Le Conseil d’administration de l’Unédic acte une revalorisation de 0,5 % des allocations chômage à partir du 1er juillet 2025, dans un contexte de tensions budgétaires et de réformes suspendues. Que cache cette hausse minimale ?
Chômage : une hausse infime pour 2,1 millions de demandeurs dès juillet

Un ajustement symbolique dans un régime sous pression
Le 25 juin 2025, l’Unédic a annoncé une revalorisation de 0,5 % des allocations chômage, applicable dès le 1er juillet 2025. Cette décision, prise à la majorité par le Conseil d’administration, concerne près de 2,1 millions de demandeurs d’emploi. Elle s’inscrit dans un contexte budgétaire sous haute surveillance, marqué par un déficit annoncé de 300 millions d’euros en 2025 et une dette qui pourrait culminer à 59,8 milliards d’euros, selon les prévisions de l'organisme de gestion de l’assurance chômage.
Pourquoi cette augmentation limitée à 0,5 % ? Selon l’Unédic, il s’agit de « prendre en compte à la fois la situation économique actuelle et la nécessité de préserver l’équilibre financier du régime ».
Une revalorisation technique, pas politique
Conformément à la convention du 15 novembre 2024, les administrateurs ont validé une augmentation du salaire journalier de référence (SJR), base du calcul de l’indemnité. Cette revalorisation ne s’applique que si les rémunérations ayant servi au calcul sont âgées de plus de six mois. Le relèvement des montants est précis :
- Allocation minimale : de 31,97 € à 32,13 €
- Partie fixe de l’allocation d’aide au retour à l’emploi (ARE) : 13,18 € au lieu de 13,11 €
- ARE-F (formation) : 22,99 € au lieu de 22,88 €
- Plancher dégressivité : 92,57 €, contre 92,11 € précédemment
À Mayotte, où les barèmes sont spécifiques, l’allocation minimale passe à 16,05 € et l’ARE-F à 11,51 €.
Coût global estimé : 58 millions d’euros en 2025, 81 millions en 2026.
Des effets concrets mais limités pour les chômeurs
Prenons un cas pratique. Marie, 35 ans, allocataire depuis sept mois après deux années en contrat à durée déterminée à temps plein, recevait 1 200 € en mai 2025. En juillet, avec l’ajustement de 0,5 %, elle percevra 1 206 €. Une variation à peine perceptible.
L’ajustement semble donc davantage symbolique qu’impactant. Il suscite des interrogations sur l’objectif réel : préserver le pouvoir d’achat ou préserver le budget ? Car cette mesure survient en pleine réforme du chômage suspendue et après une revalorisation bien plus significative en 2024.
Les partenaires sociaux face à leurs contradictions
Le vote majoritaire du Conseil d'administration traduit un compromis entre les organisations syndicales et patronales, tous membres de cette instance paritaire. Ce consensus intervient alors que les tensions entre équilibre financier et indemnisation des demandeurs restent vives.
La dégressivité, maintenue sans ajustement structurel, continue de pénaliser les cadres en fin de droits. Le budget de l’assurance chômage reste sous contrainte, et l’absence d’un plan clair pour désendetter durablement le régime interroge.
Un régime sous respiration artificielle
La revalorisation annoncée est bien réelle, mais ses effets sont minimes, presque anecdotiques. Dans un régime où seuls 40 % des inscrits à France Travail sont effectivement indemnisés, cette augmentation pose davantage de questions qu’elle n’en résout.
Elle révèle un budget d’assurance chômage en équilibre instable, pris en étau entre les impératifs économiques et la demande sociale. L’Unédic ajuste, mais ne réforme pas. Et derrière les 0,5 %, ce sont les arbitrages politiques en attente qui déterminent l’avenir de l’indemnisation chômage.