Médicaments : vers une hausse des prix des génériques ?

François Braun, ministre de la Santé, a prévenu : les pénuries de médicaments ne sont pas encore derrière nous. Au contraire : l’hiver 2023-2024 pourrait être une période tendue, en fonction de l’évolution des épidémies saisonnières. Pour éviter le risque de rupture de stocks, la France va relocaliser la production. Mais en attendant que ça se fasse, François Braun a une autre idée…

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 16 juin 2023 à 15h04
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65%Le paracétamol est remboursé à 65% par la Sécurité sociale.

Une augmentation des prix des médicaments génériques ?

Remboursés par la Sécurité Sociale, et préférés par cette dernière aux médicaments de marque, les génériques sont au centre des préoccupations du ministre de la Santé. En 2022, lors de la triple épidémie de grippe, bronchiolite et Covid-19, c’est le paracétamol qui a connu des difficultés d’approvisionnement. Au point que les ventes ont été restreintes. Or, le paracétamol est tout simplement le médicament le plus consommé en France.

Afin d’inciter les industriels à en produire, François Braun tend la main. Il s’est dit « prêt à envisager » une augmentation du prix. Interrogé par la Commission d’enquête du Sénat sur le sujet des pénuries, il lance un appel aux laboratoires. « Amenez-nous des éléments de transparence pour voir quel est le prix de production réel. »

Sur cette base, la Sécurité Sociale pourrait alors faire un geste. Soit augmenter le montant payé pour ces médicaments de base.

Une solution contre les pénuries… ou pas ?

Les laboratoires pharmaceutiques se plaignent en effet d’une hausse des coûts de production. L’augmentation du prix des matières premières, du transport et de l’énergie pèsent en effet sur le coût de fabrication. Or, entre temps, la Sécurité sociale n’a pas fait évoluer les prix. Selon les laboratoires, désormais le coût de fabrication est supérieur au prix de vente. En somme, ils produiraient à perte.

Cette situation conduit les entreprises à préférer la livraison des médicaments à des pays qui payent mieux. Ce serait en tout cas une des raisons des précédentes pénuries. Une hypothèse qui n’est pas totalement vérifiée, d’où l’appel du ministre de la Santé. Avec des preuves de ce qu’avancent les laboratoires, il sera donc possible de discuter.

Mais rien ne prouve que la hausse des prix soit une réelle solution. C’est la carotte à l’attention des laboratoires. Et elle s’accompagne, comme toujours, du bâton.

Des pénalités en cas de non-respect des engagements anti-pénurie de médicaments ?

François Braun et Emmanuel Macron sont sur la même longueur d’onde : le prix pourrait être une solution partielle contre les pénuries. Une solution nécessaire : la France court toujours le risque de rupture de stocks. Et il faudra des années avant que la relocalisation de la production et de nouveaux circuits de distribution et approvisionnement ne soient mis en place.

En attendant, le ministre de la Santé a prévenu, devant les Sénateurs jeudi 15 juin 2023 : les laboratoires risquent aussi des sanctions. Ceux qui se sont engagés dans la lutte contre les pénuries encourent de possibles « pénalités ». Ces derniers ont assuré certains volumes de production à la France pour 2026. S’ils ne sont pas respectés, les sanctions tomberont.

Un délai long, malgré tout : durant plusieurs années, le risque de pénuries restera élevé en France.

Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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