Centrales à charbon : c’est reparti pour quatre ans

Lors de son entretien sur France 2, dimanche 24 septembre 2023, le président Emmanuel Macron a annoncé le report de la fermeture des deux dernières centrales à charbon à 2027.

Axelle Ker
Par Axelle Ker Modifié le 26 septembre 2023 à 11h57
centrales à charbon, fin du charbon en france, Emmanuel Macron, 2027, émission de gz à effet de serre, Greenpeace, ministère de la Transition écologique
40 % c'est la part des émissions de gaz à effet de serre provenant des énergies fossiles

Emmanuel Macron repousse une fois de plus la fin du charbon en France

Lors de son entrevue sur France 2, le dimanche 24 septembre 2023, Emmanuel Macron a annoncé le nouveau report de la fermeture des deux dernières centrales à charbon françaises, à savoir celle de Cordemais à l'ouest et celle de Saint-Avold à l'est. Les fermetures sont désormais prévues pour 2027. Cette annonce fait suite au décret du ministère de la Transition écologique. Publié en août dernier, celui-ci autorisait la prolongation de l'exploitation de la centrale de Saint-Avold jusqu'en 2024, afin de faire face à la demande accrue pendant l'hiver et de compenser l'arrêt de plusieurs réacteurs nucléaires. Alors que le décret était censé être une mesure temporaire, la déclaration du président coupe toute ambiguïté, s'il y en avait. La décision du report de la fermeture des centrales s'inscrit, selon le président, dans le cadre de son projet de « planification écologique ». Ce plan a pour objectif de réduire progressivement la dépendance de la France à l'égard des énergies fossiles. Une première discussion sur ce projet est prévue ce lundi 25 septembre lors du Conseil des ministres.

Dans son projet de planification écologique, Emmanuel Macron a évoqué le projet Ecocombust 2. Quel est son principe ? Développer des technologies plus respectueuses de l'environnement pour l'utilisation du charbon, dans le but de réduire les émissions de CO2. Il vise à « convertir les centrales à charbon en utilisant de la biomasse ». Comment ? En produisant de l'énergie à partir de la vapeur d'eau générée par la combustion de biomasse végétale et animale. « Là où nous utilisions du charbon, nous utiliserons désormais des ressources recyclées issues de notre agriculture et de nos forêts (les black pellets). Il s'agit de la première mesure concrète de notre planification écologique », a ainsi expliqué le président. Finalement, Emmanuel Macron a justifié cette décision par la nécessité de garantir la sécurité de l'approvisionnement énergétique du pays, en particulier pendant les périodes sujettes à des pics de demande.

La France parviendra-t-elle à réduire ses émissions de gaz à effet de serre ?

Étant donné que le charbon représente 40 % des émissions de gaz à effet de serre liées aux énergies fossiles, il semble difficile pour la France de respecter ses engagements pour réduire son empreinte carbone. Il s'agit de la source d'énergie la plus émettrice de carbone au monde. C'est pourquoi cet énième recul de la part du président a suscité de vives réactions. En effet, fraîchement élu en 2017, le président avait déclaré : « avant la fin de mon mandat, je fermerai toutes les centrales à charbon... Je ne laisserai pas cette tâche à mon successeur. » (À l'origine, la fermeture de l'ensemble des centrales était prévue pour 2022). Greenpeace n'a pas mâché ses mots dans son dernier communiqué de presse : « La France aurait dû abandonner le charbon depuis des années déjà (...) Ce report de la sortie du charbon en 2027 est un aveu d'échec pour Emmanuel Macron, qui tente de le dissimuler en présentant cela comme un progrès... S'il était réellement ambitieux et visionnaire, Emmanuel Macron aurait également fixé des échéances pour mettre fin à l'utilisation du pétrole et du gaz fossile ».

Face aux problèmes d'approvisionnement énergétique en France, le président encourage les Français à privilégier les chaudières à gaz : « nous n'interdirons pas l'installation de nouvelles chaudières à gaz, car nous ne pouvons pas laisser nos compatriotes, en particulier dans les zones rurales, sans solution », a-t-il déclaré. Ajoutant que l'État « accompagnera les ménages pour l'installation de pompes à chaleur, car les pompes à chaleur sont une option intelligente qui permet d'économiser de l'énergie et de réduire considérablement les émissions »

Axelle Ker

Diplômée en sciences politiques et relations internationales, journaliste chez Économie Matin & Politique Matin depuis septembre 2023.

Suivez-nous sur Google News Economie Matin - Soutenez-nous en nous ajoutant à vos favoris Google Actualités.

Aucun commentaire à «Centrales à charbon : c’est reparti pour quatre ans»

Laisser un commentaire

* Champs requis