Changement climatique : 900.000 morts et 4.500 milliards de pertes en 30 ans

Le Climate Risk Index 2026 dévoile une nouvelle fois l’ampleur des dégâts causés par le changement climatique : plus de 832 000 morts et 4 500 milliards de dollars de pertes économiques directes entre 1995 et 2024. Les pays du Sud, mais aussi les économies développées, paient le prix croissant d’un climat déréglé.

Paolo Garoscio
By Paolo Garoscio Published on 12 novembre 2025 6h09
rechauffement climatique, record, température, monde, juillet 2024, terre, danger, climat
rechauffement climatique, record, température, monde, juillet 2024, terre, danger, climat - © Economie Matin
58%Les tempêtes causent 58 % des pertes économiques mondiales

Publié en novembre 2025 par l’ONG allemande Germanwatch, le Climate Risk Index 2026 (CRI 2026) dresse un état des lieux glaçant des effets du changement climatique sur l’économie et la vie humaine. Basé sur les données officielles de l’EM-DAT, de la Banque mondiale et du FMI, ce rapport analyse près de trente ans de catastrophes naturelles. Il mesure le risque climatique subi par chaque pays à travers le nombre de décès, de personnes affectées et les pertes économiques causées par les tempêtes, inondations, sécheresses ou vagues de chaleur. Le constat est sans appel : la multiplication des phénomènes extrêmes pèse déjà lourdement sur les sociétés et les finances publiques du monde entier.

Changement climatique : près de 900.000 morts en 30 ans

Le rapport souligne que, de 1995 à 2024, le monde a subi plus de 9 700 événements climatiques extrêmes, provoquant 832 000 décès et des pertes économiques directes dépassant 4 500 milliards de dollars (ajustées de l’inflation). Selon les auteurs Lina Adil, David Eckstein, Vera Künzel et Laura Schäfer, « le coût humain et financier du dérèglement climatique constitue désormais un fardeau structurel pour l’économie mondiale ».

Parmi ces catastrophes, les tempêtes et les vagues de chaleur représentent chacune 33 % des décès recensés, tandis que les inondations touchent à elles seules 48 % des populations affectées. En termes de coût, les tempêtes causent 58 % des pertes économiques mondiales, soit environ 2 640 milliards de dollars.

Le Climate Risk Index 2026 révèle également que les pays du Sud subissent les impacts les plus sévères : huit des dix pays les plus touchés en 2024 appartiennent aux catégories à faibles ou moyens revenus. Aucun pays à haut revenu ne figure parmi les dix plus affectés sur les trente dernières années. Les auteurs précisent en effet que ces pays « disposent de capacités d’adaptation et de résilience considérablement plus faibles ».

À l’échelle mondiale, le changement climatique agit comme un amplificateur de risques : il intensifie les phénomènes El Niño et multiplie les situations dangereuses. En 2024, il aurait ajouté 41 jours de chaleur extrême supplémentaires pour des milliards d’individus, selon le rapport, aggravant les sécheresses, ouragans et incendies. L’été 2024 a d’ailleurs été le plus chaud jamais enregistré, avec plus de deux milliards de personnes exposées à plus de trente jours de chaleur « dangereuse », détaille Climate Central.

Les pays les plus touchés : du cyclone Daniel à l’ouragan Beryl, la carte mondiale du risque climatique

Entre 1995 et 2024, les pays les plus affectés sont la Dominique, le Myanmar et le Honduras. Ces nations illustrent à la fois la brutalité et la répétition des catastrophes.

  • En Dominique, sept cyclones ont frappé en trente ans, causant environ 3 milliards de dollars de pertes et 110 000 personnes affectées. L’ouragan Maria, en 2017, a détruit l’équivalent de 270 % du PIB national.
  • Le Myanmar, souvent victime de cyclones et d’inondations, a subi 55 événements extrêmes, 141 000 morts et 9 millions de personnes touchées, pour 8,6 milliards de dollars de dommages.
  • Au Honduras, 60 catastrophes ont provoqué 15 000 morts et 12,5 millions de personnes affectées, avec des pertes de 8 milliards de dollars

Le rapport souligne également le cas dramatique de la Libye, frappée en 2023 par le cyclone Daniel, responsable de 13 200 morts et de 6 milliards de dollars de dégâts. Ce seul événement a concentré presque toutes les pertes climatiques du pays sur trois décennies.

Pour l’année 2024, le classement est dominé par Saint-Vincent-et-les Grenadines, Grenade et le Tchad. L’ouragan Beryl, en juillet 2024, a détruit 98 % des bâtiments de l’île de Mayreau et provoqué des pertes équivalentes à près de 20 % du PIB national. Au Tchad, des inondations massives ont tué 576 personnes, détruit 218 000 maisons et causé 380 millions de dollars de dégâts.

Le rapport mentionne aussi des catastrophes marquantes :
– En Papouasie-Nouvelle-Guinée, un glissement de terrain a causé 670 morts et 60 millions de dollars de pertes ;
– Au Niger, les pluies torrentielles ont tué 396 personnes et coûté 225 millions de dollars ;
– Au Vietnam, le typhon Yagi a engendré 345 morts et 2 milliards de dollars de dommages.

Tous ces événements confirment que le changement climatique crée un risque systémique : il combine pertes humaines, coûts économiques et vulnérabilités sociales dans des pays où les capacités d’adaptation sont souvent insuffisantes.

La France : un pays en alerte face au coût croissant du climat

Si la France ne figure pas parmi les dix pays les plus affectés du classement global, le Climate Risk Index 2026 rappelle que « tous les pays sont touchés ». Les risques climatiques n’épargnent pas l’Europe, et encore moins les nations tempérées : sécheresses, tempêtes et canicules y deviennent plus fréquentes. En 2024, l’été le plus chaud jamais enregistré a également concerné l’Hexagone, avec des impacts économiques tangibles.

Selon les données agrégées par Germanwatch, les pays industrialisés comme la France sont confrontés à une hausse continue du coût des dommages assurés : inondations et sécheresses successives fragilisent les infrastructures et pèsent sur l’agriculture. Le rapport évoque des pertes économiques qui, pour certaines petites îles, dépassent la moitié du PIB ; un scénario que les économistes français jugent désormais plausible en cas de catastrophe majeure.

Au-delà des chiffres, le changement climatique affecte la vie quotidienne : hausse des prix alimentaires, stress hydrique, tensions sur l’énergie et sur les budgets publics dédiés à la reconstruction. L’Hexagone, même avec une meilleure capacité d’adaptation, n’échappe pas au risque climatique global qui redessine déjà les équilibres économiques mondiaux.

Classement des pays les plus affectés par les événements climatiques (1995–2024)

Rang Pays Nombre d’événements Décès (estimation) Personnes affectées Pertes économiques totales (USD) Événement(s) marquant(s)
1 Dominique 7 ≈ 100 110 000 3 milliards Ouragan Maria (2017) – pertes = 270 % du PIB
2 Myanmar 55 141 000 9 millions 8,6 milliards Cyclone Nargis (2008) – 140 000 morts
3 Honduras 60 15 000 12,5 millions 8 milliards Ouragan Mitch (1998) – 14 000 morts
4 Libye 1 (majeur) 13 200 1,6 million 6 milliards Cyclone Daniel (2023)
5 Haïti 91 8 000 9 millions 4 milliards Ouragan Matthew (2016)
6 Grenade 7 50 225 000 1,8 milliard Ouragan Ivan (2004), Beryl (2024)
7 Philippines 371 27 500 230 millions 35 milliards Typhon Haiyan (2013)
8 Nicaragua 50 3 800 4 millions 3,2 milliards Ouragan Mitch (1998), Iota & Eta
9 Chine 600 + 42 000 N/D 706 milliards Inondations 1998 et 2016, typhons
10 Inde 430 80 000 1,3 milliard 170 milliards Cyclone Amphan (2020), vagues de chaleur

 Classement des pays les plus touchés pour l’année 2024

Rang Pays Décès Personnes affectées Pertes économiques (USD) Événement principal
1 Saint-Vincent-et-les-Grenadines 8 40 000 + 230 millions (≈ 20 % PIB) Ouragan Beryl (2024)
2 Grenade N/D 12 000 + 218 millions (≈ 16 % PIB) Ouragan Beryl (2024), sécheresse
3 Tchad 576 2 millions 380 millions Inondations (2024)
4 Papouasie-Nouvelle-Guinée 670 1 250 déplacés 60 millions Glissement de terrain (mai 2024)
5 Niger 396 1,5 million 225 millions Inondations (2024)
6 Népal 268 2,6 millions 338 millions Mousson 2024, glissements
7 Philippines 191 + 16 millions 700 millions + Six typhons (2024), canicule 53 °C
8 Malawi 30 6 millions + 400 millions Sécheresse & Cyclone Chido
9 Myanmar 800 + 3,4 millions 222 millions Typhon Yagi (2024), canicule 47 °C
10 Vietnam 345 3,6 millions 2 milliards Typhon Yagi (2024)
Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint. Après son Master de Philosophie, il s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

No comment on «Changement climatique : 900.000 morts et 4.500 milliards de pertes en 30 ans»

Leave a comment

* Required fields