Face à une contraction historique des financements humanitaires, l’ONU réduit drastiquement son appel 2026, passant de près de 47 milliards l’an dernier à un cadrage resserré compris entre 23 et 33 milliards de dollars. Cette baisse oblige l’organisation à des arbitrages lourds, alors que les crises mondiales s’intensifient et que les besoins explosent.
Aide humanitaire 2026 : l’ONU contrainte d’arbitrer qui sauver

Le 8 décembre 2025, l’ONU a présenté son appel humanitaire annuel dans un contexte marqué par une chute sans précédent de l’aide internationale. En articulant une demande réduite, malgré des besoins croissants, l’ONU admet affronter une contraction budgétaire majeure. Ce recul intervient alors que les crises se multiplient, imposant à l’organisation des choix difficiles et remettant en question la capacité globale de la communauté internationale à soutenir les populations vulnérables.
Pourquoi l’ONU réduit-elle son appel d’aide pour 2026 ?
L’ONU a décidé de diminuer son appel d’aide après un effondrement marqué des financements internationaux. Selon plusieurs agences de presse, les contributions reçues en 2025 se situent entre 12 et 15 milliards de dollars, soit le niveau le plus bas en dix ans. Cette raréfaction des fonds, signalée par les évaluations internes de l’ONU, résulte d’un désengagement notable des principaux bailleurs traditionnels, notamment occidentaux.
Le chef humanitaire de l’ONU, Tom Fletcher, a dénoncé une « apathie mondiale » alors que les besoins ne cessent de croître. Il affirme que l’organisation se retrouve « débordée, sous-financée, attaquée », une situation qui complique chaque opération humanitaire et oblige à revoir les priorités.
Ainsi, malgré la multiplication des crises, conflits prolongés, famines, pandémies, catastrophes climatiques, l’ONU se voit contrainte d’adapter son appel à un paysage financier nettement plus restreint et tourné vers les dépenses de guerre plutôt que les dépenses en faveur de l’humanité. Cette décision ne traduit pas une réduction des besoins, mais l’obligation d’ajuster l’ambition humanitaire à la capacité réelle de la volonté de mobilisation internationale.
Quels montants l’ONU demande-t-elle pour 2026 et quels choix impliquent-ils ?
Pour l’année 2026, l’ONU présente un plan à deux niveaux. Le premier, qualifié d’« essentiel », fixe un objectif de 23 milliards de dollars, soit une réduction de moitié par rapport à l’année précédente. Ce montant permettrait de venir en aide à 87 millions de personnes, considérées comme les plus prioritaires selon les évaluations internes.
Le deuxième niveau, plus ambitieux, porte l’appel à 33 milliards de dollars. Ce scénario, activable seulement en cas de financements supplémentaires, permettrait d’atteindre 135 millions de personnes. Les deux montants expriment la dualité du plan : une version minimaliste, contrainte par la baisse des financements, et une version élargie, correspondant davantage aux besoins réels.
Dans cette architecture financière, plusieurs crises se démarquent par leur intensité et leur ampleur. L’ONU prévoit d’affecter environ 4,1 milliards de dollars aux territoires palestiniens, notamment à Gaza, où l’effondrement des infrastructures et la poursuite des hostilités imposent des secours massifs. Le Soudan suit, avec une demande avoisinant 2,9 milliards, en raison d’un conflit généralisé et de déplacements massifs. La Syrie, quant à elle, demeure une priorité avec environ 2,8 milliards pour répondre à une crise prolongée.
Ces chiffres montrent que la baisse de l’appel ne reflète en rien une diminution des besoins, mais bien une incapacité structurelle du système humanitaire à obtenir les ressources nécessaires. Les choix à faire sont donc considérables : privilégier certaines crises au détriment d’autres, réduire la couverture géographique, limiter les programmes d’assistance ou concentrer l’aide sur des interventions vitales tout en abandonnant d’autres aspects essentiels.
Quels arbitrages l’ONU devra-t-elle opérer et quelles conséquences pour l’aide internationale ?
Avec des ressources limitées, l’ONU devra sélectionner les interventions en fonction d’un seuil de criticité, choisissant les contextes où la survie immédiate des populations est la plus menacée. Tom Fletcher évoque des « choix brutaux », signe que l’organisation s’apprête à réévaluer la logique même de l’action humanitaire. Lorsque l’aide est sous-financée, chaque dollar doit être affecté en fonction d’un calcul délicat entre gravité, urgence et accessibilité.
Selon les données publiées, environ 250 millions de personnes auraient besoin d’une aide humanitaire en 2026. Même dans son scénario le plus optimiste, l’ONU n’en soutiendrait qu’un peu plus de la moitié.
En conséquence, des millions de personnes risquent d’être exclues de l’aide. Cela inclut non seulement les victimes directes de conflits, mais aussi les populations confrontées à des crises climatiques, des épidémies ou des catastrophes naturelles. La baisse du budget humanitaire s’accompagnera donc d’une réduction du soutien aux systèmes de santé, à la sécurité alimentaire, à l’éducation en contexte d’urgence ou encore aux programmes de protection des civils.
Pour l’aide internationale, cette situation marque un tournant. Les États donateurs, confrontés à des tensions économiques internes, semblent privilégier d’autres dépenses, parfois militaires, au détriment de la solidarité internationale. L’ONU, en alertant sur cette tendance, rappelle que le financement humanitaire mondial représentait déjà une part infime des dépenses publiques globales, et qu’il continue pourtant de baisser.
