Bougies parfumées : un parfum qui empoisonne l’air intérieur

Longtemps perçues comme de simples accessoires de décoration, les bougies parfumées font désormais l’objet d’une vigilance accrue. Leur combustion libère en effet des particules et des gaz invisibles mais nocifs. Santé, maison et pollution intérieure s’entremêlent dans un débat devenu brûlant.

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By Adélaïde Motte Published on 26 septembre 2025 10h45
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Bougies parfumées : un parfum qui empoisonne l’air intérieur - © Economie Matin

Depuis le 25 septembre 2025, l’alerte lancée par 60 Millions de consommateurs a suscité un large débat. Les tests réalisés sur plusieurs gammes de bougies parfumées révèlent des émissions de composés organiques volatils (COV), de microparticules et de gaz de combustion. Ces résultats confirment les avertissements déjà formulés par l’Agence de la transition écologique (Ademe) et le ministère de l’Écologie.

Dans la maison, allumer une bougie parfumée crée une atmosphère chaleureuse, mais les substances dégagées ne sont pas anodines. Les chercheurs identifient notamment du formaldéhyde, de l’acétaldéhyde et du toluène, des molécules connues pour leur caractère irritant et parfois cancérigène. Même après extinction, les émissions peuvent se prolonger, soulignant la complexité de cette pollution invisible.

Des chiffres qui alertent les autorités

Les mesures réalisées sont frappantes. Les concentrations maximales en oxydes d’azote lors de la combustion atteignent 49 à 142 µg/m³, soit des niveaux comparables à ceux de la circulation routière en milieu urbain. Pour le benzène, reconnu cancérigène, les bougies parfumées testées émettent entre 1,5 et 2 µg/m³. Ces valeurs ne suffisent pas à provoquer une intoxication immédiate, mais l’exposition chronique interroge les toxicologues.

« Du poison dans nos maisons », résume le magazine spécialisé, rappelant que les encens libèrent encore davantage de polluants. Les bougies parfumées restent, selon les experts, « globalement moins problématiques… mais pas complètement anodins ». Ces propos mettent en lumière la frontière ténue entre plaisir olfactif et danger sanitaire.

Polluants invisibles et risques pour la santé

Le formaldéhyde, classé cancérigène avéré, peut être libéré à des concentrations dépassant les repères sanitaires établis par l’Anses. Les particules ultrafines (< 100 nanomètres) issues de la combustion pénètrent profondément dans les voies respiratoires. « Les encens et les bougies parfumées libèrent énormément de particules fines de combustion », souligne le Dr Christophe Marcot, interrogé sur les risques respiratoires.

Ces polluants ne se limitent pas aux atteintes pulmonaires. Des substances comme le limonène, souvent présent dans les arômes, peuvent générer des irritations ou des réactions allergiques. Des phtalates, classés perturbateurs endocriniens, sont également identifiés par des associations de consommateurs. Le constat est clair : l’air intérieur, pourtant perçu comme refuge, se trouve contaminé par ces émanations invisibles.

Comment limiter l’exposition sans renoncer à ses bougies parfumées

Faut-il bannir totalement les bougies parfumées de la maison ? Les études officielles nuancent la réponse. Le projet EBENE du ministère de l’Écologie conclut qu’« aucune situation préoccupante n’est attendue pour des usages domestiques modérés ». Les risques apparaissent surtout dans les cas d’utilisation intensive, en espaces clos et mal ventilés.

Pour concilier ambiance et santé, plusieurs précautions s’imposent. Il est recommandé de privilégier les bougies sans additifs synthétiques, de les allumer sur une terrasse ou près d’une fenêtre ouverte, et d’éviter les combustions prolongées. La ventilation régulière des pièces reste le moyen le plus efficace pour réduire l’accumulation de particules et de COV. Autrement dit, il ne s’agit pas de jeter ses bougies, mais d’apprendre à les utiliser avec discernement.

Un marché sous pression face aux nouvelles attentes

Au-delà de la santé, la polémique autour des bougies parfumées a un impact économique tangible. En France, les importations de bougies représentent près de 173 millions d’euros par an, selon Eurostat. Les marques, conscientes du risque d’image, investissent désormais dans des gammes « plus propres » mettant en avant des cires végétales ou des mèches sans plomb, pour rassurer les consommateurs soucieux de pollution intérieure.

Cette évolution s’accompagne d’un changement des habitudes d’achat. De plus en plus de foyers privilégient les produits artisanaux, souvent vendus en circuits courts, au détriment des grandes enseignes. Les associations de défense des consommateurs et les autorités sanitaires poussent à davantage de transparence sur la composition. La maison reste un lieu de confort et de convivialité, mais le parfum d’ambiance ne peut plus ignorer les impératifs de santé publique.

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Diplômée en géopolitique, Adélaïde a travaillé comme chargée d'études dans un think-tank avant de rejoindre Economie Matin en 2023.

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