Dans un climat de méfiance grandissante envers la fiabilité du diagnostic de performance énergétique (DPE), le gouvernement français a franchi une nouvelle étape en instaurant une mesure radicale : à compter du 1er octobre 2025, les professionnels réalisant plus de 1 000 diagnostics par an seront suspendus, sauf justification valable. Cette décision, officialisée le 1er août au Journal officiel, vise à enrayer les dérives constatées dans le secteur depuis près de deux ans.
DPE : les diagnostiqueurs trop performants seront suspendus

Suspension des diagnostiqueurs : une réponse directe aux soupçons de fraude
Le DPE, obligatoire lors de toute mise en location ou vente d’un logement, est devenu un pilier de la stratégie nationale pour la rénovation énergétique. Mais sa généralisation a révélé des pratiques inquiétantes : évaluations fictives, visites écourtées, diagnostics standardisés sans prise en compte des spécificités du bâti. Face à cette situation, les autorités ont opté pour une politique de tolérance zéro.
« Tout diagnostiqueur réalisant plus de 1 000 DPE de maisons individuelles ou d'appartements sur une période glissante de 12 mois fera l'objet d'une suspension, sauf justification recevable », a indiqué le ministère du Logement dans un communiqué publié le 1er août 2025 relayé par la presse.
Restaurer la confiance, renforcer les contrôles, rendre le DPE réel
L’arrêté s’inscrit dans un plan d’action global lancé dès juin 2025, qui avait déjà amorcé un durcissement des règles professionnelles : renforcement de l’examen de certification, ajout d’un QR code obligatoire sur chaque rapport, et mise en place d’un outil de détection statistique des irrégularités.
Selon le gouvernement, la nouvelle règle doit permettre de « garantir que chaque visite soit effectivement réalisée » et de « préserver la qualité des diagnostics » tout en « restaurant la confiance des Français dans le DPE », détaille Le Parisien. Les diagnostiqueurs visés auront toutefois « un droit au contradictoire », offrant la possibilité de justifier leur volume d’activité ou de contester une suspension.
Un seuil de 1.000 DPE par an : suffisant ?
En fixant un seuil de 1 000 DPE annuels, soit près de 4 diagnostics par jour ouvré, l’État envoie un signal fort mais suscite aussi des interrogations dans la profession. Certaines entreprises bien structurées pourraient être pénalisées malgré des pratiques irréprochables. D’autres dénoncent un risque de surcharge administrative ou un contrôle algorithmique jugé trop intrusif.
La suspension sera accompagnée, en cas d’abus confirmés, d’une inscription sur liste noire pendant 18 mois, voire 24 mois en cas de récidive. Cette base de données sera centralisée et exploitée par l’Ademe, l’agence publique en charge des données environnementales.
Ce durcissement marque une inflexion assumée : à l’approche de plusieurs échéances réglementaires liées à la performance énergétique des logements, l’État entend faire du DPE un outil fiable, traçable, et vérifiable à chaque étape. Alors que l’extension de MaPrimeRénov’ et les obligations de rénovation énergétique pour les passoires thermiques doivent s’intensifier d’ici 2026, le renforcement du DPE devient une priorité politique autant qu’une nécessité technique.
