En prévision du budget 2026, le gouvernement veut doubler les franchises médicales et élargir leur champ d’application. Une décision lourde de conséquences, notamment pour les patients atteints de maladies chroniques, alors que l’État cherche à réduire drastiquement le déficit de la Sécurité sociale.
Budget 2026 : vers 200 euros de franchises médicales par an pour les Français ?

Le 15 octobre 2025, dans le cadre du projet de budget 2026, le gouvernement a confirmé son intention d'augmenter sensiblement les franchises médicales. Ce dispositif, qui désigne la part des frais de santé restant à la charge des assurés après remboursement par l’Assurance maladie, pourrait être profondément modifié. L’objectif annoncé est de contenir les dépenses de santé, alors que le déficit de la Sécurité sociale menace d’atteindre des niveaux records. Mais cette mesure, jugée injuste par de nombreuses associations de patients, suscite un vif débat.
Augmentation des plafonds et des montants : une mesure budgétaire ciblée
Le projet gouvernemental prévoit un doublement des franchises médicales et des participations forfaitaires, tant en termes de montant unitaire que de plafonds annuels. Selon BFMTV, la franchise sur les boîtes de médicaments passerait de 1 à 2 euros, tandis que celle appliquée aux actes médicaux grimperait de 2 à 4 euros. En parallèle, les plafonds annuels seraient réévalués de 50 à 100 euros, tant pour les franchises que pour les participations forfaitaires, soit un reste à charge potentiel total de 200 euros par an pour chaque assuré.
« Même s’il ne s’agit pas à proprement parler d’une mesure législative, le gouvernement indique dans le texte qu’il entend doubler le montant – et les plafonds annuels – des franchises médicales et participations forfaitaires … », peut-on lire dans le document officiel relayé par RMC/BFMTV.
Ces changements, qui pourraient être actés par décret sans passage parlementaire, s’inscrivent dans une stratégie d’assainissement budgétaire : selon BFMTV, le gouvernement table sur 2,3 milliards d’euros d’économies issues de cette seule mesure. Le Haut Conseil des finances publiques confirme cette estimation. Le déficit de la Sécurité sociale passerait ainsi de 23 milliards d’euros en 2025 à 17,5 milliards en 2026, si toutes les réformes prévues sont appliquées.
De nouveaux soins visés : lunettes, pansements et fauteuils roulants dans le viseur
Au-delà de l’augmentation des franchises médicales existantes, le texte présenté par l’exécutif propose une extension inédite du champ d'application de ces dispositifs. Seraient désormais concernés des produits de santé jusqu’alors exonérés : lunettes correctrices, pansements, prothèses, fauteuils roulants et préservatifs. Cette nouvelle orientation, révélée par BFMTV, pourrait bouleverser les modalités de remboursement des soins les plus fréquents du quotidien.
« Le gouvernement prévoit d’étendre l’application des franchises médicales à des dispositifs jusque-là non concernés : lunettes, pansements, prothèses, préservatifs », indique BFMTV dans le même article. Cette évolution pourrait signifier que, pour chaque produit ou dispositif médical remboursé, une part fixe serait systématiquement déduite du remboursement, réduisant d’autant l’intervention de l’Assurance maladie.
Cette perspective suscite de vives inquiétudes. France Assos Santé, dans un communiqué du 5 septembre 2025, dénonce un « passage en force » de l'exécutif. L'organisation s’appuie sur une estimation interne selon laquelle un patient atteint d’affection de longue durée pourrait supporter jusqu’à 72 euros supplémentaires par an du fait de cette réforme.
Critiques politiques et sociales : vers une fracture sanitaire ?
L’ampleur de la réforme, sa méthode d’adoption par décret, et ses effets potentiellement inégalitaires nourrissent une contestation grandissante. Le 4 septembre 2025, le conseil de la CNAM a rejeté le projet : 21 voix contre, 12 pour, une abstention. Une opposition nette qui reflète les craintes des représentants des usagers comme des professionnels de santé.
De son côté, l’UNSA fustige une « odieuse attaque contre les malades », et déplore l’absence de débat démocratique sur une mesure qui touche directement au pouvoir d’achat des Français. L’organisation syndicale rappelle que le doublement de ces prélèvements pourrait s'appliquer dès 2026, sans que les citoyens aient été consultés ni même représentés au Parlement.
D’un point de vue strictement budgétaire, la réforme s’inscrit dans un plan plus large d’économie de 7,1 milliards d’euros dans le champ de la santé, selon les chiffres publiés par BFMTV. Le gouvernement souhaite ainsi ramener le déficit structurel à un niveau plus soutenable, sans augmenter les cotisations sociales. Mais ce choix de faire peser l’effort sur les patients interroge sur l’équité de la répartition.
Enfin, Le Monde souligne que le surcoût moyen pour un assuré resterait limité à 8 euros par mois, ce que les autorités présentent comme un compromis raisonnable. Toutefois, cette moyenne masque des disparités importantes : les personnes atteintes de pathologies chroniques, souvent les plus fragiles économiquement, risquent d’être particulièrement impactées.