Le 4 juin 2025, le cabinet de conseil Capgemini a publié la dernière édition de son « World Wealth Report ». Ce rapport annuel, considéré comme une référence dans le suivi de la richesse mondiale, révèle une croissance spectaculaire du nombre de millionnaires, ainsi qu’une explosion de leur fortune cumulée, atteignant un sommet historique.
Une fortune de 90 500 milliards : le monde n’a jamais compté autant de millionnaires

Explosion du nombre de millionnaires : une tendance mondiale bien ancrée
En 2024, le nombre de personnes disposant d’un patrimoine financier supérieur à un million de dollars hors résidence principale a augmenté de 2,6 %, atteignant 23,4 millions d’individus à l’échelle mondiale. C’est ce que révèle le « World Wealth Report 2024 » du cabinet Capgemini, fondé sur une méthodologie croisant des bases statistiques officielles et la courbe de Lorenz.
Cette progression, bien qu'inégale géographiquement, confirme une tendance structurelle : la concentration de la richesse s’intensifie. Aux États-Unis, le phénomène prend une ampleur spectaculaire, avec 562 000 nouveaux millionnaires, soit une hausse de 7,6 %, pour un total de 7,9 millions de personnes fortunées. Une dynamique que Capgemini attribue en partie à la flambée des marchés boursiers américains, dopés par l’engouement pour les valeurs technologiques et l’intelligence artificielle.
Fortunes hors normes : les ultra-riches poussent les compteurs
Mais les millionnaires ne sont que le sommet d’un iceberg beaucoup plus vaste. Le rapport de Capgemini met en lumière une augmentation particulièrement marquée des ultra-riches, c’est-à-dire les personnes détenant plus de 30 millions de dollars d’actifs liquides. Leur nombre a progressé de 6,2 % en un an, dynamisant à lui seul la croissance globale des patrimoines.
Résultat : la fortune totale des personnes fortunées atteint désormais 90 500 milliards de dollars à l’échelle mondiale, soit une hausse annuelle de 4,2 %. Il s’agit d’un record absolu depuis le lancement du rapport en 1997. Pour Capgemini, cette croissance tient à une combinaison de facteurs : performances boursières historiques, boom des valeurs technologiques, redressement économique post-pandémique, et optimisme autour de l’IA. « Les actions américaines ont poursuivi leur cycle haussier grâce à une croissance économique plus forte que prévu et à un enthousiasme soutenu pour l’IA et les valeurs technologiques », souligne le rapport Capgemini.
L’Europe à la traîne, l’Asie stabilisée, l’Amérique triomphante
Les zones géographiques ne sont pas toutes logées à la même enseigne. Selon Les Échos, l’Amérique du Nord reste la locomotive de la richesse mondiale, concentrant à elle seule plus de 45 % de la fortune des particuliers fortunés. En revanche, l’Europe enregistre une légère contraction du nombre de millionnaires, particulièrement marquée en Allemagne et en France, où la stagnation économique a freiné la création de nouvelles grandes fortunes.
Du côté de l’Asie, la situation est plus contrastée. Le Japon et la Corée du Sud maintiennent une croissance modérée, pendant que la Chine subit encore les contrecoups de la crise immobilière et du ralentissement de son économie. L’Inde, quant à elle, s’illustre par une accélération notable du nombre de personnes fortunées, confirmant sa place montante dans le paysage de la richesse mondiale.
Critiques et mises en garde : un monde à deux vitesses
Face à ces chiffres vertigineux, certains observateurs n’hésitent pas à pointer du doigt un système économique de plus en plus polarisé. Dans son article, L’Opinion souligne que cette accumulation de capital « se fait sans redistribution suffisante », nourrissant les tensions sociales dans de nombreux pays. En 2024, 1 % des individus détiennent à eux seuls près de 45 % de la richesse mondiale, rappelle Capgemini dans son étude. Une réalité que même les marchés ne peuvent dissimuler, malgré leur euphorie.
En 2024, le monde a donc compté davantage de millionnaires que jamais, avec une fortune mondiale cumulée au plus haut historique. L’Amérique triomphe, l’Europe s’essouffle, et l’intelligence artificielle devient l’alliée inattendue de la concentration du capital. Reste une question en suspens : jusqu’à quand ce déséquilibre croissant pourra-t-il se maintenir sans rupture majeure ?
