Ce sondage sur d’éventuelles législatives partielles ravit le RN et effraie la gauche

Le sondage publié les 30 et 31 août 2025 par Elabe pour BFMTV, La Tribune Dimanche et L’Express met en lumière une dynamique électorale sans précédent pour le Rassemblement national. Ce sondage illustre la poursuite du recul du front républicain et une recomposition profonde des rapports de force à l’Assemblée. Le sondage place désormais le RN comme le premier choix d’une part importante des Français, dépassant largement ses concurrents traditionnels.

Le RN domine les intentions de vote et redessine l’équilibre des forces

Le sondage Elabe crédite le Rassemblement national de 33 % des intentions de vote, un score qui confirme sa position dominante. La coalition de gauche n’obtiendrait que 22 %, tandis que la majorité présidentielle Ensemble plafonnerait à 18 %. Les Républicains recueilleraient 8 %, et Reconquête atteindrait 5 %. En additionnant les scores du RN, de Reconquête, de Debout la France et de l’Union des démocrates pour la République, les formations classées à l’extrême-droite atteignent près de 40 % de l’électorat, d’après les chiffres publiés par Elabe.

Bernard Sananès, président de l’institut, résume ainsi cette dynamique : « Le RN bénéficie d’une dynamique électorale qui traverse toutes les catégories sociales ». Ainsi, la droite n'est plus seulement installée dans ses seuls bastions historiques. Les électeurs séduits par le RN proviennent autant des classes populaires que des jeunes actifs. Ce sondage confirme que le Rassemblement national n’est plus une force marginale mais bien la première formation politique du pays.

L’évolution des comportements électoraux selon l’âge et la catégorie sociale

Le détail du sondage met en évidence une progression marquée du Rassemblement national parmi les jeunes. 30 % des 18-34 ans se déclarent prêts à voter pour le RN, un chiffre significatif pour un parti longtemps perçu comme davantage enraciné dans les générations plus âgées. Chez les ouvriers, l’avance est encore plus spectaculaire avec 44 %, et chez les employés, 38 %. Ces données illustrent une implantation solide dans les catégories populaires.

La France insoumise, de son côté, plafonne à 10 % des intentions de vote. Cela représente certes le double de Reconquête, mais le contraste est frappant puisque LFI existe depuis plusieurs cycles présidentiels alors que Reconquête n’a que cinq années d’existence. Ainsi, sans alliance au sein de la NUPES ou d’une autre coalition, la gauche radicale se retrouve minoritaire.

Le déclin du front républicain et les incertitudes institutionnelles

Le sondage Elabe met en lumière les difficultés persistantes des forces de gauche. Dans l’hypothèse de législatives partielles, la coalition de gauche regroupant socialistes, écologistes, communistes et la France insoumise ne recueillerait que 22 % des intentions de vote. Derrière ce chiffre global, les écarts internes sont importants : la France insoumise ne dépasse pas 10 %, soit un niveau qui reste modeste au regard de son implantation ancienne. Ce score révèle l’incapacité de LFI à s’imposer comme force centrale sans alliance. Les autres composantes de la gauche ne parviennent pas davantage à incarner une alternative crédible, ce qui explique la stagnation du bloc à un niveau inférieur à celui du RN seul.

Le sondage révèle également un affaiblissement net du front républicain. Seuls 39 % des électeurs déclarent qu’ils voteraient contre un candidat RN au second tour, contre 61 % en 2022. Cette chute traduit un changement de mentalité électorale profond. Le réflexe de barrage, qui avait marqué les scrutins précédents, se délite et ouvre la voie à des victoires locales du RN dans des territoires jusqu’ici jugés imprenables.

Cette situation institutionnelle nourrit les interrogations. Même en cas de nouvelles élections législatives, le blocage demeurerait, car aucune majorité alternative solide ne se dessine. De plus, le RN dispose de la première place, ce qui inquiète les membres de la gauche et du parti présidentiel, qui ne souhaitent pas lui donner encore plus d'importance dans les institutions. Cependant, le Rassemblement National reste loin de la majorité absolue, surtout s'il agit seul. De son côté, Ensemble s’effondre, tandis que la gauche reste morcelée.