Le 21 juillet 2025, Universal Music Group (UMG) a officiellement déposé une demande confidentielle auprès de la Securities and Exchange Commission (SEC), première étape vers une introduction en Bourse (IPO) aux États-Unis. Cette opération, confirmée par The New York Times dans un article daté du 22 juillet 2025, fait suite à plusieurs mois de rumeurs et de manœuvres préparatoires.
Double cotation : Universal prépare son entrée à Wall Street

L’entreprise, déjà cotée à la Bourse d’Amsterdam depuis sa scission d’avec Vivendi en 2021, franchit ainsi un nouveau cap dans sa stratégie de capitalisation transatlantique. L’opération se fera selon une procédure de confidential filing, dispositif permettant de soumettre les documents d’enregistrement sans divulgation immédiate.
Pourquoi Universal cherche-t-elle à séduire Wall Street ?
Le choix d’une cotisation secondaire aux États-Unis n’est ni anecdotique ni opportuniste. Il s’agit d’un mouvement structurant visant à renforcer la présence d’UMG sur son principal marché, les États-Unis, qui représentent près de 65 % du chiffre d’affaires global de l’industrie musicale, selon les données consolidées de l’entreprise. Cette opération offre également une meilleure liquidité aux actionnaires institutionnels américains, notamment le fonds Pershing Square de Bill Ackman, qui détient 10 % du capital.
Mais au-delà des aspects techniques, ce placement répond à un objectif plus large : corriger la décote actuelle que subit le titre sur Euronext Amsterdam, où la valorisation boursière de 58,2 milliards de dollars ne reflète pas, selon les analystes, le potentiel de croissance du groupe dans l’ère post-streaming.
À ce jour, le ratio valeur d’entreprise/EBITDA (EV/EBITDA) s’établit à 19,4x, ce qui reste inférieur aux standards des groupes technologiques avec lesquels UMG est désormais en concurrence directe sur le segment des plateformes et des contenus. L’entreprise espère ainsi attirer des investisseurs plus sensibles aux logiques de croissance long terme, caractéristiques du Nasdaq et du NYSE.
UMG : Une capitalisation de poids et des résultats solides
L’opération s’appuie sur une dynamique financière robuste. Lors du premier trimestre 2025, Universal a enregistré un chiffre d’affaires de 2,9 milliards d’euros, en hausse de 11,8 % sur un an, avec une marge EBITDA de 22,8 %. La société dispose d’un portefeuille d’environ 4,5 millions de titres, incluant les catalogues de Taylor Swift, Drake, Lady Gaga ou encore les Beatles. L’ensemble de ces actifs représente une source de revenus récurrents sur fond de consommation numérique exponentielle.
D’après les chiffres rapportés par AInvest le 21 juillet 2025, les abonnements payants ont progressé de 12 % sur un an, renforçant les perspectives de rentabilité à moyen terme. Le ratio cours/bénéfices (P/E), quant à lui, atteint 26,8x, un niveau supérieur à celui des majors historiques, mais justifié par la montée en puissance de la monétisation algorithmique.
Face à l’IA, Universal redessine ses frontières économiques
Si UMG prend l’offensive aujourd’hui, c’est aussi parce que l’écosystème musical subit une transformation radicale. L’intelligence artificielle générative, notamment dans la composition et la distribution automatisée, vient ébranler le modèle économique traditionnel des labels. En réponse, Universal a acquis Downtown Music pour un montant de 775 millions de dollars, afin de renforcer ses capacités technologiques, en particulier dans la gestion intelligente des droits d’auteur.
Cette opération, toujours en attente de validation par la Commission européenne, pourrait modifier en profondeur les règles de répartition des royalties et le mode d’exploitation des titres de niche. L’objectif : faire émerger un modèle “Streaming 2.0”, centré sur la granularité des audiences et la valorisation des catalogues dormants.
Une cotation double dès l’automne 2025 pour Universal Music Group ?
Cette IPO ne sera pas une sortie, mais une extension cotée, sans retrait d’Amsterdam. Le titre restera négocié en Europe, tout en devenant accessible en direct à Wall Street. Le placement, piloté par JPMorgan, Goldman Sachs et Morgan Stanley, n’a pas encore de date fixée, mais selon Reuters, la fenêtre cible se situerait entre fin septembre et mi-octobre.
Pour autant, les analystes tempèrent. Le titre, depuis sa scission d’avec Vivendi, a reculé de plus de 20 %, et reste perçu comme sensible aux mutations réglementaires sur la fiscalité du streaming ou les accords exclusifs avec les plateformes. Par ailleurs, la concentration des revenus sur la musique enregistrée (70 %) expose UMG aux fluctuations de consommation et à la saturation du marché nord-américain.
