Impôts : la France n’est plus championne d’Europe

Selon les toutes dernières données d’Eurostat publiées le 31 octobre 2025, la pression fiscale en Europe atteint des sommets inédits. Derrière ces chiffres, une hiérarchie se dessine : la France, le Danemark et la Belgique forment le trio de tête des pays européens où les impôts pèsent le plus lourd sur la richesse nationale.

Paolo Garoscio
By Paolo Garoscio Published on 3 novembre 2025 6h31
Assurance vie : Pourquoi la date du 31 décembre est-elle stratégique pour les retraits d’argent ?
Assurance vie : Pourquoi la date du 31 décembre est-elle stratégique pour les retraits d’argent ? - © Economie Matin
40,4%Le ratio impôts/PIB s’est établi à 40,4 % dans l’UE en 2024.

Au 31 octobre 2025, Eurostat a dévoilé son rapport annuel sur la pression fiscale dans l’Union européenne. L’indicateur central, le ratio impôts/PIB, mesure le poids global des impôts et des cotisations sociales par rapport à la production nationale. En 2024, il s’est établi à 40,4 % dans l’Union européenne et 40,9 % dans la zone euro, selon les chiffres officiels publiés par Eurostat.

France, Danemark, Belgique : le trio de tête de la pression fiscale européenne

Le Danemark, la France et la Belgique conservent leur rang parmi les pays où les impôts représentent la plus grande part du produit intérieur brut. Selon Eurostat, « le plus haut ratio impôts/PIB en 2024 est enregistré au Danemark (45,8 %), en France (45,3 %) et en Belgique (45,1 %) ». Ces taux, presque identiques, traduisent la robustesse des systèmes de prélèvements obligatoires dans ces pays, combinant impôts sur le revenu, taxes à la consommation et cotisations sociales élevées.

La France, deuxième du classement, confirme sa réputation de pays à forte fiscalité, mais perd la couronne. Le fisc français continue de financer un modèle social dense : santé, retraite, éducation et infrastructures publiques. Ces dépenses exigent des recettes fiscales élevées, ce qui explique la stabilité du ratio français autour de 45 %.

Le Danemark, souvent cité comme exemple de modèle nordique, affiche une pression comparable mais mieux acceptée socialement ; la qualité des services publics justifie, pour les citoyens, le niveau des taxes et impôts. Quant à la Belgique, elle reste le troisième pays d’Europe pour la densité fiscale, en raison de charges sociales substantielles et d’un taux marginal d’imposition sur les revenus parmi les plus élevés du continent.

L’Italie, l’Autriche et la Finlande proches du podium

Derrière ce trio, d’autres États européens s’approchent du même niveau d’imposition. L’Italie, selon l’agence ANSA, a enregistré en 2024 une pression fiscale de 42,6 % du PIB, soit un total de 937 milliards d’euros d’impôts et cotisations sociales. Ce chiffre marque une progression d’environ 0,4 point par rapport à 2023.

L’Autriche et la Finlande, chacune autour de 43 % du PIB, complètent ce groupe. Ces pays partagent un modèle européen fondé sur des impôts élevés et un fort taux de redistribution. En Finlande, par exemple, la fiscalité finance largement les prestations familiales, l’éducation et les politiques climatiques. L’Autriche, de son côté, combine un taux d’imposition élevé à une stabilité macroéconomique, signe qu’un haut niveau de taxes n’entrave pas forcément la compétitivité.

Tendances générales : l’Europe reste un continent à forte densité fiscale

Dans son communiqué, Eurostat précise que « le ratio impôts/PIB [...] s’est établi à 40,4 % dans l’UE en 2024, en hausse par rapport à 40,0 % en 2023 ». Cette évolution reflète une augmentation généralisée des recettes publiques : + 387 milliards d’euros, pour atteindre 7 281 milliards d’euros au total. Les impôts et cotisations sociales ont progressé dans 22 pays de l’Union, les hausses les plus marquées étant observées à Malte (de 26,7 % à 29,3 %), en Lettonie (de 33,0 % à 35,5 %) et en Slovénie (de 36,8 % à 38,8 %).

Cette montée des impôts s’explique assez facilement. D’une part, le redressement budgétaire post-pandémie pousse les États à accroître leurs recettes. D’autre part, la hausse des coûts publics — énergie, retraites, défense — pèse sur les budgets nationaux.

L’équilibre fiscal européen entre modèle social et compétitivité

La répartition géographique du poids des impôts est éloquente. Le Nord et l’Ouest de l’Europe concentrent les niveaux les plus élevés ; le Sud et l’Est enregistrent encore des ratios plus faibles, souvent inférieurs à 35 %. Mais les écarts tendent à se réduire. Pour l’Italie et la Slovénie, la pression fiscale progresse rapidement, témoignant d’une convergence des politiques budgétaires vers un modèle de financement public accru.

Reste la question centrale : jusqu’où un pays peut-il aller ? Pour certains économistes, un taux d’impôts supérieur à 45 % du PIB pourrait limiter la compétitivité et la croissance. D’autres y voient un choix politique assumé, garant d’un haut niveau de cohésion sociale.

Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint. Après son Master de Philosophie, il s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

No comment on «Impôts : la France n’est plus championne d’Europe»

Leave a comment

* Required fields