Mars 2025 : l’Europe pulvérise les records de chaleur

Mars s’est terminé sans frissons. Ni pour la météo, ni pour les scientifiques. Derrière la douceur inhabituelle, des chiffres alarmants et une confirmation cinglante : l’Europe continue de s’enfoncer dans un réchauffement inédit.

Jade Blachier
By Jade Blachier Published on 8 avril 2025 9h17
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mars-2025-europe-pulverise-les-records-chaleur - © Economie Matin
14,06 °CL'Europe a enregistré une température moyenne de 14,06 °C en mars.

Le mardi 8 avril 2025, l’observatoire européen Copernicus a révélé que le mois de mars qui vient de s’achever est le plus chaud jamais enregistré sur le continent européen. Avec une température moyenne de 14,06 °C, ce nouveau pic dépasse tous les relevés précédents. L’information, lourde de sens, ne constitue plus une surprise pour les climatologues : elle s’inscrit dans une série ininterrompue d’anomalies thermiques qui dessinent les contours d’un basculement climatique durable. Ce mois de mars 2025 n’est pas une exception, mais bien un jalon de plus dans une tendance lourde, alimentée par les activités humaines et aggravée par les dérèglements globaux.

L’Europe, point chaud planétaire : mars 2025 bat tous les records

Depuis juillet 2023, la Terre enchaîne les mois anormalement chauds. Mars 2025 n’a pas dérogé à la règle, mais l’Europe y a ajouté sa propre signature : une surchauffe continentale inédite. Selon les données rendues publiques par le service Copernicus, le vieux continent a enregistré une température moyenne de 14,06 °C en mars, ce qui en fait le mois de mars le plus chaud jamais observé en Europe. À l’échelle mondiale, ce mois arrive juste derrière mars 2024, confirmant une dynamique climatique qui ne montre aucun signe de ralentissement.

Les scientifiques n’en reviennent pas. Friederike Otto, climatologue à l’Imperial College de Londres, s’inquiète publiquement : « Le fait que (mars 2025 soit) encore 1,6 °C au-dessus de l’ère préindustrielle est vraiment impressionnant ». Ce chiffre n’a rien d’anodin : il frôle, voire dépasse, la limite des +1,5 °C fixée par l’Accord de Paris. Depuis plus d’un an et demi, chaque mois s’inscrit au-delà de ce seuil critique.

L’Europe, déjà identifiée comme le continent se réchauffant le plus vite, paie un tribut supplémentaire à ce déséquilibre. Et contrairement aux idées reçues, ce n’est pas le sud qui a le plus souffert : la péninsule Ibérique et le sud de la France ont été partiellement épargnés. En revanche, de nombreuses régions du centre et du nord ont subi des conditions météorologiques extrêmes. Le mois de mars a été soit le plus humide depuis près de cinquante ans, soit le plus sec jamais enregistré, selon les endroits.

Samantha Burgess, directrice adjointe du Copernicus Climate Change Service, rappelle : « De nombreuses régions ont connu le mois de mars le plus sec jamais enregistré, tandis que d'autres ont connu le mois de mars le plus humide ». L’Europe climatique semble donc littéralement tirée entre excès d’eau et manque d’eau, dans une instabilité qui devient structurelle.

Un continent en avance dans la crise climatique mondiale

Ce mois de mars aurait pu être modéré par un changement attendu du climat planétaire : la transition d’El Niño vers La Niña, censée faire baisser légèrement les températures globales. Mais rien n’y fait. Le réchauffement se poursuit, sans correction significative. Robert Vautard, coprésident du groupe de travail sur la climatologie du GIEC, résume : « C’est une situation exceptionnelle car normalement les températures redescendent franchement après deux années El Niño ». "La Niña, comme son pendant El Niño, caractérisent une variation naturelle du climat qui induit une modification de la circulation atmosphérique mondiale et une augmentation de certains événements extrêmes" selon Météo France.

Cette persistance des températures élevées révèle que les phénomènes naturels ne sont plus les seuls moteurs. L’impact des émissions humaines domine désormais. Le réchauffement climatique est devenu un phénomène auto-entretenu par l’accumulation des gaz à effet de serre. Friederike Otto le dit sans détour : « Nous voilà fermement pris dans l’étau du changement climatique causé par l’humanité ».

Le mois de mars 2025 en Europe n’est donc pas un événement isolé. Il s’ajoute à une série déjà longue : 2023, 2024 et maintenant 2025, avec des mois consécutifs battant systématiquement les records de chaleur. Le GIEC prévient que ce type d’année deviendra la norme dès 2030. L’Europe, déjà sur la ligne de front, sert de laboratoire involontaire à cette trajectoire accélérée.

Les conséquences concrètes pour l’Europe et la planète

Au-delà des chiffres, ce mois de mars 2025 a eu des effets concrets. En Espagne et au Portugal, les précipitations extrêmes ont provoqué des inondations localisées. À l’inverse, aux Pays-Bas, des niveaux de sécheresse record ont été atteints. Dans certaines régions françaises, des températures dignes de mai ont été enregistrées dès la mi-mars, accélérant la floraison et mettant en péril plusieurs cycles agricoles.

Ce dérèglement ne s’arrête pas aux frontières du continent. En Asie centrale, des vagues de chaleur précoces ont frappé les populations rurales. En Argentine, les inondations liées à un excès de précipitations ont causé d’importants dégâts. L’Europe, en dépassant ses seuils historiques, révèle en creux une dynamique planétaire de plus en plus difficile à contenir.

Et l’avenir immédiat ne s’annonce pas plus rassurant. Si La Niña parvient à s’installer, elle pourrait modifier les régimes de moussons, affecter l’Atlantique nord et accentuer les extrêmes climatiques. Mais ce changement d’état ne pourra masquer l’essentiel : la courbe du réchauffement mondial suit désormais une pente dictée par l’activité humaine.

Mars 2025 restera dans les bilans climatiques. Il y apparaîtra comme une étape de plus dans la spirale des records battus. Ce qui s’observe en Europe aujourd’hui préfigure ce qui attend d’autres régions demain.

Jade Blachier

Diplômée en Information Communication, journaliste alternante chez Economie Matin.

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