La décollecte du Livret A a atteint un niveau rarement vu en octobre 2025, confirmant une tendance installée depuis l’été 2025 malgré un contexte où ce placement reste largement utilisé. D’après les dernires chiffres communiqués par la Caisse des Dépôts, les épargnants ont retiré bien davantage qu’ils n’ont déposé, entraînant une décollecte nette de plusieurs milliards d’euros, tandis que le taux du Livret A demeure à 1,7% depuis le 1ᵉʳ août 2025.
Livret A : pourquoi les Français ont retiré massivement en octobre 2025

La décollecte du Livret A atteint un niveau exceptionnel en octobre 2025
Le Livret A, pourtant considéré comme l’un des produits d’épargne les plus sûrs et les plus populaires, a connu en octobre 2025 une décollecte sévère qui surprend même les observateurs les plus habitués aux fluctuations saisonnières. Les Français ont retiré 3,81 milliards d’euros de plus qu’ils n’ont déposé sur le Livret A, ce qui constitue l’une des plus fortes décollectes mensuelles depuis près de seize ans. Cette dynamique s’ajoute au 1,29 milliard d’euros retirés sur le Livret de Développement Durable et Solidaire (LDDS), portant la décollecte totale des deux livrets à 5,10 milliards d’euros. Ces montants impressionnants rappellent à quel point les arbitrages de fin d’année peuvent peser sur l’épargne réglementée, d’autant que les dépenses de taxe foncière ou d’impôt sur le revenu tombent au même moment.
Une épargne toujours stockée… mais différemment orientée
Malgré l’intensité des retraits, l’encours cumulé du Livret A et du LDDS reste très élevé, atteignant 601,7 milliards d’euros à fin octobre 2025. En dépit de cette base solide, un mouvement de fond se dessine depuis plusieurs mois : les sommes prélevées semblent alimenter d’autres véhicules d’épargne jugés plus performants par les ménages. Ainsi, l’assurance-vie attire désormais davantage d’épargnants, car elle offre des perspectives de rendement potentiellement plus élevées, notamment sur les fonds en euros revalorisés ou les supports diversifiés.
En parallèle, les données publiées par la Banque de France concernant le taux d’épargne des ménages, qui atteint 18,7% du revenu disponible au deuxième trimestre, rappellent que les Français n’ont pas diminué leur effort d’épargne : ils le repositionnent. Ce recul du Livret A en octobre 2025 ne traduit donc pas une baisse générale de la prudence financière mais plutôt une recomposition, renforcée par un contexte économique où l’inflation reste surveillée et où les choix d’épargne sont plus stratégiques à l’approche de Noël.
Le rôle déterminant des baisses successives du taux du Livret A
Le cœur de la décollecte d’octobre 2025 s’explique par un facteur simple et largement commenté : la baisse du taux du Livret A. Après une longue période à 3% en début d’année, le rendement a d’abord été abaissé en février 2025, puis de nouveau revu à la baisse au 1ᵉʳ août, pour atteindre 1,7%. Cette double correction, inscrite dans la formule réglementaire de calcul du taux, a transformé la perception du Livret A aux yeux de nombreux détenteurs qui, jusque-là, bénéficiaient d’un rendement nettement plus attractif au regard de l’inflation.
Ce changement de taux a donc logiquement suscité une reconfiguration des choix d’épargne. La baisse d’août 2025 n’a toujours pas été digérée par le marché et que les retraits d’octobre en sont une conséquence directe. Cette évolution s’inscrit dans un cadre où la rémunération du Livret A est historiquement indexée sur l’inflation tout en restant soumise à l’arbitrage du gouvernement, ce qui explique certaines fluctuations difficiles à anticiper pour les ménages.
L'épargne des particuliuers se redéploie vers l'assurance vie
Les anticipations jouent également un rôle clé dans la dynamique de retrait. Une nouvelle baisse du taux ne serait pas impossible en février 2026, si l'on s'en tient à la formule réglementaire et aux prévisions d’inflation.
En parallèle, les retraits effectués depuis le Livret A ne disparaissent pas : ils se redéploient. Une part importante de ces sommes semble alimenter l’assurance-vie, qui offre des rendements potentiellement plus avantageux dans un contexte de taux réglementés bas. Ce mouvement est cohérent avec les données de la Banque de France, qui montrent un maintien du taux d’épargne global. L’épargne ne se réduit pas : elle se transforme.
