La Fondation Abbé Pierre, dans son 29ᵉ rapport, dresse un bilan très sombre de la situation du logement en France. Elle pose un constat d’urgence avec une explosion du nombre de sans-abri, l’insuffisance criante d’hébergements et elle n’hésite pas à tacler les politiques publiques qui sont loin d’être à la hauteur des enjeux.
Logement : plus de 4 millions de personnes sont mal-logées
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Modifié le 1 février 2024 à 11h00
40% Le nombre de demandes pour un logement d'urgence (115) a augmenté de 40 % depuis l'année 2022.
Crise du logement, la « bombe sociale a explosé »
La Fondation Abbé Pierre, dans son dernier rapport, tire la sonnette d'alarme : 4,2 millions de personnes sont mal-logées et 12 millions se trouvent « en situation de fragilité », notamment à cause de l'augmentation des loyers et de la flambée des prix de l'énergie (seuls 5,4 millions de personnes étaient éligibles au chèque énergie en 2023). « Nous faisons face à un abîme silencieux, où de plus en plus de nos concitoyens souffrent dans l'ombre », alerte Marie-Hélène Le Nédic, présidente de la Fondation Abbé Pierre.
Autre chiffre préoccupant : le nombre de sans-abri a plus que doublé en l'espace d'une décennie, atteignant 330.000 personnes en 2023, contre 143.000 en 2012. Un autre élément marquant du rapport concerne l'insuffisance chronique des hébergements d'urgence, avec plus de 8.000 personnes, dont 2.800 mineurs, refusées chaque soir au 115, le nombre de demandes est en hausse de +40 % par rapport à l'année 2022. D'autre part, selon la Fondation Abbé Pierre, 93.000 ménages prioritaires sont toujours en attente de relogement et l'année 2023 marque également un triste record en termes d'expulsions locatives. « La saturation de l'hébergement n'est plus seulement une alerte saisonnière réservée à la période hivernale, elle se vérifie tout au long de l'année », souligne le rapport. Pour la Fondation Abbé Pierre, la « bombe sociale a explosé » et cela risque de s'empirer.
Abbé Pierre : « Gouverner, c’est d’abord loger son peuple »
Le rapport critique sévèrement l'effort public pour le logement, estimé « jamais aussi faible » et qui aurait baissé de 15 milliards d'euros chaque année depuis 2010. La Fondation Abbé Pierre a également critiqué les annonces du Premier ministre lors de son discours de politique générale, dans lequel il prévoit, de revoir la loi SRU, de revoir MaPrimeRénov' et de construire 30.000 logements d'ici à 2027. Un chiffre dérisoire quand on sait qu'il faudrait construire entre 300.000 et 500.000 logements par an. « Non seulement on a l’impression que Gabriel Attal n’a rien compris, mais en plus, qu’il va aggraver la situation », fustige le directeur des études de la fondation, Manuel Domergue.
Même tonalité pour Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé Pierre, qui considère que le gouvernement est hors-sol et qui juge que les mesures du gouvernement, depuis presque dix ans, « sont loin d'être à la hauteur des enjeux actuels ». Le rapport insiste sur la nécessité d'une réforme en profondeur du système de logement en France, où des mesures immédiates et à long terme doivent être prises pour endiguer la crise actuelle. La Fondation Abbé Pierre propose notamment une revalorisation des aides de l'État (APL, chèque énergie), la relance du financement des logements sociaux, de rehausser les minimas sociaux, de généraliser l'encadrement des loyers, de relancer la production de logement et d'ériger le logement comme priorité nationale.
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