Alors que nombreux sont les observateurs à se demander s’il va y avoir un krach ou pas sur l’IA, et si nous avons une bulle de l’IA ou pas, je trouvais intéressant de partager avec vous quelques réflexions méthodologiques sur la manière dont on peut prévoir un krach, avec une certitude d’ailleurs très élevée.
Comment peut-on prévoir un krach boursier ?

La première chose c’est de se demander quels sont les schémas récurrents qui précèdent les krachs boursiers et autres effondrements économiques. Voici les éléments que je surveille pour vous, pour mes lecteurs et pour mes abonnés à la Lettre STRATEGIES ou à ma lettre de bourse la Lettre de la Forteresse Financière.
1. Les lacunes réglementaires.
Ce premier schéma apparaît lorsque le marché évolue plus vite que les règles censées l’encadrer. Le mécanisme est celui soit d’une liberté totale (« laissez-faire ») qui permet le développement de pratiques à risque sans garde-fous, soit l’incompréhension par les autorités de nouvelles « inventions » financières qui recèlent des risques nouveaux. Cela a été le cas par exemple en 1929 par l’achat d’actions avec seulement 10% de cash (achat sur marge) et des fonds à effet de levier massifs. C’était la première fois que cela arrivait. De la même manière la crise des subprimes a vu pour la première fois de nouvelles formes de titrisation de titres de dettes qui ont « contaminé » la planète entière.
La conséquence : Le risque s’accumule silencieusement. Quand le marché se retourne, l’absence de « filet de sécurité » liée à la régulation transforme une baisse en effondrement systémique.
2. L’innovation technologique mal maîtrisée.
L’innovation est positive, mais elle devient dangereuse lorsqu’elle est adoptée massivement sans compréhension de ses risques systémiques. En 1987 par exemple l’innovation était l’informatisation et « l’assurance de portefeuille » (vente automatique en cas de baisse). Censée protéger, cette innovation a créé une boucle de rétroaction négative : les machines ont toutes vendu en même temps, accélérant la chute.
La conséquence : une prophétie autoréalisatrice technologique qui amplifie la panique (le « Lundi Noir » : -22,6 % en un jour). C’est après cet épisode que les marchés financiers ont été équipés de « coupes circuits » pour éviter ce genre de panique.
Mais nous pourrions étendre ces innovations technologiques au trading haute fréquence par exemple. Quand arrivent des évolutions technologiques, souvent les effets de bord n’ont pas été suffisamment pris en compte.
3. La surconfiance et l’euphorie.
Ce schéma est psychologique. Il repose sur la conviction que « cette fois, c’est différent » et que les anciennes règles de valorisation ne s’appliquent plus.
Par exemple durant la bulle internet, les investisseurs achetaient des « histoires » plutôt que des profits. Les ratios cours/bénéfices (PER) ont atteint 90 (contre 15-20 historiquement).
Lors d’une déconnexion totale avec la réalité économique (la fameuse exubérance irrationnelle d’Alan Greenspan) le retour à la réalité est inévitablement brutal (-78 % pour le Nasdaq lors de l’éclatement de la bulle Internet).
4. La dette et l’effet de levier.
C’est le schéma le plus destructeur. La dette ne crée pas seulement un risque, elle agit comme un multiplicateur de crise.
En 2008, la hausse de l’immobilier était soutenue artificiellement par du crédit facile (subprimes) et des produits financiers toxiques (CDO) qui masquaient le risque réel.
Dès que l’actif sous-jacent (l’immobilier) baisse, tout l’édifice qui repose sur la dette s’effondre car les acteurs sont incapables de rembourser. C’est ce qui transforme une correction de marché en récession économique mondiale. Le Krach de 29 est aussi lié à la dette et à l’effet de levier des investisseurs spéculant à crédit sur les hausses des cours des actions à Wall Street !
5. Le « pivot » des Banques centrales (Le risque de taux)
C’est souvent le déclencheur technique des schémas 3 et 4 cités plus haut.
Les marchés montent souvent grâce à des taux d’intérêt bas (argent gratuit). Lorsque l’inflation menace, les banques centrales remontent les taux. Cela augmente le coût de la dette et réduit la valeur théorique des actions futures.
L’indicateur clé : L’inversion de la courbe des taux (lorsque les taux courts deviennent plus rémunérateurs que les taux longs) est historiquement l’indicateur de récession le plus fiable.
6. Le choc exogène (Le « Cygne Noir »)
Un événement imprévisible et extérieur à la finance frappe l’économie réelle, forçant les marchés à repricer le risque instantanément.
La pandémie de COVID-19 (2020), les chocs pétroliers (guerre du Kippour 1973) ou l’invasion de l’Ukraine. Ici, l’analyse fondamentale ne sert à rien, c’est la réactivité et la liquidité qui comptent.
7. La crise de liquidité (Le gel des marchés)
Parfois, le problème n’est pas le prix, mais la capacité à échanger.
Dans les moments de panique extrême, il n’y a plus d’acheteurs, quel que soit le prix. Même les actifs sûrs (comme l’or ou les obligations d’États) sont vendus massivement car c’est la seule chose qu’on peut vendre pour récupérer du cash.
Ce schéma est souvent bref mais très violent (ex: mars 2020), créant des opportunités immenses pour ceux qui ont du cash disponible.
8. La psychologie de cycle (Le moment Minsky)
Au-delà de la « surconfiance », il y a un cycle comportemental précis théorisé par Hyman Minsky.
Le schéma : la stabilité engendre l’instabilité.
Stabilité : les investisseurs prennent confiance.
Prise de risque : ils s’endettent pour spéculer.
Euphorie : on ne regarde plus le risque.
Le moment Minsky : un événement mineur force quelques ventes, qui forcent des appels de marge, entraînant une spirale de vente forcée (capitulation).
Avec ces 8 schémas vous couvrez globalement tous les possibles des marchés financiers au sens large.
Le prochain krach proviendra forcément de l’un de ces schémas.
Une fois que vous les avez listés et compris finement, vous pouvez passer en revue la situation actuelle des marchés.
Vous arriverez rapidement sur la bulle de l’IA ou nous avons de la « surconfiance », du recours à la dette, des innovations technologiques majeures et un cadre réglementaire totalement à la traîne, nous avons des politiques monétaires assez peu lisibles avec des « pivots » très rapprochés (monde de taux d’intérêt négatifs, puis forte hausse des taux avec l’inflation et l’invasion de l’Ukraine, puis baisse des taux).
Je vous explique donc tous les risques d’explosion ou pas de la bulle de l’IA dans le dossier de la Lettre de la Forteresse Financière. Pour vous abonner tous les renseignements sont ici (et c’est aussi une excellente idée de cadeau de Noël).
Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu.
Préparez-vous !