Emploi : le travail au noir coûte très cher à l’Etat français

Le gouvernement souhaite mettre les bouchées doubles contre le travail au noir. D’après les chiffres du Haut Conseil d’orientation pour l’emploi, cette fraude représenterait une dizaine de milliards d’euros de pertes pour l’État.

Axelle Ker
Par Axelle Ker Modifié le 19 janvier 2024 à 12h17
emploi, travail au noir, Ursaff, état, BTP, restauration, cotisation, sécurité sociale, gouvernement, redressement, contrôle
10 milliards d'eurosLe travail au noir représentait un manque à gagner de 10 milliards d'euros pour les finances publiques en 2022.

Travail au noir : des milliards de manque à gagner pour l'État

En France, le travail non déclaré représente une évasion fiscale massive, avec des implications profondes pour les finances publiques et la société en général. Selon le Haut Conseil du financement de la protection sociale (HCFIPS), cette économie parallèle représentait un manque à gagner de près de 10 milliards d'euros pour l'État en 2022. Le problème est que le travail illégal prive l'État de ressources essentielles pour financer les retraites, les soins de santé ainsi que l'assurance-chômage. D'après une étude du Conseil d'orientation pour l'emploi de 2019, 2,5 millions de Français pratiqueraient le travail au noir.

La fraude se décline en deux catégories principales : le travail dissimulé, avec un manque à gagner estimé entre 6,2 et 7,8 milliards d'euros, et les erreurs ou omissions sur l'assiette comptable, représentant 1,8 à 2,3 milliards d'euros. Le secteur de la construction et celui de l'hôtellerie-restauration concentre à eux seuls la moitié des redressements. Autre grands champions ? Les microentrepreneurs, en particulier les chauffeurs de VTC et ceux qui font des services de livraisons et pour lesquels 62 à 70 % des cotisations ne sont pas payées. Certaines régions de France se démarquent également. L'Île-de-France, le Sud (Languedoc-Roussillon, Paca) ou encore la Corse font partie des grands adeptes du travail au noir.

Vers un renforcement des contrôles

Ce qui pousse les Français à faire du travail au noir ? Contourner les cotisations sociales, bien sûr, et compléter leurs revenus. Un salarié dans le secteur de la restauration, souvent payé au Smic, peut ainsi espérer gagner 400, voire 600 euros de plus par mois grâce à ses pourboires. Le travail au noir aide de nombreux Français à garder la tête hors de l'eau. Le risque pour eux ? D'être mis à l'écart du système social français : chômage, retraite, etc.

Le gouvernement, en quête d'économies, et les organismes de contrôle, mettent les bouchées doubles pour lutter contre cette économie parallèle. L'Urssaf va ainsi multiplier les contrôles aléatoires, et voir ses équipes renforcées par 240 nouveaux inspecteurs. Son objectif ? Doubler le nombre de redressements d'ici à 2027. Le HCFIPS a également recommandé l'adoption d'un système de « précompte » pour les plateformes collaboratives, qui sera obligatoire en 2027. Autrement dit, cette mesure vise à prélever les cotisations sociales directement sur les revenus générés par les entreprises via ces plateformes.

Axelle Ker

Diplômée en sciences politiques et relations internationales, journaliste chez Économie Matin & Politique Matin depuis septembre 2023.

Suivez-nous sur Google News Economie Matin - Soutenez-nous en nous ajoutant à vos favoris Google Actualités.

Aucun commentaire à «Emploi : le travail au noir coûte très cher à l’Etat français»

Laisser un commentaire

* Champs requis