Bloquons Tout : un mouvement soutenu par la moitié des Français

À quelques heures du vote de confiance et à moins de 72 heures de la mobilisation du 10 septembre, un sondage Ipsos-BVA-CESI révèle qu’une large partie des citoyens se disent favorables à cette contestation.

Paolo Garoscio
By Paolo Garoscio Published on 8 septembre 2025 5h19
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rejet-nfp-gauche-appel-manifestation-macron - © Economie Matin
51%51% des retraités sont contre la mobilisation du 10 seotembre 2025

Réalisée les 3 et 4 septembre 2025 auprès d’un millier de Français représentatifs, l’enquête publiée le 6 septembre par Ipsos-BVA-CESI pour La Tribune Dimanche montre que 46 % des citoyens soutiennent la contestation prévue le mercredi 10 septembre surnommé « Bloquons Tout ». Une mobilisation citoyenne qui s’annonce comme un coup d’essai pour la grève nationale déjà prévue huit jours plus tard, cette fois avec la mobilisation de la majorité des syndicats.

Bloquons Tout : 46 % des Français soutiennent le mouvement

Le sondage confirme que la contestation divise la société. Si 46 % des Français soutiennent le mouvement, 28 % s’y opposent et 26 % se déclarent indifférents, selon Ipsos. Le clivage est d’abord politique : 73 % des sympathisants de La France Insoumise, 67 % des écologistes et 61 % des électeurs socialistes affichent leur soutien, quand seulement 30 % des partisans de la majorité présidentielle s’y reconnaissent. Du côté du Rassemblement national, 58 % se disent favorables.

La fracture générationnelle est tout aussi nette. Les moins de 35 ans et les 35–59 ans se montrent majoritairement favorables, respectivement à 51 % et 53 %. En revanche, seuls 35 % des plus de 60 ans expriment un soutien. Les retraités apparaissent particulièrement réticents : 51 % se disent opposés, contre seulement 32 % favorables.

La gauche y croit, la droite espère le « pschitt »

Interrogés sur le destin de la mobilisation, 53 % estiment qu’elle sera peu suivie et sans lendemain, tandis que 47 % la jugent importante et durable. Ce contraste reflète une forte polarisation politique. Les sympathisants de La France Insoumise (69 %) et des écologistes (67 %) anticipent un mouvement appelé à durer, rappelant l’onde de choc des « Gilets jaunes ». À l’inverse, 70 % des électeurs proches de la majorité présidentielle et 77 % des Républicains le considèrent comme voué à s’essouffler rapidement.

Cette perception conditionne la mobilisation elle-même. Selon BFM TV, le collectif « Bloquons tout » qui appelle à l’action reste structuré de façon horizontale, sans leader identifié. Né sur Internet en juillet 2025, il revendique à la fois une amélioration du pouvoir d’achat, une réforme fiscale et un nouveau souffle démocratique. Ce caractère diffus alimente les incertitudes sur sa capacité à s’inscrire dans la durée. Mais le gouvernement garde en tête le mouvement des Gilets Jaunes de 2018 qui, bien qu’également désorganisé, avait réussi à mobiliser massivement et durant des semaines entières. Certains irréductibles continuent d’ailleurs de manifester régulièrement dans les villes de France encore en 2025.

Pouvoir d’achat, déficit… ce qui inquiète les Français

Au-delà de l’échéance immédiate du 10 septembre, l’enquête Ipsos éclaire les ressorts sociaux de la contestation. Pour 51 % des Français, la baisse du pouvoir d’achat constitue le premier moteur de la mobilisation. Viennent ensuite le plan d’austérité de François Bayrou sur la réduction du déficit (47 %) et l’hostilité à Emmanuel Macron et à François Bayrou (43 %). Le rejet de la population dépasse la seule question économique pour toucher à la confiance envers les institutions et à la classe politique en général.

À cela s’ajoutent des revendications liées à l’éloignement entre élites et population (40 %) et au poids de la fiscalité (35 %). Enfin, certains sondés évoquent la volonté de davantage de justice sociale ou d’un système démocratique plus participatif.

Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint. Après son Master de Philosophie, il s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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