Croissance : les mauvaises nouvelles de la Banque mondiale

Le contexte économique mondial reste incertain. Les projections de la Banque mondiale, publiées dans un rapport mardi 9 janvier 2024, sont plus que pessimistes.

Axelle Ker
Par Axelle Ker Modifié le 10 janvier 2024 à 16h37
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2,4 % La croissance mondiale devrait chuter de 2,4 % en 2024, selon la Banque mondiale.

La Banque mondiale prévoit (encore) un ralentissement de la croissance Mondiale

Dans son rapport du 9 janvier 2024, la Banque mondiale a mis en lumière une réalité économique préoccupante : l'économie mondiale est sur le point d'enregistrer sa plus faible croissance sur cinq ans depuis 30 ans. Selon ses projections, la croissance mondiale devrait chuter à 2,4 % en 2024, marquant ainsi un ralentissement de la croissance mondiale pour la troisième année consécutive. Ce ralentissement est dû à plusieurs facteurs, notamment le ralentissement des grandes économies et des conditions de financement plus difficiles. Le contexte géopolitique n'y est pas pour rien. L'inflation persistante a fait grimper les taux d'intérêt, les prix des matières premières, des transports des marchandises... L'inquiétude de la Banque mondiale se porte surtout sur le commerce mondial qui n'a pas repris son rythme pré-pandémique, et qui est particulièrement mis à mal par les attaques des houthis en mer Rouge. «Ce moteur de la croissance économique sera bien meilleur en 2024 que l’année dernière mais il ne devrait représenter que la moitié de la moyenne de la décennie passée précédant la pandémie », précise l'institution multilatérale. L'institution basée à Washington a néanmoins écarté le risque d'une récession globale.

Pour la Banque mondiale, il faut suivre la Chine qui « est le reflet de l’économie » mondiale pour mettre en perspective cette tendance. En effet, la deuxième économie mondiale subie une nette ralentissement de sa croissance qui, selon ses projections, devrait chuter de 5,2 % en 2023 à 4,5 % en 2024 et 4,3 % en 2025. Autrement dit, son niveau le plus faible depuis les années 1990. Les économies les plus développées devraient pouvoir accuser le coup, même si leur croissance devrait se situer à 1,2 % en 2024, contre 1,5 % en 2023.  Ce sont surtout les économies en développement qui seront particulièrement affectées par ce ralentissement général. L'institution projette une croissance, à seulement 3,9 %, ce qui est nettement inférieur à la moyenne de la décennie précédente. Les pays à faible revenu connaîtront quant à eux une croissance de 5,5 %. Même si ce chiffre paraît encourageant, d'après les estimations de la Banque mondiale : « À la fin de 2024, les habitants d'environ un pays en développement sur quatre et d'environ 40 % des pays à faible revenu seront toujours plus pauvres qu'ils ne l'étaient à la veille de la pandémie de COVID en 2019 ». Indermit Gill, économiste en chef de la Banque mondiale, a averti : « Faute d'un changement de cap majeur, les années 2020 resteront dans les annales comme une décennie d'opportunités gâchées. »

Le manque d'investissement dans les pays en développement

Les pays en développement comptent pour la plupart (les deux tiers) sur leurs matières premières, dont les prix, en raison du contexte international, restent très volatils. Pour améliorer la situation, la Banque mondiale suggère que les pays en développement apportent des changements pour encourager davantage d'investissements et améliorent leurs politiques budgétaires. Selon cette dernière, ils doivent augmenter leurs investissements à de près de 2 400 milliards de dollars par an pour atteindre les objectifs mondiaux de développement d'ici à 2030. Toutefois, la croissance des investissements par personne dans ces pays entre 2023 et 2024 ne devrait augmenter que de 3,7 %, ce qui est bien en deçà de celle des deux décennies précédentes.

La Banque mondiale explique que ce qui pourrait permettre à ces économies  de progresser, en plus de favoriser les échanges commerciaux, des flux financiers et de leur cadre budgétaire, serait d'atteindre une croissance de l'investissement par personne de l'ordre de 4 % pendant six ans minimum. Comme le souligne Ayhan Kose, économiste en chef adjoint de la Banque mondiale : « Les phases d'essor de l'investissement peuvent transformer les économies en développement et les aider à accélérer la transition énergétique et à atteindre un large éventail d'objectifs de développement. »

Les perspectives de croissance selon les régions pour les années 2024 - 2025 :

En Asie de l’Est et Pacifique, la croissance devrait reculer à 4,5 % en 2024, et de 4,4 % en 2025, tandis qu'en Europe et en Asie centrale, elle devrait stagner à 2,4 % en 2024 et 2,7 % en 2025. En Amérique latine et Caraïbes, la croissance est estimée à 2,3 % en 2024, et au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, elle devrait remonter à 3,5 %. En Afrique subsaharienne, la croissance devrait grimper à 3,8 % en 2024.

Axelle Ker

Diplômée en sciences politiques et relations internationales, journaliste chez Économie Matin & Politique Matin depuis septembre 2023.

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