Invité sur la chaîne Fox Business, dimanche 1er juin 2025, Jamie Dimon, patron de JPMorgan Chase, a livré une déclaration lourde de conséquences : « C’est un gros problème. C’est un vrai problème. (…) Je ne sais pas si c’est dans six mois ou dans six ans, (mais) le marché obligataire va avoir des difficultés ».
Dette américaine : le patron de JPMorgan redoute une crise à venir

Son diagnostic ? Une crise à retardement du marché de la dette américaine, dopée par l’aveuglement collectif face à l’augmentation incontrôlée des niveaux d’endettement. Pour Jamie Dimon, le scénario est clair : « Quand les investisseurs prendront conscience de l’impact de l’augmentation des niveaux d’endettement, les taux d’intérêt monteront en flèche et les marchés seront perturbés ». Et dans la bouche du PDG de la plus puissante banque américaine, ce n’est pas une prédiction à la légère.
La confiance dans le dollar : un château de cartes ?
L’analyse de Jamie Dimon repose sur un enchaînement d’hypothèses. Il estime que les investisseurs internationaux « vont examiner le pays, l'État de droit, les taux d'inflation, les politiques de la Banque centrale », et alerte dans des propos partagés par Le Figaro : « S'ils décident que le dollar n'est plus la valeur refuge », les États-Unis devront emprunter à des conditions bien plus sévères. L’Amérique pourrait perdre son joker monétaire, avec à la clé une hausse brutale des coûts de financement.
Historiquement, les États-Unis ont toujours pu compter sur l’appétit mondial pour leurs obligations souveraines. Mais la machine semble grippée. La semaine dernière, les taux du Trésor américain ont brusquement grimpé avant de redescendre. En cause ? Le projet budgétaire du président Donald Trump, qui prévoit notamment la prolongation de gigantesques baisses d’impôt héritées de son premier mandat. De quoi agiter davantage un marché déjà nerveux.
Dette américaine : Moody’s tire le frein d’urgence, la Maison Blanche temporise
Le signal d’alarme ne vient pas que de Wall Street. Mi-mai 2025, l’agence Moody’s a décidé de retirer à la dette américaine sa sacro-sainte note AAA. Une première historique. La note a été rétrogradée à AA1, avec un commentaire lapidaire sur l’incapacité du gouvernement à enrayer la dynamique déficitaire.
Dans la foulée, les revirements erratiques de la Maison Blanche sur les droits de douane n’ont fait qu’accroître l’incertitude, donc la volatilité. Les ultraconservateurs républicains eux-mêmes s’inquiètent désormais publiquement de l’emballement du déficit fédéral. Il faut dire que les dépenses augmentent, que les recettes fiscales stagnent et que l’orthodoxie budgétaire semble rangée aux oubliettes. Jamie Dimon, déjà pessimiste en avril, avait alors parlé de « turbulences considérables » à venir, pointant pêle-mêle les guerres commerciales, les droits de douane et l’inflation rampante.
Scott Bessent tente de rassurer sur la dette américaine
Face à cette salve de critiques, Scott Bessent, secrétaire américain au Trésor, a tenté d’éteindre l’incendie. Sur CBS, il a concédé : « Le niveau de la dette m'inquiète », tout en minimisant le risque de crise à court terme. Selon lui, « le déficit cette année sera inférieur à celui de l'an dernier, et dans deux ans, il baissera encore ». Il a ajouté, dans des propos rapportés par Le Figaro, que « l'objectif est de réduire le déficit sur les quatre prochaines années et de laisser le pays en bonne santé en 2028 ».
Mais ces déclarations, censées rassurer les marchés, peinent à convaincre. Les investisseurs savent que la confiance ne se décrète pas, elle se mérite. Et avec un climat économique instable, une polarisation politique croissante et des perspectives budgétaires opaques, les promesses de réduction du déficit relèvent davantage de la déclaration d’intention que d’un plan rigoureux.
