Engagé depuis toujours dans l’éthique de ses investissements, le fonds souverain norvégien a annoncé son retrait de Caterpillar et de plusieurs banques israéliennes, invoquant des violations graves du droit international humanitaire liées à Israël et à la guerre à Gaza.
Le fonds souverain norvégien rompt avec Israël, ses banques et Caterpillar

Le 25 août 2025, le Government Pension Fund Global (GPFG), fonds souverain de la Norvège et plus grand au monde avec près de 2 000 milliards de dollars d’actifs, a officialisé son désengagement de Caterpillar ainsi que de cinq banques israéliennes. La décision de frapper directement Israël est justifiée par un « risque inacceptable » de contribution à de graves atteintes aux droits humains dans un contexte de guerre et de conflit, selon Norges Bank Investment Management.
Israël et Caterpillar au centre d’une décision historique d’exclusion
L’annonce met Israël et ses exactions dans la bande de Gaza une nouvelle fois sous le feu des projecteurs, car Caterpillar et les banques visées sont accusées d’alimenter indirectement la politique de colonisation. Le Conseil d’éthique du fonds souverain norvégien estime que les bulldozers Caterpillar, dont le célèbre modèle D9, « sont utilisés pour commettre des violations généralisées et systématiques du droit international humanitaire », selon son communiqué du 25 août 2025. L’institution ajoute que l’entreprise n’a pris « aucune mesure » pour empêcher cette utilisation illégale.
Fin 2024, le GPFG détenait 1,23 % du capital de Caterpillar, valorisé à 24,4 milliards de couronnes norvégiennes (environ 2,4 milliards de dollars). Selon l’AFP, cela faisait du fonds l’un des dix plus grands actionnaires de l’entreprise américaine. En rompant avec Caterpillar, la Norvège envoie donc un signal d’ampleur sur la place de l’éthique dans ses choix d’investissement.
Les banques israéliennes ciblées pour leur rôle dans la colonisation de la Cisjordanie
Outre Caterpillar, cinq établissements financiers israéliens sont exclus : First International Bank of Israel, FIBI Holdings, Bank Leumi, Mizrahi Tefahot et Bank Hapoalim. Le Conseil d’éthique reproche à ces institutions de fournir des services financiers nécessaires au développement de colonies israéliennes en Cisjordanie. Ce financement est jugé incompatible avec le droit international, car il contribue directement au maintien et à l’expansion de constructions considérées comme illégales.
Au 30 juin 2025, les participations du fonds dans ces banques représentaient environ 661 millions de dollars, selon Reuters. Le détail publié par le Conseil d’éthique révèle qu’au 31 décembre 2024, le GPFG détenait 0,99 % de First International Bank of Israel (553 millions NOK) et 1,68 % de FIBI Holdings (345 millions NOK). En excluant ces acteurs, NBIM acte un tournant dans sa stratégie d’engagement responsable, privilégiant la rupture plutôt que l’actionnariat actif, qu’elle a jugé « inapproprié » pour ce cas précis.
Norvège, investissement et responsabilité en temps de guerre
Le fonds norvégien gère près de 8 500 participations à travers le monde et ses décisions d’exclusion sont scrutées par les investisseurs institutionnels. L’exclusion d’entreprises liées à Israël est particulièrement sensible, car elle intervient dans un climat de guerre à Gaza et de tensions croissantes au Moyen-Orient.
Nicolai Tangen, directeur général de NBIM, a même reconnu que la controverse sur Israël représentait « sa pire crise depuis son arrivée à la tête du fonds », selon Reuters. Cette confession illustre l’ampleur politique et morale du dossier. A peine deux semaines plus tôt, NBIM avait déjà annoncé suspendre provisoirement tout investissement dans des sociétés israéliennes non incluses dans son indice de référence.
