Intel sabre dans ses effectifs : 34 000 postes supprimés d’ici fin 2025
Le 24 juillet 2025, le géant américain des semi-conducteurs Intel a officialisé un plan de licenciement de grande ampleur. Plus de 20 % de ses effectifs seront supprimés d’ici la fin de l’année, soit près de 34 000 postes. Cette restructuration intervient dans un contexte de résultats financiers en berne et de repositionnement stratégique sous la houlette de son nouveau PDG, Lip-Bu Tan.
Résultats décevants, rentabilité érodée : Intel en perte de vitesse
La décision radicale d’Intel s’ancre dans une série noire qui s’éternise. Le chiffre d’affaires du deuxième trimestre 2025 a atteint 12,86 milliards de dollars – légèrement supérieur aux attentes – mais la marge brute a chuté à 29,7 %, soit neuf points de moins qu’un an auparavant, selon le communiqué officiel publié sur le site d’Intel le 25 juillet 2025.
Les premiers signaux d’alarme avaient déjà été déclenchés en 2024 : une perte nette de 1,6 milliard de dollars et une baisse vertigineuse de l’action (-60 % sur l’année). Dès août 2024, Intel annonçait un plan social impactant 15 % de ses salariés. Le nombre d’employés était alors passé de 125 000 à 108 900. Ce chiffre sera ramené à environ 75 000 d’ici décembre 2025, selon Le Monde Informatique.
Une stratégie centrée sur l’ingénierie et l’intelligence artificielle
La restructuration n’est pas seulement comptable. Intel revoit de fond en comble son modèle. À l’occasion de la conférence Vision du 31 mars 2025, Lip-Bu Tan a fixé une nouvelle direction : « Intel sera une société axée sur l'ingénierie », d'après les propos rapportés par BFMTV. Il insiste sur la nécessité de « remplacer les ingénieurs talentueux qu'elle a perdus » et de « mieux adapter les processus de fabrication aux besoins des clients ».
Le nouveau patron ne cache pas son ambition dans l’intelligence artificielle. « Par le passé, nous avons abordé l'IA avec une approche traditionnelle, centrée sur le silicium et la formation. Cette situation doit changer. », a-t-il affirmé dans un discours adressé aux partenaires d’Intel, et retranscrit par Le Monde Informatique. La feuille de route prévoit de concentrer les ressources sur l’inférence, l’IA agentique et les architectures spécialisées, notamment x86.
Coupures industrielles, recentrage global : l’Europe et l’Amérique latine sacrifiées
Outre les suppressions de postes, Intel opère un repli stratégique. Le constructeur annule la construction de deux usines en Allemagne et en Pologne. Les activités d’assemblage et de test au Costa Rica seront quant à elles transférées vers des installations existantes au Vietnam et en Malaisie. En parallèle, le rythme de production de la nouvelle usine de l’Ohio est considérablement ralenti.
Ces décisions sont justifiées par un constat sans appel du PDG dans une communication interne du 24 juillet 2025 : « Au cours des dernières années, la société a investi trop, trop tôt, sans répondre à la demande. Notre empreinte industrielle s’est inutilement fragmentée et sous-exploitée ». Objectif affiché : ramener les dépenses d’exploitation à 17 milliards de dollars en 2025, puis à 16 milliards en 2026.
Vers un nouveau cycle ou le chant du cygne ?
Intel parviendra-t-il à se relever de cette chute prolongée ? Les signaux sont encore ambigus. D’un côté, l’entreprise affirme vouloir « concevoir des logiciels, des systèmes et des circuits intégrés » à partir des « charges de travail d’IA émergentes ». De l’autre, elle n’est plus dans le Top 10 mondial des fabricants de semi-conducteurs, comme le reconnaît ouvertement Lip-Bu Tan.
Dans un secteur dominé par Nvidia et AMD, Intel tente un redémarrage périlleux. La réduction drastique de ses effectifs, le recentrage sur des technologies de rupture, et l’abandon de projets majeurs en Europe dessinent un tournant. Mais sans garanties. Ce licenciement massif – le plus important de son histoire – est peut-être la dernière carte que joue l’ex-leader mondial pour revenir dans la course.

