Les dernières statistiques des dépôts de bilan ont de quoi inquiéter : jamais les radiations n’avaient atteint un tel niveau, et les défaillances d’entreprises continuent de grimper, confirmant la fragilité croissante du tissu entrepreneurial au 3ᵉ trimestre 2025 malgré un dynamisme persistant des créations, nous apprend Infogreffe.
Dépôts de bilan : une explosion au 3ᵉ trimestre 2025
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Published on 6 octobre 2025 8h00
25%Les radiations d’entreprises enregistrent une hausse de 25% sur un an.
Radiations record et recomposition accélérée du paysage entrepreneurial
Au 3ᵉ trimestre 2025, la France a enregistré 73.508 radiations d’entreprises, soit une hausse de 24,9% par rapport à la même période de 2024, annonce Infogreffe. Si l’on ajoute les radiations d’office, le total grimpe à 98.047, soit une progression de 35,7%. En neuf mois seulement, plus de 357.000 radiations ont été comptabilisées, dépassant déjà le volume total de 2024 (319.303 à l'époque).
Ce phénomène touche particulièrement l’immobilier, où les radiations explosent de 90,7%. Avec une hausse plus contenue de 10,2% la construction et le commerce/réparation automobile (+23,1%) résistent un peu mieux. D’un point de vue territorial, les contrastes sont saisissants : la Guyane connaît une envolée spectaculaire (+557,8%), suivie de la Provence-Alpes-Côte d’Azur (+133,5%). Outre-mer, les disparitions d’établissements s’accélèrent aussi, notamment en Martinique (+76,1%) et à Mayotte (+53,3%). À l’inverse, le Grand Est affiche une baisse des radiations (-1,2%), tandis que la Normandie (+2,4%) et les Pays de la Loire (+3,5%) résistent mieux. Ce mouvement de disparitions massives d'entreprises illustre une recomposition brutale du tissu entrepreneurial : si les créations restent dynamiques, elles ne compensent pas la montée en flèche des cessations d’activité.
Dépôts de bilan en forte hausse : un signal d’alarme pour les entreprises
Les dépôts de bilan poursuivent leur hausse régulière. Entre juillet et septembre 2025, 13.240 entreprises ont fait l’objet d’une procédure collective, soit une augmentation de 16,2% sur un an. Cette tendance, amorcée dès le début de l’année, ne faiblit pas : le premier trimestre avait connu +14,8%, le deuxième +14,6% et le troisième +16,2%. Au total, 45.468 procédures ont été ouvertes depuis janvier 2025, soit +15% par rapport à la même période de 2024.
La majorité de ces procédures se traduisent par des liquidations judiciaires (9.248, en hausse de 9,9%), mais les redressements explosent (+31%, soit 3.530 entreprises), tout comme les sauvegardes (+24,9%, soit 281 cas). Ce constat traduit, selon Infogreffe, « l’aggravation des tensions financières qui affectent une part croissante du tissu entrepreneurial ». En parallèle, les injonctions de payer reculent légèrement (-9,2%), mais leur volume (36.056 décisions) reste élevé, confirmant des tensions persistantes sur la trésorerie des petites structures.
Créations d’entreprises : vitalité et fragilité d’un modèle
Malgré ce contexte difficile, la création d’entreprises affiche une progression notable. Entre juillet et septembre 2025, 145.491 immatriculations ont été recensées, en hausse de 11,2% par rapport à 2024. Mais cette dynamique cache des fragilités structurelles : les entrepreneurs individuels et commerçants représentent 38% des créations, suivis des SAS avec 32%. Ces deux formes, souples et accessibles, sont aussi plus exposées aux cessations rapides ou aux difficultés de financement.
Les SCI enregistrent une croissance de 16,5% à l’immatriculation, mais subissent en parallèle une explosion des radiations dans l’immobilier. Les SARL, plus robustes mais en déclin, illustrent le basculement vers un entrepreneuriat plus flexible, mais aussi plus vulnérable.
Sur le plan sectoriel, les activités spécialisées, scientifiques et techniques progressent de 25,1%, suivies par le commerce et la réparation automobile (+20,8%). En revanche, la construction (-4,3%) et l’hébergement-restauration (-13,3%) reculent nettement. L’Ile-de-France concentre 29,9% des immatriculations, suivie de l’Auvergne-Rhône-Alpes (12%) et des grandes régions du Sud (Occitanie, PACA, Nouvelle-Aquitaine). Le Grand Est (2,8%) et la Bourgogne-Franche-Comté restent relativement épargnés (3,2%).
Enfin, les données d’Infogreffe révèlent un progrès sur la transparence : 630.864 comptes annuels ont été déposés (+7,2%), et 187.348 déclarations de bénéficiaires effectifs enregistrées (+3,6%), témoignant d’une meilleure discipline juridique et financière.