La grève déclenchée le lundi 4 août 2025 dans les usines de Boeing situées dans le Missouri et l’Illinois, aux États-Unis, soulève des inquiétudes majeures. En plein été, plus de 3 000 ouvriers ont cessé le travail, interrompant la fabrication de plusieurs modèles d’avions de chasse. Ce conflit social met en lumière les tensions profondes entre la direction de Boeing et ses équipes de production, malgré une offre salariale jugée généreuse sur le papier.
Un rejet massif malgré une proposition salariale ambitieuse
La grève, initiée à minuit dans la nuit du dimanche au lundi, est le fruit d’un vote sans équivoque. Les membres du syndicat IAM District 837 ont voté à la majorité le rejet de l’accord proposé par la direction. L’offre comprenait pourtant une augmentation moyenne des salaires de 40 %, assortie d’une amélioration des congés payés.
Mais cette proposition n’a pas convaincu. Selon les représentants syndicaux, les revendications principales portaient moins sur la rémunération que sur les horaires alternatifs et les conditions de travail. « Trop, c’est trop. C’est une question de respect et de dignité », a déclaré le syndicat dans un communiqué publié sur X, repris par BFMTV.
Les avions de chasse touchés : une menace pour les livraisons militaires
Les ouvriers grévistes travaillent sur des programmes stratégiques. Les sites concernés produisent des appareils comme le F-15, le F/A-18 Super Hornet, ainsi que le ravitailleur KC-46 Pegasus, des équipements essentiels à l’arsenal des États-Unis.
Ce mouvement social menace directement le calendrier de livraison de ces avions de chasse. Or, les tensions internationales actuelles rendent tout retard particulièrement sensible. Boeing a reconnu l’impact potentiel sur la production, tout en affirmant vouloir poursuivre les discussions.
Boeing tente de temporiser face à une grève très médiatisée
La réaction de l’entreprise ne s’est pas fait attendre. Dan Gillian, vice-président exécutif de Boeing Defense, Space & Security, a exprimé sa déception : « Nous sommes déçus que nos employés aient rejeté une offre qui prévoyait une augmentation salariale moyenne de 40 % et qui résolvait leur principale préoccupation concernant les horaires de travail flexibles. », rapporte Les Échos.
Mais du côté des ouvriers, la défiance reste forte. Beaucoup dénoncent un manque de reconnaissance malgré les efforts fournis, en particulier dans un contexte où les profits de l’entreprise sont repartis à la hausse depuis 2024.
Une rupture sociale au cœur de l’industrie de défense
La grève en cours chez Boeing Defense constitue la première mobilisation de cette ampleur depuis 1996 dans cette branche du groupe. Elle reflète une fracture profonde entre direction et base ouvrière, dans un secteur pourtant critique pour la souveraineté militaire des États-Unis.
Reste à savoir si Boeing saura renouer le dialogue avant que cette mobilisation ne paralyse durablement ses chaînes d’assemblage. En attendant, le bras de fer est engagé — et les enjeux dépassent largement les murs des usines de St. Louis et Mascoutah.

