Depuis 2024, le groupe Thales est en pleine restructuration. Des centaines de postes ont été supprimés ou redéployés dans les activités les plus rentables de l’entreprise. Une grosse commande vient tout bouleverser.
Thales met fin à ses licenciements grâce à une grosse commande
By
Published on 23 octobre 2025 14h30
2030Thales doit participer à construire la constellation IRIS² d’ici 2030.
Thales stoppe ses suppressions de postes
L’annonce officielle de Thales a fait l’effet d’un soulagement pour le monde du spatial. Grâce à la constellation européenne IRIS², le groupe revoit ses perspectives : les suppressions de postes prévues sont suspendues et la production repart à la hausse. Pour Thales, acteur clé du spatial européen, cette bouffée d’oxygène symbolise une forme de sauvegarde industrielle, directement liée à la commande publique européenne.
IRIS², acronyme d’Infrastructure for Resilience, Interconnectivity and Security by Satellite, constitue l’un des projets les plus ambitieux de l’Union européenne. Pensé pour renforcer la souveraineté numérique du continent, la constellation prévoit le déploiement de plus de 260 satellites en orbite basse et une vingtaine en orbite moyenne d’ici 2030, selon la Commission européenne. Ces chiffres traduisent la volonté de l’Europe de rivaliser avec les constellations privées comme Starlink ou Kuiper.
Pour Thales, ce contrat change la donne. Le groupe, via Thales Alenia Space, retrouve ainsi une visibilité à moyen terme sur son carnet de production. Cette relance industrielle s’inscrit dans une stratégie plus large de reconquête technologique européenne, soutenue par la Commission et les États membres.
Des emplois préservés et des sites stabilisés
Jusqu’à récemment, Thales avait envisagé un plan de réorganisation dans sa division spatiale, conséquence d’un creux de charge. Mais la commande IRIS² a stoppé cette trajectoire. Cette suspension des suppressions de postes concerne directement plusieurs sites français, notamment ceux de Toulouse et de Cannes, où les compétences en ingénierie satellite sont centrales. Plusieurs centaines de postes sont donc sauvés par cette commande. Malgré tout, les syndicats dénoncent une dégradation importante des conditions de travail depuis l’année dernière, date de l’entrée en vigueur du plan social finalement interrompu.
L’enjeu est également stratégique : dans un contexte de concurrence mondiale exacerbée, préserver le savoir-faire spatial européen devient un impératif. Thales, grâce à ce programme, consolide sa position d’industriel majeur tout en contribuant à la sauvegarde des emplois hautement qualifiés qui font la force du secteur.
IRIS², pilier d’une souveraineté spatiale européenne
Au-delà de l’aspect industriel, IRIS² représente un instrument de souveraineté. Ce réseau de communication sécurisé doit permettre à l’Europe de s’affranchir des systèmes américains et chinois pour ses besoins civils et militaires. D’après la Commission européenne, l’investissement global du programme s’élève à plusieurs milliards d’euros, partagés entre fonds publics et partenaires industriels, dont Thales et Airbus Defence & Space.
Cette constellation offrira une couverture globale pour les institutions européennes, mais aussi pour les services d’urgence, la défense et les zones reculées. Dans cette perspective, la participation de Thales prend une dimension stratégique : elle lie emploi, technologie et sécurité, trois priorités désormais indissociables au sein de la politique spatiale européenne.