À compter du 1er août 2025, les abonnés à l’électricité et au gaz verront la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) appliquée à leur abonnement grimper de 5,5 % à 20 %. Ce changement, inscrit dans la loi de finances 2025, représente une hausse de 263 % de cette composante fiscale fixe de la facture. Officiellement, l’État promet un effet « indolore ». Dans les faits, le scénario est tout sauf linéaire.
Électricité : une hausse de TVA qui va alourdir votre facture dès août

Pour justifier cette augmentation vertigineuse, le gouvernement met en avant une baisse parallèle de l’accise, une autre taxe, appliquée cette fois à la part variable liée à la consommation. Celle-ci passera, pour l’électricité, de 33,70 euros à 29,98 euros par mégawattheure (MWh), et pour le gaz, de 17,16 euros à 15,43 euros par MWh.
Électricité : petits consommateurs, grandes pertes
L’équation fiscale n’a rien de neutre pour tout le monde. Les foyers les moins énergivores, qui paient proportionnellement plus pour leur abonnement que pour leur consommation, subiront un désavantage net. Un exemple illustratif suffit : un ménage ayant opté pour le tarif réglementé d’EDF, avec un compteur 6 kVA et une consommation annuelle de 2 400 kWh, verra son coût annuel bondir.
« À partir du 1er août, ce sera 186,70 euros pour l’abonnement (contre 166,63 euros auparavant) et 71,95 euros pour l’accise (contre 80,88 euros), soit une perte nette d’environ 13 euros à l’année », expose Moneyvox. Autrement dit, ceux qui se chauffent peu ou vivent seuls paieront plus pour consommer moins.
Une fiscalité électrique à géométrie variable
Tout dépend du profil de consommation. Pour un foyer standard utilisant 8 000 kWh par an, comme l’illustre Presse-Citron, les effets pourraient être presque nuls : « La TVA sur l’abonnement augmente de 28,49 euros, mais l’accise baisse de 29,76 euros. Le solde est une économie symbolique de 7,22 euros à l’année ».
Mais attention, ce rééquilibrage apparent ne tient que si l’abonnement est moyen et la consommation stable. Car, comme le souligne Moneyvox, les fournisseurs pratiquent des abonnements très inégaux. Une même puissance de compteur peut coûter plusieurs dizaines d’euros de plus selon l’opérateur choisi. Plus votre abonnement est cher, plus la hausse de la TVA vous pénalise.
Gaz et électricité : le vrai gagnant est… le gros consommateur
Les gros consommateurs, souvent montrés du doigt pour leur empreinte énergétique, seront les seuls à réellement tirer parti de cette réforme. Pour un foyer souscrivant un abonnement heures creuses chez EDF avec une consommation annuelle de 14 000 kWh, la baisse de l’accise (près de 52 euros d’économies) dépasse de loin la hausse de TVA (environ 30 euros de plus sur l’abonnement), offrant un gain net d’une vingtaine d’euros par an.
Ainsi, à rebours du discours environnemental, ce sont ceux qui consomment beaucoup qui paieront proportionnellement moins. Les petits consommateurs, quant à eux, paieront pour amortir la transition fiscale.
Des promesses d’équilibre fiscal loin de la réalité pour tous
Le gouvernement, qui annonce un impact « neutre », semble négliger les conséquences différenciées de cette réforme. Les simulateurs officiels comme celui du médiateur de l’énergie confirment que l’équité de cette mesure est toute théorique. Un foyer moyen, bien conseillé, pourrait s’en sortir indemne. Mais les autres ? Ceux qui vivent seuls, dans de petits logements ou avec un abonnement coûteux ?
Ils pourraient bien devenir les victimes collatérales d’un transfert fiscal dissimulé. Dans cette affaire, la véritable question n’est pas tant « combien vais-je payer ? » que « pourquoi certains paieront-ils plus pour consommer moins ? » Voilà un modèle énergétique à la française qui a de quoi électriser les débats.
