Santé : votre médecin sera-t-il en grève ?

Les syndicats des médecins libéraux préparent un « vendredi noir » pour le gouvernement. Une majeure partie des cabinets seront fermés à compter du vendredi 13 octobre 2023.

Axelle Ker
Par Axelle Ker Modifié le 12 octobre 2023 à 13h50
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1,5 eurosC'est l'augmentation accordée par l'Assurance Maladie pour les tarifs de consultation de médecine générale

Grève : l'intersyndicale des médecins libéraux promet un « vendredi noir »

L'orage se rapproche dangereusement : « À compter du 13 octobre, la médecine libérale va s’arrêter », a ainsi déclaré Philippe Cuq, porte-parole de l'intersyndicale des médecins libéraux et coprésident d'Avenir Spe bloc. Les médecins libéraux se préparent à un mouvement de grève sans précédent et pour une durée illimitée. « Ce jour de grève sera reconductible tant qu’il n’y aura pas de réaction des pouvoirs publics (...) toutes les activités médicales et les consultations seront déprogrammées, les urgences transférées à l’hôpital, et la permanence des soins ne sera pas assurée. On verra alors les conséquences sur l’accès aux soins », a martelé Philippe Cuq. « Nous le faisons la mort dans l’âme, mais nous n’avons pas d’autre solution », ajoute le porte-parole de l'intersyndicale des médecins libéraux.

Les syndicats des médecins libéraux réclament une revalorisation des tarifs de consultation ainsi que la réécriture de la loi Valletoux qui vise à réduire les déserts-médicaux (87 % du territoire) et qui sera de nouveau examinée au Sénat ce vendredi 13 octobre 2023. Si cette profession n'a pas pour habitude de se mettre en grève en raison de son importance et de son impact sur la société, la grève des médecins libéraux pourrait avoir de lourdes conséquences pour les patients, mais aussi sur le secteur public, déjà saturé en temps normal. « Nous avons bloqué nos agendas, et dans notre cabinet de Guidel, c'est zéro rendez-vous à partir de vendredi... il faudra se rendre aux urgences, qui risquent d'être dramatiquement surchargées. Oui, c'est un peu jusqu'au-boutiste, mais c'est le but d'une grève de faire bouger les choses », a averti Mélanie Rica-Henry, médecin généraliste et présidente du collectif Médecins pour demain, auprès de nos confrères de Ouest-France.

Les revendications des médecins libéraux

Patrick Gasser, figure emblématique du mouvement, déclare : « Nous voulons que notre travail soit reconnu à sa juste valeur ». Par la grève, les médecins libéraux font pression sur le Sénat afin qu'il rejette la loi Valletoux qui comporte des dispositions contraignantes pour eux. L'ensemble de la profession juge la proposition de loi du député Frédéric Valletoux comme étant « un texte de bureaucrates » et qui instaure des contraintes « à tous les articles ». En effet, la profession, étant déjà sous tension, la loi Valletoux empêche un médecin qui ne s'est pas installé et tout autre professionnel de santé de signer un contrat intérim dans le cas où il n'aurait jamais exercé dans un établissement de santé. Le texte prévoit également une obligation d'engagement dans les permanences de soins le weekend et la nuit pour les professionnels de santé libéraux. Comme le souligne Théophile Denis, un des représentants de l'intersyndicale, « Les gardes de nuit des internes sont payées 11,52 euros de l’heure, alors qu’il s’agit d’un travail épuisant, exigeant et indispensable à notre système de santé ».

« Nos cabinets, qui sont des petites entreprises libérales, ne peuvent pas vivre avec des tarifs qui pour certains datent de 1990. Si on met les moyens dans la médecine libérale, l’accès aux soins se passera bien », souligne Philippe Cuq, porte-parole de l'intersyndicale des médecins libéraux. En ce sens, avec l'inflation et suite au mécontentement des nouveaux tarifs des consultations, issus des négociations entre le gouvernement et l'Assurance maladie (+1,5 euros à compter du 1er novembre 2023), l'intersyndicale demande de nouvelles négociations. Si le gouvernement ne semble pas prêt à faire des concessions sans contrepartie de la part de la profession, le ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, laisse supposer que de prochaines négociations entre les médecins libéraux et la Sécurité Sociale pourraient se tenir. Quoi qu'il en soit, le rapport de force semble être à l'avantage de l'intersyndicale.

Selon les estimations, il est possible qu'un cabinet sur deux soit fermé à partir de ce vendredi 13 octobre. Comme l'a précisé l'intersyndicale des médecins libéraux, les Français en attente de soins ou de consultation devront se tourner vers le service public (appeler le numéro 15). Les téléconsultations et le renouvellement d'ordonnance (en pharmacie, si votre ordonnance a moins de trois mois) seront disponibles.

Axelle Ker

Diplômée en sciences politiques et relations internationales, journaliste chez Économie Matin & Politique Matin depuis septembre 2023.

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