Chaque jour, vous respirez l’équivalent de 70 000 microparticules plastiques. Ce chiffre effarant provient d’une étude menée par l’Université de Toulouse, dont les résultats ont été dévoilés le 30 juillet 2025 dans Plos One et relayés par France Inter. Un constat glaçant sur la qualité de l’air dans nos lieux de vie, souvent considérés comme « sûrs ». Mais que savons-nous réellement de ces microparticules omniprésentes ? Voici ce que dit la science.
Respirer tue : vous inhalez 70 000 microparticules par jour
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Published on 31 juillet 2025 11h00
90 %Les échantillons d’air ont été prélevés dans des appartements, des bureaux et l’habitacle de voitures, soit les environnements où nous passons plus de 90 % de notre temps.
L’air que nous respirons chez nous, dans nos voitures ou au travail n’est pas aussi inoffensif qu’on le croit. Cette étude française révèle l’ampleur d’une pollution invisible… et permanente.
Un volume de microparticules 100 fois supérieur aux estimations précédentes
Les résultats de l’étude sont sans appel : un adulte inhale quotidiennement entre 68 000 et 71 200 microparticules. Ces particules, composées de plastique, sont invisibles à l'œil nu. Leur taille est inférieure à 10 micromètres, soit bien plus fine qu’un grain de poussière.
Les échantillons d’air ont été prélevés dans des appartements, des bureaux et l’habitacle de voitures, soit les environnements où nous passons plus de 90 % de notre temps. Pour le scientifique Jeroen Sonke, directeur de recherche au CNRS, le constat est sans équivoque : « C’est 100 fois au-delà de ces premières estimations ».
Les microparticules retrouvées proviennent principalement de la dégradation de matériaux plastiques présents dans nos intérieurs. Dans les maisons, il s’agit des tapis, rideaux, peintures murales, ou encore des objets plastiques du quotidien. Dans les véhicules, elles émanent des tableaux de bord, sièges en polyester et moquettes, selon les chercheurs.
Leur présence s’explique aussi par la faible ventilation dans ces espaces confinés, favorisant leur concentration dans l’air ambiant. Les analyses ont été réalisées à différentes hauteurs : à 1,65 mètre dans les salons (hauteur moyenne d’inhalation en journée), et à 0,5 mètre dans les chambres (position de sommeil). Les prélèvements ont été effectués aussi bien dans des modèles automobiles récents qu’anciens.
Une intrusion toxique jusqu’au sang et aux cellules
Le danger de ces microparticules ne s’arrête pas à leur inhalation. Une fois dans les poumons, elles peuvent y rester pendant de longues périodes. Le corps humain est incapable de les filtrer. « Les microplastiques contiennent des additifs qui peuvent larguer ces microplastiques à l’intérieur de notre corps », explique Jeroen Sonke.
Ces résidus finissent par rejoindre la circulation sanguine, se dispersant dans divers organes. Parmi les substances identifiées figurent le bisphénol A et des phtalates, connus pour leurs effets endocriniens et cancérogènes. D’après Nadiia Yakovenko, coautrice de l’étude, « une exposition à long terme [...] pourrait contribuer à des troubles du neurodéveloppement, à l’infertilité, à des maladies cardiovasculaires et à des cancers ».
Face à ces résultats alarmants, les scientifiques espèrent des répercussions concrètes. L’étude appelle implicitement à repenser les matériaux utilisés dans nos environnements intérieurs. Les chercheurs réclament une plus grande vigilance quant à la fabrication de textiles, revêtements et équipements domestiques.
« J’espère que ces nouvelles données pousseront à faire évoluer les matériaux utilisés par les industriels », conclut Jeroen Sonke.
En attendant une réglementation plus stricte, l’étude souligne la nécessité de renforcer la ventilation des espaces clos, de limiter l’usage de plastiques en intérieur, et de surveiller de plus près les substances intégrées dans nos produits du quotidien.