Nous sommes en 2025, depuis plusieurs décennies a commencé à apparaître une France coupée en deux. En fait, c’est plutôt dans les années 80 que sa naissance et son développement se sont révélés dans une nouvelle idéologie faisant de l’anti-immigration une thèse de droite dans le sillage du front national.
Une France politiquement, socialement fracturée, coupée en deux voire en trois

En revanche, il existe aussi une autre coupure de la France en deux : Celle dit d’en bas et celle d’en haut.
Il est possible d’y adjoindre encore la France périphérique avec la campagne et la France des grandes villes. Cette révolution est survenue petit à petit par le décrochage de cette France lointaine par rapport à celle des grandes villes. La baisse du niveau de vie, les fermetures d’usines, la désertification des campagnes, la détérioration des services publics, le prix des carburants, moins de médecins, pharmacies, commerces, écoles, les changements de mode de transport avec en plus la pression écologique, ont bouleversé les modes de vie. Un sentiment de désintérêt des élites et gouvernants s’est de plus en plus accentué provoquant entre autres la crise des gilets jaunes.
Toutes ces fractures divisent profondément la nation. L’idée qu’il a deux France, celle des élites et celle d’en bas n’est pas nouvelle mais c’est depuis l’émergence du RN qu’elle s’est accentuée.
L’autre critère de différentiation s’est petit à petit installé par l’allongement de la scolarité avec l’augmentation du niveau d’instruction. Le peuple découvre ainsi qu’il est très loin de ceux qui ont fait des grands discours, peu accessibles, vivant dans un autre monde qui semble très loin du leur.
Beaucoup d’écrivains se sont emparés de ce thème tel Stéphane Beaud et Gérard Noiriel dans « Race et sciences sociales » un thème sur l’identité et la lutte sociale en 1980. C’est aussi Patrick Buisson qui écrit pour Nicolas Sarkozy ; « Dans la cause du peuple » de miser sur le thème de l’identité française qui est structurante, « j’aimais la nation chaîne autant que la nation chêne, la transmission comme enracinement » au lieu de diviser le peuple en plusieurs entités ethniques en guerre les unes contre les autres.
Il existe aussi la théorie ou pensée de Samuel Huntington reprise par le RN, qu’il existe deux peuples dans une France et non plus deux Frances pour un seul peuple repris par Renaud Camus dans « Le grand remplacement » qui voit la transformation de nature totalement nouvelle vers un changement de peuple.
Michel Winock historien est certainement un de ceux qui a le mieux expliqué les fractures françaises de notre pays notamment « celle des élites et celle d’en bas », annonce que « la France est très instrumentalisée par le RN »
Depuis la dissolution de l’Assemblée nationale le 9 juin 2024 par le Président Emmanuel MACRON et les élections législatives du 30 juin et 7 juillet, la France se trouve politiquement coupée en trois. C’est-à-dire qu’elle est devenue presque ingouvernable.
Le gouvernement Barnier en a fait les frais avec la censure après guère plus de trois mois en place du 05.09.24 au 13.12.2024. Cette France coupée en trois sera très difficilement gérable. C’est au tour du gouvernement Bayrou de se démener pour trouver un budget acceptable et surtout un consensus.
Comme le dit Alexandre Ouizille, il existe actuellement un parfum de fin de règne et « l’expérience historique nous montre que lorsque la question sociale domine l’agenda, le spectre de la guerre civile identitaire semble disparaître de la conscience collective »
Redresser la France devrait être le seul objectif de ceux qui ont des responsabilités politiques. Je ne parle pas spécialement de ceux qui sont aux commandes. Nous pourrions croire qu’ils n’en ont pas conscience !!! Leurs intérêts semblent très divergents de ceux de notre nation qui pourtant aurait besoin d’un grand consensus national.
Denis Olivennes (1) vient de sortir un livre qui me réjouis : » La France doit travailler plus », après un ancien de 1993 : » La préférence française pour le chômage » qui à l’époque avait fait grand bruit mais sans aucune répercussion sur la ligne politique de nos dirigeants, puisqu’en 2000, après la retraite à 60 ans de 1983, nous sommes passés de 40/39 heures à 35 heures. Bravo Madame Aubry.
Je rappelle tout de même que tout salarié qui part en retraite avant 65 ans, fait perdre l’embauche de plus de 3 jeunes. C’était toujours la cause d’un chômage élevé des jeunes qui est monté jusqu’à près de 29% alors que sur l’ensemble des salariés, nous n’avons pas dépassé les 13,5% !!!
Sans « vieux » au travail la France va mal mais sans jeune c’est encore pire. La jeunesse (motivée) c’est la gloire et la prospérité de la France de demain.
(1)Denis Olivennes est né le 18 octobre 1960 à Paris, il rentre au (CERES), Normalien (ULM) agrégé de lettres et IEP, auditeur de la Cour des Comptes, en 1992 conseiller de Michel Sapin (Economie) puis conseiller de Pierre Bérégovoy 1er Ministre, Dr Gl d’Air France 93 à 97, PDG de Numericable, en 2000 il devient DG de Canal + et Pdt, rejoint en 2002 le groupe PPR (Pinault-Kering) Dr distribution, en 2003 Pdg de la FNAC, en 2008 il est Pdt d’Europe 1 en 2010 et responsable du pôle d’information de Lagardère Active puis PDG, départ en 2018 pour être Pdg de CMI France et Pdt du Comité de soutien de la fédération des ligues des droits de l’homme (FIDH).
Il est aussi auteur de plusieurs ouvrages dont « l’impuissance publique avec Nicolas Baverez », le délicieux malheur français, …Mais aussi contributeur pour l’Institut Diderot…