Location : Lyon gagne la palme de la pire ville de France

Lyon, métropole française, est réputée pour son dynamisme économique et culturel. Mais derrière son attractivité, elle est aujourd’hui confrontée à une crise locative d’une ampleur sans précédent. Devenir locataire y est un défi que beaucoup peinent à relever.

Jade Blachier
Par Jade Blachier Publié le 20 janvier 2025 à 16h15
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723 eurosLes lyonnais paient en moyenne 723 euros par mois pour un appartement d'une surface moyenne de 32 m².

Le 7 janvier 2025, le baromètre annuel publié par LocService a fait état d’un constat alarmant : Lyon est devenue la ville la plus difficile où se loger en France. Avec un score de tension locative atteignant 12,97 candidats pour une seule offre, Lyon devance même Paris et Rennes, deux métropoles également touchées par la crise. Pourquoi la situation s’aggrave-t-elle à Lyon et qui sont les premières victimes de la crise de la location ?

Lyon, première ville de la tension locative en France

Lyon, souvent citée comme une alternative plus abordable à Paris, fait face à une tension locative sans précédent. En 2024, le loyer moyen pour un logement dans la ville atteignait 723 euros par mois pour une surface moyenne de 32 m², selon LocService. Cela représente une augmentation de 3,3 % par rapport à l’année précédente, un chiffre supérieur à celui de l’inflation. Paris reste la ville la plus chère avec un loyer moyen de 39 euros par m², mais l’offre locative y demeure plus abondante.

Dans certains quartiers prisés de Lyon, comme la Presqu'île, la Croix-Rousse ou Gerland, les logements sont souvent loués en quelques heures, témoignant d’un marché saturé. Cette saturation est liée à un déséquilibre croissant entre une demande en forte hausse et une offre qui peine à suivre. L’attractivité de Lyon, renforcée par son dynamisme économique, ses infrastructures modernes et son cadre de vie agréable, attire chaque année des milliers de nouveaux habitants, mais le parc immobilier reste insuffisant pour répondre à cette affluence.

Étudiants et jeunes actifs : les premières victimes de la crise du logement

La crise du logement à Lyon frappe particulièrement les populations les plus vulnérables, notamment les étudiants et les jeunes actifs. Ces derniers, souvent à la recherche de studios ou d’appartements de petite taille, se retrouvent en concurrence directe avec des profils financièrement plus solides. Cette concurrence exacerbe une situation déjà tendue.

Pour les étudiants, la difficulté de trouver un logement est souvent aggravée par des exigences démesurées de la part des propriétaires : caution élevée, garanties multiples et critères stricts. Certains jeunes n’hésitent plus à partager de petits logements ou à s’éloigner des centres d’activité pour réduire leurs frais. Selon LocService, des locataires sont prêts à débourser jusqu’à 900 euros par mois pour un studio, une somme bien supérieure aux standards habituels. Cette situation pousse de nombreux jeunes à renoncer à des opportunités académiques ou professionnelles faute de pouvoir se loger.

Pourquoi est-il si difficile de se loger à Lyon ?

Les causes de cette crise locative sont multiples et souvent interdépendantes. Le manque de constructions neuves est un frein majeur. Les projets immobiliers peinent à se concrétiser, notamment dans les zones très demandées. Les contraintes administratives, la saturation des terrains constructibles et les coûts élevés des travaux ralentissent les initiatives.

La prolifération des locations saisonnières via des plateformes comme Airbnb réduit considérablement l’offre de logements disponibles pour des locations longues. De nombreux appartements, autrefois proposés aux résidents permanents, sont aujourd’hui convertis en meublés touristiques, générant des profits plus rapides mais pénalisant les habitants locaux.

L’encadrement des loyers, mis en place en 2021 à Lyon, reste largement contourné. Environ 29 % des loyers affichés dépassent les plafonds autorisés, selon la Fondation Abbé Pierre. Les propriétaires trouvent des moyens de contourner ces régulations en facturant des « compléments de loyer » ou en proposant des baux saisonniers déguisés.

Le désengagement des investisseurs privés contribue à cette pénurie. Avec un rendement locatif moyen d’environ 1,5 %, Lyon n’attire plus les propriétaires bailleurs, qui se tournent vers d’autres villes plus rentables.

Des solutions, mais un long chemin à parcourir

Face à cette crise, des solutions émergent, mais elles peinent à produire des résultats significatifs. Parmi les initiatives mises en place, la régulation des meublés touristiques est l’une des plus notables. Lyon oblige désormais les propriétaires souhaitant louer via des plateformes comme Airbnb à respecter des quotas et des règles strictes. Ces mesures ne suffisent pas à combler le déficit de logements longue durée.

L’encadrement des loyers, bien qu’imparfait, a permis de limiter les hausses dans certaines zones. Depuis sa mise en place, les loyers ont légèrement reculé dans certains secteurs, mais cette régulation reste inefficace dans les quartiers où la demande est trop forte.

Les pouvoirs publics misent sur le développement progressif du parc social, avec une augmentation des constructions prévues. Ces efforts restent insuffisants face à la croissance rapide de la population lyonnaise. Une réponse globale, mêlant régulations strictes et incitations à construire, semble être la seule voie pour espérer un changement durable.

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Jade Blachier

Diplômée en Information Communication, journaliste alternante chez Economie Matin.

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