L’intelligence artificielle (IA) bouleverse le secteur public : une étude du cabinet Roland Berger révèle que 36 % des emplois y seraient exposés à des transformations profondes, dont 7,5 % automatisables. Cette mutation ouvre la voie à des gains de productivité, des économies potentielles et une amélioration du service rendu aux usagers, mais impose aussi des investissements lourds et une requalification massive des agents.
L’IA dans le secteur public : un tiers des emplois en mutation

Publié le 19 septembre 2025, le rapport du cabinet Roland Berger met en lumière l’impact croissant de l’intelligence artificielle sur la fonction publique. Avec l’IA, le secteur public pourrait à la fois réaliser des économies substantielles et améliorer la qualité de ses services. Cependant, cette transformation s’accompagne de menaces pour certains emplois, d’opportunités pour d’autres et de défis considérables pour les finances publiques et la gestion des ressources humaines.
Quels emplois menacés par l’automatisation
Selon l’étude, 36 % des 351 millions d’emplois publics dans le monde sont concernés par l’IA, soit environ 125 millions équivalents temps plein. Ces postes pourraient être profondément transformés, voire supprimés dans certains cas. Plus précisément, 7,5 % des emplois seraient entièrement automatisables, en particulier ceux liés à des tâches répétitives ou de faible complexité. Les secrétaires administratifs, assistants bureautiques et agents de centres d’appels figurent parmi les métiers les plus exposés.
Les experts soulignent que la menace est réelle mais circonscrite. Comme l’indique Roland Berger, l’automatisation complète reste limitée : la plupart des métiers seront davantage remodelés que supprimés. Dans les administrations fiscales, par exemple, le traitement automatisé de certaines démarches pourrait réduire le besoin en personnels affectés aux tâches de saisie, mais libérer du temps pour renforcer le contrôle et la lutte contre la fraude.
Des métiers augmentés et optimisés par l’IA
L’IA ne se limite pas à remplacer. Selon le rapport, 22 % des emplois du secteur public pourraient être “augmentés”. Concrètement, cela signifie que l'intelligence artficielle prendrait en charge certaines tâches répétitives ou d’analyse, permettant aux agents de se concentrer sur des missions à plus forte valeur ajoutée. Dans les services fiscaux, les outils d’analyse de données pourraient améliorer la détection de fraudes, tandis que dans les douanes, ils aideraient à cibler plus efficacement les contrôles.
Dans l’éducation, l’intelligence artificielle pourrait assister les enseignants dans l’évaluation ou la préparation des cours, sans se substituer à la relation pédagogique. Dans la santé, elle améliorerait l’organisation administrative et la gestion des dossiers, réduisant les délais de traitement et facilitant le suivi des patients. Comme l’explique l’étude, « l’IA agit comme un levier de productivité pour les agents, non comme un substitut global ».
Des emplois peu ou pas touchés
Tous les métiers ne sont pas concernés. Les professions nécessitant une interaction humaine directe, de l’empathie ou une présence physique restent peu impactées. L’aide à la personne, les métiers de soins et certains postes d’encadrement ne peuvent pas être automatisés à grande échelle. Le rapport précise que l’IA est performante sur les tâches cognitives répétitives, mais ne peut remplacer le contact humain dans l’accompagnement social ou médical.
Dans la santé, par exemple, l’IA pourra améliorer les diagnostics ou optimiser les parcours de soins, mais les actes de soin et le lien patient-soignant resteront indispensables. Cette distinction entre tâches automatisables et missions humaines souligne que l'intelligence artificielle est avant tout un outil complémentaire.
Gains de productivité et économies pour les finances publiques
L’un des principaux enjeux est financier. En réduisant le temps consacré aux tâches répétitives, l’IA promet des gains de productivité significatifs. Les agents pourraient se recentrer sur des activités stratégiques ou nécessitant un jugement humain, ce qui renforcerait la qualité du service rendu. Dans les services fiscaux, par exemple, la détection automatisée des anomalies pourrait réduire la fraude et accroître les recettes publiques.
Les économies potentielles sont importantes : moins d’heures consacrées à des tâches administratives simples, réduction des erreurs, rationalisation des effectifs. Mais l’étude souligne que « les économies ne seront pas immédiates », car il faudra investir dans les infrastructures numériques, former les agents et moderniser les systèmes d’information. Le coût initial pourrait même être élevé, avant que les gains se matérialisent réellement.
Amélioration du service pour les usagers
Pour les citoyens, l’IA pourrait se traduire par des services publics plus rapides, plus fiables et plus personnalisés. Dans l’éducation, elle faciliterait un suivi individualisé des élèves. Dans la santé, elle permettrait une meilleure gestion des dossiers médicaux et un diagnostic plus rapide. Dans l’administration, elle réduirait les délais de traitement des demandes, simplifiant la relation avec l’État.
Le rapport met en avant l’exemple des impôts et des douanes : grâce à l'intelligence artificielle, la détection des fraudes pourrait devenir plus fine et plus rapide, réduisant les pertes pour l’État et les délais pour les contribuables. Cette amélioration de la qualité des services constitue un argument majeur en faveur de l’adoption massive de l’IA dans le secteur public.
