Le projet de loi de finances pour 2025, actuellement en préparation, prévoit une augmentation significative de la taxe de solidarité sur les billets d’avion. Cette mesure, qualifiée de « *justice fiscale et écologique* » par la ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, suscite de vives inquiétudes dans le secteur aérien. Le PDG d’Air France-KLM, Benjamin Smith, alerte sur les conséquences économiques et sociales d’un tel choix.
« Irresponsable » : pour Air France-KLM, la hausse de la taxe sur les billets d’avion ne passe pas

Dans un entretien au Parisien, Benjamin Smith a critiqué fermement l’intention du gouvernement. Selon lui, « la France deviendrait le pays où le transport aérien est le plus taxé en Europe ». Déjà confrontée à une nouvelle taxe introduite l’année précédente, la compagnie Air France-KLM estime que cette hausse supplémentaire pourrait engendrer jusqu’à 130 millions d’euros de pertes annuelles.
Le patron d'Air France-KLM monte au créneau
Les répercussions directes, selon le dirigeant, incluraient une réduction des lignes desservies, une stagnation de la croissance, et un frein aux embauches. Cette situation menacerait également la compétitivité de l’entreprise sur le marché international. « Nous ne serions pas capables de garder notre position sur le marché », a-t-il souligné.
Les fédérations du secteur aérien ont également exprimé leurs craintes, demandant une révision du projet et une concertation avec le gouvernement. Benjamin Smith plaide notamment pour que ces recettes fiscales soient réorientées vers des initiatives de décarbonation du secteur aérien.
Un risque pour l’attractivité de la France
Amélie de Montchalin, en charge des Comptes publics, justifie cette initiative comme une « mesure de justice fiscale et écologique », mettant en avant que 20 % des ménages les plus riches sont responsables de la majorité des dépenses en transport aérien. Cette déclaration fait écho aux objectifs du gouvernement : trouver des fonds pour réduire le déficit public, tout en favorisant une taxation perçue comme équitable.
Cependant, Benjamin Smith met en garde contre une taxe qui pourrait affecter l’attractivité de la destination France. Il estime que cette mesure pourrait pousser les voyageurs internationaux à privilégier d’autres pays. « Depuis 20 ans, nous perdons 1 à 2 % de parts de marché par an au profit de compagnies étrangères », a-t-il rappelé, évoquant le risque d’une « taxe d’accès à la France ».
Le débat autour de cette taxation illustre la difficulté de concilier impératifs écologiques, justice fiscale et préservation des équilibres économiques dans un secteur déjà fragilisé. Alors que le projet de loi de finances doit encore être finalisé, les acteurs du transport aérien espèrent des ajustements pour éviter une surcharge qui pourrait avoir des conséquences lourdes sur l’économie et l’emploi.