Le 13 août 2025, le Conseil fédéral a confirmé dans un communiqué sa volonté d’acquérir 36 avions de combat Lockheed Martin F-35A auprès des États-Unis, dans le cadre du programme Air2030. Cette décision intervient alors que Washington a refusé de s’engager sur un prix fixe, ouvrant la voie à des coûts additionnels évalués entre 650 millions et 1,3 milliards de francs suisses (soit environ 670 millions à 1,34 milliards d’euros).
Surcoûts et bras de fer diplomatique entre la Suisse et les États-Unis
Selon la Radio Télévision Suisse, les discussions menées cet été entre Berne et Washington ont échoué à obtenir une garantie tarifaire. Le ministre suisse de la Défense, Martin Pfister, a reconnu : « La Suisse considère toujours que le contrat conclu avec Washington contient un prix fixe. Mais l’autre partie ne l’accepte pas et l’autre partie est plus puissante que la Suisse. »
Le surcoût estimé pourrait atteindre 1,3 milliards de francs suisses, au-delà des 6 milliards approuvés par référendum en 2020. Une situation qui pourrait se traduire en cauchemar budgétaire pour les finances fédérales, les exigences américaines pouvant grimper jusqu’à 1,5 milliards de francs suisses supplémentaires.
Un contrat politiquement sensible et stratégiquement crucial
Le communiqué officiel confirme que le Département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports (DDPS) a reçu mandat de poursuivre la procédure d’acquisition et de défendre la validité du prix ferme convenu. Le texte précise que « le Conseil fédéral approuve la suite de la procédure d’acquisition préconisée par le DDPS et les discussions diplomatiques sur le prix ferme convenu. Il défend la validité de ce prix et maintient son intention d’acheter les F-35A. »
Malgré cette posture ferme, les partis politiques suisses restent divisés. Les socialistes et les Verts réclament l’annulation pure et simple du contrat, tandis que le Centre et le PLR soutiennent l’achat mais demandent des explications sur la gestion et la communication du dossier. Le PVL, quant à lui, milite pour réduire le nombre d’appareils commandés afin de limiter l’impact budgétaire.
Air2030 : un choix technologique sous tension
Le programme Air2030, lancé pour moderniser la protection de l’espace aérien suisse, repose sur le remplacement des anciens F/A-18 Hornet par des F-35A de cinquième génération. Ces avions sont réputés pour leur furtivité et leurs capacités avancées de combat en réseau, mais leur prix et leurs coûts d’entretien suscitent de vifs débats.
Pour le Conseil fédéral, renoncer ou réduire la commande compromettrait la cohérence stratégique et les capacités opérationnelles futures des Forces aériennes. Toutefois, les négociations avec les États-Unis, où l’avion est produit par Lockheed Martin, s’annoncent délicates dans un contexte où la partie américaine refuse toute concession tarifaire.
Entre impératifs stratégiques et contraintes budgétaires, la Suisse avance donc sur une ligne de crête. Le gouvernement mise sur la poursuite des discussions diplomatiques pour limiter les surcoûts, tout en maintenant le cap sur l’intégration des F-35A dans ses forces armées. La bataille des chiffres et des arguments ne fait que commencer.
