La France à l’heure de la dette

Les statistiques publiées ces derniers jours témoignent d’un indéniable coup de frein de l’économie américaine et confirment le tassement de l’inflation. Les conditions requises pour une baisse des taux directeurs – tant attendue par Wall Street – s’accumulent. Les observateurs tablent désormais sur une probable intervention de la FED au début de l’été.

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Par Jacques de Panisse Publié le 13 mars 2024 à 5h30
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1%La croissance de la France a été revue à 1% pour 2024.

Bien sûr, il faut demeurer prudent : malgré les ajustements appliqués aux calculs pour intégrer les décalages liés aux saisons, les conditions climatiques hivernales peuvent être en grande partie responsables de ce ralentissement soudain. S’il faut de ce fait attendre la confirmation de la tendance, celle-ci semble néanmoins se mettre en place.

Les marchés financiers américains ont été portés ces derniers mois par la qualité des résultats publiés. Récemment, les dirigeants d’entreprise ont cependant fait part d’anticipations souvent plus mesurées pour les trimestres à venir.

L’enclenchement d’une série de baisses des taux directeurs permettrait d’améliorer sensiblement la valorisation des profits et de contribuer ainsi à une nouvelle appréciation des cours de bourse. Il faudra seulement s’assurer que le bénéfice de taux plus bas ne soit pas annulé par le poids de bénéfices moindres. En un mot, un coût du crédit plus modeste ne peut compenser une dégradation trop marquée des résultats.

Après avoir souhaité une activité plus modérée, les investisseurs vont craindre un ralentissement trop prononcé !

En Chine, la consommation ne repart pas. Traumatisés par la faillite de grandes sociétés immobilières qui fragilisent la valeur de leur patrimoine laborieusement acquis au cours des années, les chinois préfèrent épargner. L’économie ralentit – elle atteindra péniblement 4% à 5% en 2024 - et s’oriente dès lors vers l’exportation.

Les restrictions imposées par les Etats-Unis réduisent les débouchés et pourraient être encore renforcées en cas de succès de Donald Trump aux présidentielles. De ce fait, la Chine se concentre sur l’Europe qui accueille généreusement ses produits, bien plus compétitifs que les productions européennes, pénalisées par des charges et des normes toujours plus lourdes qu’elles sont les seules à supporter.

La concurrence déloyale des produits chinois, encouragée par des instances européennes peu responsables, contribue à la dégradation continue de nombreuses industries européennes.

La situation est préoccupante en Allemagne, fragilisée notamment par sa politique énergétique, mais elle se dégrade également en France. En dehors de l’informatique et du textile tous les secteurs affichent des performances en baisse depuis janvier 2020. Les derniers chiffres sont fâcheux.

Cette situation est sans doute à rapprocher du virage opéré récemment par Bruno Le Maire qui souhaite instamment faire 10 milliards d’économie. Il est probable que le ralentissement à l’œuvre est annonciateur de moindres recettes fiscales. Or le Ministre des Finances est conscient qu’il serait déraisonnable d’afficher un déficit budgétaire significativement supérieur aux prévisions, étant donné l’ampleur de l’endettement de la France. Nul ne sait quand les marchés considèrent que la limite a été franchie et que le pays débiteur ne mérite plus la confiance qui lui fut longtemps accordée. La France pourrait bien être entrée dans cette zone grise où la crédibilité peut être à tout moment entamée.

Le parcours des indices d’actions s’est révélé particulièrement favorable depuis le début de l’année. Cependant il faut garder à l’esprit que cette année 2024 va connaître des changements politiques et économiques majeurs, du fait des élections et d’une croissance défaillante qui va réenclencher un courant désinflationniste. Le calendrier des chamboulements qui vont en résulter est encore difficilement prévisible. Il n’en sera pas moins déterminant.

Sachant que la gestion passive est à l’origine de 70% des flux. Les réallocations qui seront décidées par ces gestions algorithmiques entraîneront des revirements et des réorientations à ne pas manquer. Plus que jamais, le comportement des marchés mérite la plus grande attention.

Jdpanisse

Jacques de Panisse est président du directoire, gérant et associé d'Optigestion. Après un début de carrière dans le marketing grande consommation, chez Jacques Vabre puis Kellog's, il s’oriente dès 1987 vers la gestion d’actifs financiers. Après avoir passé 7 ans au CCF, comme responsable de la gestion de portefeuilles à l’agence centrale, puis gérant à la BPI (section grands comptes du groupe), Jacques de Panisse choisit de rejoindre Optigestion en 1996.

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