Le fait maison pourrait bientôt changer de visage dans les restaurants français. Face aux difficultés du secteur, le gouvernement prépare un assouplissement des règles qui encadrent cette mention très surveillée. Une évolution technique, mais aux conséquences concrètes pour les professionnels comme pour les clients, entre promesse de transparence et crainte d’un brouillage des repères.
Fait maison : ce que les nouvelles règles vont changer au restaurant

Le 11 décembre 2025, à l’issue des Assises de la restauration organisées en France, le gouvernement a confirmé son intention de modifier le cadre réglementaire du fait maison. Cette mention, créée pour valoriser une cuisine réalisée sur place à partir de produits bruts, est aujourd’hui jugée trop restrictive par une partie du secteur de la restauration. L’exécutif souhaite donc adapter les règles, afin de répondre aux réalités économiques, tout en maintenant un niveau d’exigence lisible pour le consommateur.
Fait maison et règles : ce que le gouvernement veut faire évoluer dans les restaurants
Le fait maison, tel qu’il est défini aujourd’hui, repose sur un principe clair. Les plats doivent être élaborés sur place à partir de produits bruts, avec des exceptions limitées et strictement encadrées. Cependant, selon le gouvernement, ces règles ne correspondent plus entièrement aux pratiques actuelles des restaurants. Ainsi, l’exécutif prépare un décret visant à assouplir certains critères, notamment la liste des produits autorisés.
Dans le détail, le gouvernement envisage d’élargir le périmètre des ingrédients compatibles avec la mention fait maison. Par exemple, certains produits transformés en amont, comme les ovoproduits, des légumes blanchis ou encore certaines bases culinaires, pourraient être intégrés sans faire perdre la qualification. Selon le cabinet du ministre chargé du Commerce, « l’objectif est de favoriser la mention fait maison et de faciliter son usage sans diminuer l’exigence », a-t-il expliqué à TF1 Info le 11 décembre 2025. Autrement dit, il s’agit d’adapter la règle aux contraintes des cuisines professionnelles, tout en conservant une différence avec les plats industriels.
Fait maison, restaurants et économie : un assouplissement pour sauver le commerce
Cette réforme du fait maison intervient dans un contexte économique particulièrement tendu pour les restaurants. D’après les chiffres relayés par TF1 Info, environ 25 établissements ferment chaque jour en France, un indicateur alarmant pour un secteur historiquement dense et structurant pour l’alimentation et l’emploi. Dans ces conditions, le gouvernement considère l’assouplissement des règles comme un levier de survie, permettant aux restaurateurs de valoriser leur travail sans se heurter à un cadre jugé trop rigide.
En parallèle, l’exécutif souhaite également simplifier l’accès au titre de « Maître-Restaurateur », souvent associé au fait maison dans l’esprit du public. Aujourd’hui, seuls environ 3 000 professionnels bénéficient de ce label officiel, qui repose sur un cahier des charges exigeant. Le gouvernement ambitionne d’en compter 10 000 d’ici 2027, selon les informations publiées par les Dernières Nouvelles d’Alsace. Cette stratégie globale vise à soutenir le commerce de proximité et à redonner de la visibilité à une restauration artisanale, sans pour autant exclure les établissements aux moyens plus limités.
Les organisations professionnelles, comme l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie, accueillent favorablement cette orientation. Toutefois, elles réclament des garanties supplémentaires. Selon un communiqué repris par TF1 Info, l’UMIH estime que l’assouplissement du fait maison doit s’accompagner d’un affichage obligatoire de la mention dans tous les restaurants. L’objectif est clair : éviter une concurrence déloyale et garantir une information homogène pour les clients, quel que soit l’établissement.
Fait maison, alimentation et consommateurs : quels changements pour les clients des restaurants
Pour les consommateurs, l’évolution des règles du fait maison soulève plusieurs interrogations. D’un côté, le gouvernement affirme vouloir préserver la transparence et la qualité de l’alimentation proposée au restaurant. De l’autre, certains craignent que l’élargissement des produits autorisés brouille la frontière entre cuisine artisanale et préparations issues de l’industrie agroalimentaire. Cette tension est au cœur du débat actuel, car la mention fait maison joue un rôle central dans la perception de la qualité et du prix des plats.
Historiquement, cette mention a rencontré un succès limité. Selon des données, moins de 8 000 restaurants sur environ 175 000 en France utilisaient officiellement le fait maison sous l’ancien régime. Ce chiffre illustre le décalage entre l’intention initiale de la règle et sa réalité sur le terrain. Pour le gouvernement, l’assouplissement permettrait donc de rendre la mention plus attractive, et donc plus informative pour le client. Toutefois, des chefs et défenseurs de la gastronomie alertent sur le risque d’une banalisation. Thierry Marx, président de l’UMIH, a ainsi déclaré dans La Gazette de France que le fait maison devait rester un marqueur fort pour « reconnaître ceux qui cuisinent vraiment chaque jour à partir de produits bruts ».
Dans les salles de restaurant, ces changements pourraient se traduire par une communication plus visible autour du fait maison, mais aussi par une évolution de l’offre. Certains plats pourraient désormais être estampillés fait maison alors qu’ils ne l’étaient pas auparavant, en raison de contraintes techniques plutôt que d’un manque de savoir-faire. Pour les clients, l’enjeu sera donc de comprendre ce que recouvre réellement la mention, dans un paysage réglementaire en mutation. L’information, plus que jamais, devient un élément clé de la relation entre restauration et consommation.
