Les températures explosent, la demande d’énergie aussi. Et les marchés réagissent au quart de tour. Ce mois d’août 2025, les prix de l’électricité en France grimpent de façon spectaculaire, réveillant de vieux souvenirs et soulevant de nouvelles inquiétudes.
Factures : le prix de l’électricité flambe à nouveau en août 2025

Une flambée des prix de l’électricité sur fond de canicule
Sur les marchés de gros, l’électricité française se négocie en ce début août à 60 euros le mégawattheure (MWh). C’est ce qu’indique Bloomberg dans une analyse basée sur les données de l’EEX (European Energy Exchange). Une envolée de 15 % par rapport à juillet 2025, où les prix oscillaient entre 40 et 50 euros le MWh.
Ce niveau n’avait plus été atteint depuis mars 2025. Et le phénomène ne touche pas que l’Hexagone : à titre de comparaison, le mégawattheure allemand atteignait 87,1 euros à la mi-journée du 5 août 2025, toujours selon Bloomberg.
À l’origine de cette hausse ? Une vague de chaleur intense, particulièrement marquée dans le sud de la France, où le mercure grimpe jusqu’à 38°C.
Les fortes chaleurs dopent la consommation électrique. En cause : l’usage croissant des équipements de climatisation, mais aussi la reprise d’activité dans certains secteurs industriels.
Selon Bloomberg, la demande a nettement augmenté dès la fin juin 2025, lors d’un épisode caniculaire. Un pic qui a précédé la vague actuelle. Le phénomène s’explique par la montée en puissance de l’équipement domestique : en 2020, 25 % des ménages étaient déjà dotés d’un système de climatisation, selon l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie).
Mais ce n’est pas tout. Comme l’indique l’Agence internationale de l’énergie, la climatisation est désormais un des principaux moteurs de la croissance de la demande électrique mondiale. Et la France ne fait pas exception.
Des incertitudes prolongées jusqu’à l’automne
Si la consommation explose, la production est, elle, sous contrainte. En période de fortes chaleurs, certaines centrales nucléaires doivent réduire leur activité. Le refroidissement de leurs réacteurs dépend de l’eau des rivières, mais celle-ci est soumise à des seuils thermiques stricts pour préserver l’écosystème.
Fin juin, EDF avait déjà mis à l’arrêt le réacteur 1 de la centrale de Golfech, dans le Tarn-et-Garonne. Motif : la température de la Garonne atteignait les 28°C, seuil critique pour le système de refroidissement. Le groupe expliquait alors : « La centrale prélève de l’eau dans la Garonne pour notamment assurer le refroidissement de ses unités de production avant de la restituer en grande partie au fleuve à une température légèrement plus élevée (+0,2°C en moyenne). »
Même logique sur le site de Bugey, près du Rhône, où EDF avait annoncé fin juin de potentielles restrictions de production, déjà en alerte à cause de la chaleur.
Ce contexte ne semble pas prêt de s’améliorer. EDF a annoncé le 1ᵉʳ août 2025 le report du passage en pleine puissance de l’EPR (réacteur pressurisé européen) de Flamanville. Initialement prévu pour la fin de l’été, le redémarrage complet est désormais reporté au 1er octobre 2025, avec un fonctionnement à pleine puissance « avant la fin de l’automne ».
Pour Florence Schmit, analyste chez Rabobank, « ces annonces sont de nature à raviver les inquiétudes vers la fin du mois et à l'approche du mois de septembre ».