Plages, soleil, électro et nuits sans fin… Ibiza promet l’extase. Mais derrière les néons, les urgences hurlent à l’abandon. Vous partez faire la fête ? Voici ce que les ambulanciers veulent que vous sachiez.
À Ibiza, les secours sont débordés : faites attention à vous !

À Ibiza, un appel sur trois aux secours vient des boîtes de nuit. Les urgences saturent, les secours déraillent. Et c’est bien plus grave que ce que vous imaginez.
Ibiza : les services d’urgence saturés par les excès du monde de la nuit
Les chiffres sont sans appel. À Ibiza, jusqu’à un tiers des appels d’urgence est désormais lié aux boîtes de nuit, selon le syndicat local des ambulanciers, cité par The Guardian (juillet 2024). Ces appels concernent en grande partie des fêtards sous l’emprise de drogues récréatives, en état de crise aiguë, souvent difficile à gérer.
« Nous devons immobiliser des personnes prises de crises violentes, parfois agressives. Ce sont des interventions longues, instables et risquées », explique José Manuel Maroto, président du syndicat des services de santé, dans El Diario.
Avec 161 000 habitants à l’année et 3,6 millions de visiteurs en moyenne par saison, la pression est constante. Résultat : les secours publics sont au bord de l’effondrement, au détriment de la population locale.
Les discothèques de l’île, qui peuvent accueillir jusqu’à 10 000 personnes, sont directement visées. Selon Maroto, seul un établissement, le DC-10, aurait recours à une ambulance privée. Les autres dépendent exclusivement des services publics, qui sont déjà sous tension.
« Il est inconcevable que des entreprises générant des millions d’euros de revenus annuels ne puissent pas financer un service qui sature les secours publics », fustige Maroto dans El Diario. Les clubs sont bien tenus d’employer des infirmiers, mais pas d’ambulances. Et c’est là tout le problème.
Drogue omniprésente, morts en série
Ibiza est devenue, depuis les années 1980, un terrain de jeu électronique de l’Europe festive. Des noms mythiques comme le Pacha ou l’Amnesia y brassent des foules chaque été, générant des revenus records.
Et pourtant, selon une étude citée par El Diario, Ibiza est la troisième destination la plus chère de Méditerranée, après Capri et Saint-Tropez. Une part importante de ces revenus atterrit dans les poches de la famille Matutes, propriétaire de nombreux hôtels et clubs. Très peu semble redescendre vers le financement de services de santé.
La consommation de drogues de synthèse est un marqueur omniprésent des soirées sur l'ile espagnole. En 2023, plus d’un million de doses de MDMA ont été saisies lors d’une seule opération policière. Selon une étude publiée dans European Psychiatry (2020), 58 décès liés à la drogue ont été enregistrés à Ibiza entre 2010 et 2016. Parmi eux, plus d’un tiers étaient de jeunes Britanniques.
Le cocktail est explosif. La fête sans limites, la drogue librement accessible, et les clubs déresponsabilisés laissent les ambulanciers seuls face à l’urgence. Résultat : des agressions de soignants, des équipements insuffisants, et un système en régression, comme l’affirme José Manuel Maroto.