Le Hamas coupable d’ingérences dans des ONG financées par l’UE

Alors que l’Union européenne revendique une politique d’aide fondée sur la transparence, des documents internes montrent que le Hamas a influencé l’activité de plusieurs ONG financées par l’UE. Cette ingérence, longtemps passée sous les radars, expose une faille systémique : les contribuables européens ont, sans le savoir, soutenu des organisations placées sous la surveillance directe d’un mouvement classé terroriste.

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By Adélaïde Motte Published on 5 décembre 2025 12h13
Le Hamas Coupable Dingerences Dans Des Ong Financees Par Lue
Le Hamas coupable d’ingérences dans des ONG financées par l’UE - © Economie Matin

Depuis le 3 décembre 2025, les révélations publiées par Euractiv ont mis en lumière l’existence d’ingérences du Hamas dans plusieurs ONG financées par l’Union européenne. Les documents internes dévoilés montrent que le mouvement supervisait de près leurs opérations à Gaza, allant jusqu’à orienter certaines activités grâce à des intermédiaires locaux. Ces éléments posent une question précise : comment des organisations soutenues par des fonds publics européens ont-elles pu évoluer sous l’influence directe d’un groupe classé terroriste, sans que les mécanismes de contrôle ne le détectent plus tôt ?

Comment le Hamas a influencé la gestion des ONG financées par l’Union européenne

Des documents internes couvrant la période 2018-2022 montrent que le Hamas surveillait systématiquement plusieurs ONG opérant à Gaza grâce à des financements européens. Le mécanisme était discret mais redoutablement efficace, car il reposait sur des « gatekeepers », locaux employés par les ONG elles-mêmes. Ainsi, même si les financements venaient de Bruxelles, le contrôle final passait, de fait, entre les mains du Hamas, ce qui permettait à l’organisation de suivre les flux, d’observer les bénéficiaires et d’orienter certaines activités.

Par ailleurs, un autre élément renforce la gravité de l’ingérence : selon le rapport de NGO Monitor daté du 7 août 2025, le ministère gazaoui du développement social — organe contrôlé par le Hamas — a détourné des aides humanitaires, orienté les listes des bénéficiaires et redirigé certains fonds de programmes vers des objectifs liés à son propre appareil politico-militaire. Cette structuration permettait au Hamas de distribuer l’aide à ses sympathisants ou de l’utiliser pour consolider son infrastructure. Le document souligne que ces mécanismes d’orientation et de détournement ont également participé aux préparatifs des attaques du 7 octobre 2023, notamment par l’accumulation de ressources logistiques essentielles. Ainsi, le Hamas n’a pas seulement surveillé : il a ajusté, filtré et parfois capté l’aide issue de programmes financés par l’Europe, détournant une logique de solidarité pour servir ses objectifs.

L’exemple d’ONG soutenues par l’UE mais soutenant le Hamas

Plusieurs cas concrets illustrent la porosité entre financement public européen et sphère d’influence du Hamas. L’un des exemples les plus marquants concerne Al Sharq Forum, une institution ayant reçu 110 279 € de fonds européens entre 2021 et 2023 via Erasmus+. Cette organisation a publiquement rendu hommage à Ismaïl Haniyeh, ancien chef du Hamas. Cet épisode a provoqué une interpellation directe de la Commission européenne par l’eurodéputée Céline Imart, qui a déclaré : « Sur quels critères l’attribution de ces subventions a-t-elle été effectuée ? », dénonçant une dérive qu’elle jugeait grave si les faits étaient confirmés. Cet exemple démontre qu’au-delà de Gaza, l’UE a pu financer des structures adoptant un discours favorable au Hamas, participant indirectement à renforcer sa légitimité symbolique.

Le contexte historique amplifie encore ces inquiétudes. Des réseaux comme Union of Good, cités dans des archives publiées en 2023, ont déjà servi par le passé à acheminer des fonds caritatifs vers le Hamas sous couvert d’humanitaire. Cet héritage montre que la stratégie de dissimulation financière du mouvement n’est ni nouvelle ni marginale. Dès lors, la découverte de nouvelles ingérences apparaît comme la continuité d’un schéma éprouvé. Pourtant, malgré ces signaux, la Commission européenne a indiqué en octobre 2024 que son “examen approfondi” des financements aux organisations palestiniennes n’avait identifié “aucune violation contractuelle”.

Des ONG financées par l’impôt mais exposées aux pressions d’un groupe armé

Le problème principal tient à la logique même du financement public. L’Union européenne finance des ONG sur la base de critères de confiance, de neutralité et de capacité opérationnelle. Pourtant, lorsque ces ONG opèrent dans un territoire dominé par une organisation comme le Hamas, elles se retrouvent, par nature, exposées à une forme de tutelle informelle. Cette tutelle fragilise non seulement leur mission, mais aussi la légitimité du financement. Dans ce contexte, plusieurs élus européens appellent à suspendre certaines aides jusqu’à la mise en place de mécanismes de contrôle plus robustes.

Les États membres demandent de plus en plus de transparence et de conditions strictes pour toute dépense extérieure. Les citoyens veulent savoir comment leur argent est utilisé, et pourquoi les systèmes de contrôle n’ont pas empêché l’ingérence.

Un argument pour la cessation du financement public et la responsabilisation directe des citoyens

Face à ces révélations, une solution s'impose dans certains esprits : réduire, ou même suspendre, les financements publics d’ONG et privilégier un modèle où les citoyens choisissent eux-mêmes les structures qu’ils souhaitent soutenir. Cette approche permettrait d’éviter que l’argent public soit capté ou influencé par des organisations comme le Hamas. Dans ce modèle, les contribuables deviennent arbitres : ils financent directement des associations en lesquelles ils ont confiance, et les ONG perdent leurs ressources si elles suscitent des doutes. Pour ses promoteurs, ce système serait non seulement plus éthique, mais aussi plus transparent, car il reposerait sur un consentement explicite. Cependant, ses opposants avertissent que ce basculement pourrait fragiliser les ONG indépendantes, particulièrement dans les zones de crise.

Ade Costume Droit

Diplômée en géopolitique, Adélaïde a travaillé comme chargée d'études dans un think-tank avant de rejoindre Economie Matin en 2023.

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