L’avionneur américain Boeing a enregistré une perte colossale de 11,8 milliards de dollars en 2024, la plus lourde depuis 2020. Entre ralentissement de la production, grève des ouvriers et problèmes techniques, le groupe tente de retrouver un équilibre. Malgré ces difficultés, Boeing ambitionne de redresser sa production en 2025.
Boeing : des pertes record, qu’est-ce qui se passe ?

Des résultats financiers alarmants et une production en difficulté
L’année 2024 a été particulièrement difficile pour Boeing, dont les derniers résultats financiers annuels, qui viennent d’être dévoilés, sont marqués par une perte nette de 11,8 milliards de dollars. Ce chiffre témoigne d’une aggravation de la situation par rapport à 2023, où la société avait déjà subi des pertes importantes. Le chiffre d’affaires annuel du constructeur aéronautique a chuté de 14,5%, s’établissant à 66,5 milliards de dollars. Au quatrième trimestre 2024, Boeing a affiché un déficit de 3,86 milliards de dollars, un résultat largement inférieur aux attentes des analystes. La trésorerie de l’entreprise a été mise à rude épreuve, avec un « cash burn » de 4,1 milliards de dollars sur la période.
Une grande partie de ces pertes s’explique par la grève des machinistes du syndicat IAM, qui a fortement perturbé la production. Ce mouvement social, qui a duré sept semaines, a touché les programmes de fabrication des avions 737, 767 et 777/777X, impactant directement le volume des livraisons. La grève s’est soldée par un accord prévoyant une augmentation de salaire de 44% sur quatre ans pour les salariés concernés. En parallèle, Boeing a dû faire face à une baisse de 34% de ses livraisons commerciales par rapport à 2023, ne parvenant à livrer que 348 avions sur l’ensemble de l’année.
Une stratégie de relance encadrée par des contraintes réglementaires et financières
Malgré cette situation critique, Boeing prévoit d’augmenter la cadence de production de ses modèles phares en 2025. L’entreprise souhaite notamment porter la production du 737 à 38 unités par mois, un objectif encore conditionné à l’approbation de la Federal Aviation Administration (FAA). Pour le 787, actuellement produit à un rythme de cinq unités par mois, une hausse à sept unités est envisagée dans les prochains mois. Toutefois, la société reste sous surveillance étroite des régulateurs après plusieurs incidents ayant soulevé des inquiétudes sur la qualité et la sécurité de ses avions.
Boeing explore également des mesures de restructuration pour améliorer sa situation financière. Son PDG, Kelly Ortberg, a évoqué la possibilité de céder certaines activités jugées non essentielles, notamment dans la division Défense et Espace. L’entreprise cherche aussi à réduire ses stocks massifs, qui s’élèvent à 87,5 milliards de dollars, et à restaurer un flux de trésorerie plus stable. Enfin, Boeing mise sur une amélioration de ses chaînes d’approvisionnement et de ses capacités industrielles pour éviter de nouvelles perturbations et sécuriser ses objectifs de production.