processus de désinflation est en bonne voie », mais les derniers chiffres de l’inflation soulèvent des doutes. En décembre 2024, la hausse des prix s’est établie à 2,4 %, contre 2,2 % en novembre et 2 % en octobre. Cette tendance laisse planer le risque d’un rebond inflationniste.

Par ailleurs, l’économie européenne montre des signes de faiblesse. En fin d’année 2024, la croissance a stagné, plombée par les difficultés économiques en Allemagne et en France. Ces éléments justifient la stratégie de la BCE, mais rendent son efficacité incertaine.

Un élément perturbateur : les États-Unis
Les incertitudes autour des politiques économiques de Donald Trump compliquent les perspectives. La guerre commerciale avec la Chine et l’Europe pourrait entraîner une nouvelle vague inflationniste, poussant la BCE à revoir sa trajectoire.

Crédit immobilier : des taux en baisse… mais jusqu’à quand ?

Alors que la BCE poursuit son assouplissement monétaire, une question se pose : cette baisse des taux va-t-elle vraiment profiter aux emprunteurs ? Rien n’est moins sûr.

Les banques ne dépendent pas uniquement de la BCE
Selon Maël Bernier, directrice de la communication de Meilleurtaux interrogée par Capital : « Les banques se financent en réalité assez peu auprès de la BCE, mais plutôt sur les marchés financiers. »

En effet, le taux des Obligations Assimilables du Trésor (OAT) à 10 ans joue un rôle majeur dans la fixation des taux de crédit immobilier. Or, depuis le début de l’année 2025, ce taux est en hausse, atteignant 3,30 %. Résultat ? Certaines banques ont déjà annoncé des hausses de 0,17 point sur leurs crédits immobiliers.

Évolution des taux de crédit immobilier (2022-2025)

Période Taux moyen sur 20 ans
Début 2022 1,00 %
Fin 2023 4,50 %
Janvier 2024 4,00 %
Janvier 2025 3,30 %
Février 2025 (prévision) Légère hausse à prévoir

Crédit immobilier : le retour de la hausse des taux ?
Si la BCE continue de baisser ses taux, cela ne garantit pas une poursuite de la baisse des taux de crédit immobilier. La remontée des rendements obligataires et les tensions économiques pourraient inciter les banques à relever leurs barèmes en février et mars 2025.

Politique monétaire : la BCE au pied du mur

La nouvelle baisse des taux directeurs marque une volonté claire de relancer l’économie et de stabiliser l’inflation. Cependant, son efficacité reste en suspens face à la conjoncture mondiale incertaine et aux dynamiques spécifiques du secteur bancaire. Si les taux immobiliers ont fortement reculé en 2024, la tendance pourrait s’inverser plus tôt que prévu.

La réunion du 6 mars 2025 sera donc un moment clé. La BCE prendra-t-elle le risque d’aller encore plus loin en ramenant son taux de dépôt à 2,5 % ? Ou cédera-t-elle à la prudence face aux risques inflationnistes et aux tensions économiques internationales ?

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Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint Après son Master de Philosophie, s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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