Marché de la chaussure : le tribunal de Rennes place le groupe Royer en redressement judiciaire

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By Jehanne Duplaa Published on 30 octobre 2025 10h29
Marché de la chaussure : le tribunal de Rennes place le groupe Royer en redressement judiciaire
Marché de la chaussure : le tribunal de Rennes place le groupe Royer en redressement judiciaire - © Economie Matin
132 MILLIONS €Le groupe Royer revendiquait en 2023 un chiffre d’affaires de 132 millions d’euros, dont 45 % issus de l’exportation

Le 29 octobre 2025 marque une étape critique pour le Groupe Royer. Le tribunal de commerce de Rennes a ouvert une procédure de redressement judiciaire à l’encontre du groupe, selon les informations du Figaro. L’enjeu : analyser comment un acteur de longue date de la chaussure arrive à ce seuil et quelles perspectives s’ouvrent désormais.

Une structure historique mise à mal

Le Groupe Royer, implanté depuis plusieurs décennies dans le négoce et la distribution de chaussures en France et à l’international, a longtemps été considéré comme un pilier du secteur. Le groupe revendiquait en 2023 un chiffre d’affaires de 132 millions d’euros, dont 45 % issus de l’exportation, d'après une communication publiée sur le site de ce dernier. Cette dynamique à l’international traduisait une ambition forte et une diversification géographique.
Et pourtant, derrière ces chiffres se glissaient des fragilités croissantes. Le bilan 2022 affiche un résultat net négatif de -4 711 163 €, soit une rentabilité commerciale de -55,75 %. Ces données dressent le paysage d’une activité déjà sous tension, avant même l’ouverture de la procédure de redressement judiciaire.

La décision du tribunal de commerce de Rennes d’ouvrir ce redressement ne surprend donc pas totalement les observateurs. Plusieurs signes convergents — baisse de volumes, marges en recul, conditions de marché défavorables — ont précédé cette étape.

Les facteurs de vulnérabilité du modèle Royer

Plusieurs mécanismes ont affaibli le modèle économique du Groupe Royer. D’une part, la structure du marché de la chaussure change : digitalisation accrue, concurrence internationale et pression toujours plus forte sur les coûts. Le groupe, largement engagé dans la distribution de marques sous licence, s’est retrouvé exposé aux fluctuations des volumes et aux marges resserrées.

D’autre part, la conjoncture a joué un rôle aggravant. Les hausses de coûts (matières premières, transport, logistique) ont érodé les marges déjà tendues. Le redressement judiciaire apparaît alors comme un mécanisme de protection, permettant de geler les dettes tout en cherchant un équilibre. Il ne s’agit plus uniquement de fluidifier la trésorerie, mais de repenser la trajectoire du groupe.

Enfin, la dépendance à l’export — souvent un atout — est aussi devenue une source de stress : le Groupe Royer tirait près de la moitié de ses revenus à l’international, ce qui le rendait sensible à des fluctuations de devises, des ralentissements à l’étranger et des coûts logistiques accrus. Le redressement judiciaire incarne ainsi la réponse à une combinaison de facteurs tant internes qu’externes.

Une période d’observation pour tenter le redressement

L’ouverture de la procédure de redressement judiciaire ne signifie pas automatiquement la fin de l’aventure pour le Groupe Royer. Elle marque une période d’observation durant laquelle le tribunal va évaluer la viabilité d’un plan de redressement. Pendant cette phase, le groupe devra probablement : revoir ses chaînes logistiques, renforcer les canaux numériques de vente, réduire ses coûts fixes et éventuellement céder certaines activités non stratégiques. Le tribunal pourra aussi étendre la période d’observation si le plan paraît crédible. Sans ce plan, la liquidation pourrait devenir une option.

L’ampleur des marques sous la houlette du Groupe Royer — notamment Kickers et Chevignon — constitue un levier potentiel. Leur notoriété offre une marge de manœuvre, mais seule une adaptation rapide permettra de transformer cet avantage en redressement réel. Le processus est délicat : le redressement judiciaire exige non seulement de stopper l’hémorragie, mais aussi de redéployer l’activité sur de nouvelles bases.

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