Dans un contexte d’explosion des cyberattaques ciblant les infrastructures financières et logistiques, le paiement en espèces apparaît aujourd’hui comme l’un des moyens les plus résilients. Alors que les paiements numériques – cartes, portefeuilles, réseaux en ligne – deviennent des cibles privilégiées, le cash, ancré dans le monde physique, conserve une robustesse qui rassure, notamment en période de crise ou de dysfonctionnement de systèmes connectés.
Espèces : une sécurité opérationnelle dans un monde numérique exposé

Une montée significative des attaques numériques des systèmes de paiement
Nos modes de paiement évoluent rapidement vers le tout numérique, avec des usages de plus en plus fluides et connectés. Cette transition, aussi pratique soit-elle, s’accompagne cependant d’une exposition croissante aux menaces cyber. En 2024, une large majorité d’organisations à travers le monde ont été confrontées à au moins un incident de cybersécurité. Les établissements financiers, au cœur des transactions dématérialisées, figurent parmi les cibles privilégiées de ces attaques.
Des experts, comme ceux de Lloyd’s de Londres, alertent sur les conséquences potentielles d’une cyberattaque majeure contre les infrastructures mondiales de paiement. Si un tel scénario reste extrême, il révèle une réalité plus large : choisir un système entièrement numérisé revient à prendre un pari très risqué.
Ces constats nous rappellent l’importance d’un équilibre à maintenir entre les différents moyens de paiement. Dans un monde où les usages évoluent vite, nous avons souvent tendance à choisir la facilité, la rapidité. Or, la coexistence de plusieurs solutions reste un atout stratégique – autant pour la sécurité que pour la liberté de choix.
Le cash : un socle durable et efficace face aux défaillances numériques
Il ne se passe pas un jour sans que de nouvelles arnaques ciblent les paiements dématérialisés : fraude à la carte, détournements de virements, faux emails... Ces fraudes numériques représentent des milliards d’euros, et la carte bancaire reste le canal le plus touché.
À l’inverse, les espèces font l’objet de fraudes bien moindres : en 2024, seuls 554 000 faux billets ont été détectés dans toute la zone euro, selon la BCE. Ce qui représente 18 faux billets détectés pour un million de coupures authentiques.
Même si l’accès au cash dépend d’une infrastructure numérique (DAB, systèmes bancaires), il reste possible d’en sécuriser l’usage par anticipation. Garder une réserve d’espèces chez soi ou sur soi, c’est éviter d’être pris au dépourvu en cas de panne, d’attaque ou d’indisponibilité des réseaux.
En cas de défaillance généralisée — attaque ransomware, panne réseau ou bug logiciel — le cash reste immédiatement fonctionnel : sans besoin d’électricité, d’internet ou de système centralisé. C’est une solution simple, fiable, indépendante et toujours opérationnelle à condition de faire preuve de bon sens et de prévoir toujours de disposer de quelques billets pour « le cas ou ».
Dans ce sens, le cash demeure un outil de résilience essentiel, garantissant la continuité des échanges lorsque tout le reste s’écroule.
Diversité des moyens de paiement : un enjeu stratégique
La résilience de notre système de paiement ne repose pas uniquement sur la technologie ou l’innovation, mais aussi sur la capacité à préserver des alternatives fiables, complémentaires et inclusives. Face à l’accélération de la dématérialisation, la tentation est grande de considérer l’argent liquide comme dépassé, voire inutile. Pourtant, réduire ou restreindre son accès reviendrait à fragiliser l’ensemble de l’écosystème.
Au-delà des considérations de sécurité, le maintien des espèces participe aussi à la cohésion sociale. Il garantit l’inclusion de celles et ceux qui n’ont pas accès ou ne souhaitent pas recourir aux outils numériques. En période de crise – qu’elle soit technologique, économique ou humanitaire – le cash joue un rôle stabilisateur, immédiat et universel.
Soutenir la pluralité des moyens de paiement, c’est faire le choix d’un système robuste, capable d’absorber les chocs sans mettre en péril la continuité des échanges.
Les paiements sécurisés passent par des choix pluriels et l’anticipation
En définitive, le progrès technologique n’exclut pas le bon sens. Si les paiements numériques offrent souplesse, rapidité et connectivité, nous devons garder à l’esprit qu’ils sont aussi plus exposés à des risques systémiques. À l’inverse, le cash, moyen de paiement plus ancien, reste un pilier fiable de la continuité économique en toutes circonstances. Ainsi, pour faire face aux problématiques de pannes ou d’attaques cyber, il faut anticiper : avoir toujours chez soi, sur soi, une réserve de cash et l’utiliser régulièrement (au moins une fois par semaine) afin d’assurer la disponibilité des espèces partout tout le temps.
Il n’y a pas à choisir entre paiement numérique et espèces, mais plutôt à reconnaître la complémentarité des deux. Et dans cette complémentarité, anticiper une éventuelle indisponibilité du numérique en conservant un minimum de cash sur soi ou chez soi est un acte responsable. Dans un monde numérique toujours plus vulnérable, maintenir un accès fluide, équitable et sécurisé aux espèces est une décision pragmatique – autant pour renforcer la résilience collective que pour préserver la liberté individuelle.
