En décembre 2024, le cyclone Chido a frappé Mayotte avec une violence dévastatrice, laissant dans son sillage 31 morts, 1 400 blessés et près de 70 % de la population gravement touchée, selon le ministère de l’Intérieur. Les dégâts matériels sont tout aussi impressionnants : la Caisse centrale de réassurance (CCR) estime que les coûts pris en charge par les assurances oscillent entre 650 et 800 millions d’euros.
Catastrophe naturelle à Mayotte : qui paiera les 800 millions d’euros de dégâts ?
Cependant, cette aide reste insuffisante pour un territoire où seuls 6 % des ménages disposent d’une assurance habitation, un chiffre drastiquement inférieur à la moyenne nationale de 96 %.
Une réponse inégale des assurances
Le système actuel d’assurance habitation à Mayotte reflète des disparités sociales profondes. Contrairement à l’Hexagone, où l’assurance est quasi universelle, une grande partie de la population mahoraise vit dans des habitations précaires, souvent non assurées. Selon un rapport de l’inspection générale des services, seuls les ménages les plus aisés optent pour des assurances. Cette situation s’explique par une précarité économique généralisée, aggravée par un taux de chômage élevé et une dépendance aux aides sociales.
Pourtant, l’État français a activé le régime de catastrophe naturelle dans les 17 communes touchées, permettant une prise en charge partielle des dommages. Le réassureur public prévoit d’assumer au moins 50 % des coûts estimés. Mais est-ce suffisant ?
Les promesses gouvernementales face à l’urgence
Face à l’ampleur de la catastrophe, Emmanuel Macron a annoncé plusieurs mesures d’urgence, notamment la création d’un fonds d’indemnisation pour les non-assurés. Cependant, l’absence de détails sur le montant de ce fonds suscite des interrogations. Peut-on vraiment rebâtir un territoire entier sans des moyens financiers clairs et garantis ?
Le Président a également promis de « reconstruire Mayotte » tout en renforçant la lutte contre l’immigration clandestine. Ces déclarations, bien que symboliquement fortes, risquent de diviser une population déjà éprouvée par les tensions sociales et économiques.
Les défis de la reconstruction
La reconstruction de Mayotte est une tâche titanesque. Outre les habitations, le cyclone a détruit des infrastructures essentielles comme les écoles et les hôpitaux. La question de savoir comment financer ces travaux reste en suspens. En 2023, la reconstruction de la cathédrale Notre-Dame de Paris avait mobilisé des fonds privés et publics considérables. Peut-on espérer une mobilisation similaire pour Mayotte, un territoire souvent perçu comme périphérique dans le paysage français ?
Région | Taux d'assurance habitation | Type de population dominante |
---|---|---|
Mayotte | 6 % | Population précaire, habitat informel |
Outre-mer (moyenne) | 50 % | Mixte |
Hexagone | 96 % | Majoritairement aisée |
Une solidarité insuffisante ?
Le faible taux d’assurance à Mayotte met en lumière une inégalité structurelle dans l’accès à la protection financière. Alors que l’État promet une aide immédiate, la lenteur des processus administratifs et l’absence de fonds dédiés à long terme risquent d’amplifier la détresse des Mahorais.
À titre d’exemple, les dons aux associations locales ne bénéficient pas encore d’incitations fiscales adaptées, comme cela avait été le cas pour d’autres catastrophes en France.