Des remises trop belles pour être vraies ? Derrière les prix barrés alléchants se cache une pratique largement répandue que l’UFC-Que Choisir vient de mettre à nu. L’association tire une nouvelle fois la sonnette d’alarme sur les fausses promotions présentées par les sites internet de commerce en ligne.
E-commerce : près de 9 promotions sur 10 sont fausses

Le 9 juillet 2025, l’UFC-Que Choisir publiait les résultats d’une enquête qui secoue une nouvelle fois le commerce en ligne. Au cœur de cette alerte : la promotion affichée sur les grandes plateformes e-commerce. L’association de défense des consommateurs met en cause la réglementation non respectée, des pratiques commerciales trompeuses, et réclame des mesures concrètes à l’échelle européenne.
85 % des promotions seraient illégales : l’alerte de l’UFC-Que Choisir
C’est un chiffre fracassant. Dans une étude réalisée sur un millier d’offres, l’UFC-Que Choisir révèle que 85 % des promotions affichées en ligne ne respectent pas la loi. Selon l’association : « Ces remises s’appuient sur des références de prix fantaisistes comme ‘prix conseillé’, ‘prix moyen’, ou encore ‘ancien prix’, au lieu du prix réellement pratiqué les 30 jours précédents. »
Le cadre légal, pourtant clair, impose qu’une réduction soit calculée par rapport au prix le plus bas constaté dans les 30 jours précédents. C’est ce que stipule la directive européenne dite “Omnibus”, entrée en vigueur début 2022. Mais les plateformes de commerce électronique contournent massivement cette obligation, en particulier sur les produits électroniques, la mode, ou l’électroménager. « L’UFC-Que Choisir a analysé près de 1 000 annonces comportant un prix barré, issues de six sites majeurs d’e-commerce. Il en ressort que seuls 15 % des prix barrés sont de réelles réductions c’est-à-dire calculées sur le prix le plus bas pratiqué dans les 30 derniers jours », explique l’association de défense des consommateurs.
Promotions en ligne : la loi totalement ignorée par les plateformes
Ce n’est pas la première fois que l’association dénonce ce système de contournement systémique. Déjà en 2023, sur 6 586 annonces analysées, seulement 3,4 % correspondaient à de véritables remises, les autres reposant sur des prix de référence gonflés artificiellement.
La répétition de ces constats amène l’association à durcir le ton. Face à l’inertie des autorités nationales, l’UFC-Que Choisir a décidé de saisir directement la Commission européenne, exigeant que les prochaines réglementations (dont le Digital Fairness Act actuellement en cours d’élaboration) interdisent tout autre système de comparaison de prix que celui imposé par la directive Omnibus. « L’absence de réaction des autorités nationales nous pousse à interpeller Bruxelles directement », indique l’association, relayée par BFMTV.
E-commerce : comment repérer une fausse promotion ?
Le consommateur n’est pas démuni face à ces pratiques. Voici plusieurs réflexes à adopter pour éviter les pièges :
- Comparer les prix sur un outil tiers. Des plateformes comme Keepa, Idealo ou LeDénicheur permettent de consulter l’historique réel du prix d’un produit.
- Se méfier des remises extrêmes. Une promotion affichant -70 % sur un produit tendance est souvent trop belle pour être vraie.
- Vérifier le prix de référence. S’il n’est pas clairement indiqué ou s’il s’agit d’un “prix conseillé” sans date, c’est suspect.
- Utiliser les extensions de navigateur. Des outils comme “InvisibleHand” ou “Honey” signalent les baisses réelles et les alertes sur les pratiques douteuses.
- Privilégier les sites respectant la transparence des prix. Certaines enseignes françaises (ex. Fnac, Boulanger) sont aujourd’hui plus scrupuleuses sur ce point que les marketplaces internationales.
Promotions sur les sites de e-commerce : ce que dit la réglementation européenne
Depuis 2022, la directive Omnibus encadre strictement les annonces de réduction de prix.
Elle stipule que toute remise doit obligatoirement être calculée sur la base du prix le plus bas pratiqué au cours des 30 jours précédents.
En cas de non-respect, les sanctions peuvent aller jusqu’à 300 000 euros d’amende en France, voire des amendes administratives supérieures pour récidive. En 2024, Shein a écopé d’une sanction de 40 millions d’euros pour non-respect de ces obligations. Mais l’efficacité de cette directive reste limitée si les contrôles manquent et que les plateformes étrangères restent hors d’atteinte.
Promotions sur Internet : vers une régulation plus stricte en Europe ?
L’UFC-Que Choisir appelle l’Europe à durcir le ton. Dans sa saisine à la Commission, elle demande que le futur Digital Fairness Act interdise toute référence promotionnelle trompeuse, même en cas d’astérisque ou d’explication légale. Elle milite aussi pour une interopérabilité des bases de prix entre États membres, afin que les outils de contrôle puissent croiser automatiquement les historiques de tarifs pratiqués.
