Une croissance bien loin des 1% en 2025 et revue à la baisse

La Banque de France vient d’abaisser une nouvelle fois ses prévisions de croissance pour 2025. Un signal inquiétant pour l’économie française, déjà fragilisée par un environnement international incertain. Inflation, tensions commerciales, attentisme des investisseurs… Pourquoi cette révision à la baisse ?

Paolo Garoscio
By Paolo Garoscio Published on 13 mars 2025 6h05
La croissance sera bien loin des 1% en 2025 selon la Banque de France
La croissance sera bien loin des 1% en 2025 selon la Banque de France - © Economie Matin
1,3%L'inflation en 2025 devrait atteintdre 1,3%.

Le 12 mars 2025, la Banque de France a annoncé une révision de sa prévision de croissance pour 2025, ramenant le taux d’expansion du PIB à 0,7 %, contre 0,9 % dans ses précédentes estimations de décembre 2024. Ce chiffre, bien inférieur aux 1,1 % enregistrés en 2024, confirme le ralentissement de l'économie française. Selon l’institution, cette baisse est due à une conjonction de facteurs : l’incertitude économique mondiale, l’attentisme des entreprises, ainsi que la politique commerciale agressive des États-Unis sous la présidence de Donald Trump.

Croissance en France : un ralentissement plus marqué que prévu : pourquoi ?

D’après les projections mises à jour, la croissance française ralentira non seulement en 2025, mais également en 2026, où la Banque de France table désormais sur 1,2 % de croissance (contre 1,3 % auparavant). L’année 2027, quant à elle, reste inchangée à 1,3 %.

Année Prévision de croissance précédente Nouvelle prévision
2024 1,1 % Inchangée
2025 0,9 % 0,7 %
2026 1,3 % 1,2 %
2027 1,3 % Inchangée

Selon Olivier Garnier, directeur général de la Banque de France, ce ralentissement s’explique avant tout par « le regain d’incertitude au niveau international et par des comportements toujours attentistes face à la situation nationale ». En clair, l’instabilité géopolitique et les tensions commerciales ont largement contribué à refroidir l’enthousiasme des investisseurs.

Le poids des tensions commerciales

Un facteur clé dans cette révision est la politique commerciale agressive des États-Unis. Donald Trump, fraîchement réélu, a multiplié les hausses de droits de douane, notamment sur les produits chinois et européens. Ces mesures protectionnistes freinent les exportations françaises et alimentent les craintes d’un ralentissement économique global.

« Les décisions commerciales américaines pourraient diminuer le PIB de la zone euro de 0,3 % d’ici un à deux ans », estime la Banque de France. Si la France est un peu moins exposée que d’autres pays européens (seulement 1,6 % du PIB dépend des exportations vers les États-Unis, contre 3 % pour l’Italie et 4 % pour l’Allemagne), l’impact reste non négligeable.

La consommation : un espoir du côté des ménages ?

Face à l’essoufflement des exportations et de l’investissement, la Banque de France mise sur la consommation des ménages pour maintenir un minimum de dynamisme économique. Selon ses projections, la consommation devrait progresser de 1 % en 2025, grâce notamment à une légère amélioration du pouvoir d’achat.

Les raisons ?

  • Une inflation en baisse, qui devrait s’établir à 1,3 % en moyenne sur l’année 2025, contre 2,3 % en 2024.
  • Une hausse modérée des salaires, qui permettrait aux ménages de préserver une partie de leur pouvoir d’achat.

« Malgré un environnement morose, nous écartons pour l’instant le scénario d’une récession grâce à la solidité de la consommation des ménages », précise Olivier Garnier. Cependant, ce soutien à la croissance ne suffira pas à compenser le recul des investissements et des exportations. Le marché du travail, quant à lui, pourrait être affecté, avec une croissance économique trop faible pour générer une dynamique forte de création d’emplois.

Croissance : quels risques pour la suite ?

L’annonce de cette révision de croissance arrive à un moment critique pour les finances publiques françaises. Le gouvernement, qui tablait sur 0,9 % de croissance pour boucler son budget, devra peut-être revoir ses calculs.

D’après la Banque de France, cette révision "ne remet pas en cause la capacité à atteindre la cible de déficit public" (actuellement fixée à 5,4 % du PIB), mais "cela peut exiger, en cours d'année, des mesures du côté des dépenses". En clair, de nouvelles coupes budgétaires ou des hausses d'impôts ne sont pas à exclure.

Croissance française : un avertissement avant la tempête ?

Si la Banque de France écarte encore le risque d’une récession, la révision de sa prévision de croissance envoie un signal clair : l’économie française est en perte de vitesse et les perspectives restent fragiles. Entre tensions internationales, incertitude budgétaire et attentisme des investisseurs, l’année 2025 s’annonce délicate. La consommation des ménages suffira-t-elle à éviter le pire ? Réponse dans les prochains mois.

Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint. Après son Master de Philosophie, il s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

No comment on «Une croissance bien loin des 1% en 2025 et revue à la baisse»

Leave a comment

* Required fields