Santé : 1 Français sur 3 pourrait renoncer à sa mutuelle faute d’argent

En France, la complémentaire santé joue un rôle central dans le financement des soins. Pourtant, ce dispositif, censé compléter les remboursements de l’Assurance Maladie Obligatoire (AMO), est devenu une source de préoccupation pour de nombreux Français. En cause : des coûts qui ne cessent d’augmenter, une complexité du système et des inégalités criantes.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Publié le 28 janvier 2025 à 6h41
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santé, médecin, certificat médical, décision, septembre violet, lutte, temps - © Economie Matin
227 MILLIARDS €Les dépenses de santé en France ont atteint 227 milliards d’euros en 2022

Mutuelle : Une complémentaire santé essentielle mais coûteuse

En 2025, les complémentaires santé financent 12,6 % des dépenses de soins et biens médicaux, contre 79,6 % pris en charge par l’AMO. Ces organismes – mutuelles, assurances privées ou institutions de prévoyance – permettent de combler des lacunes importantes dans les remboursements des soins courants, comme les consultations médicales, les médicaments ou encore les soins dentaires et optiques. Cependant, leur coût est devenu un fardeau pour beaucoup.

Entre 2018 et 2024, les cotisations des complémentaires santé ont bondi de 40 % selon l’UFC-Que Choisir, forçant certains ménages à revoir leurs priorités. Environ 72 % des Français ayant un contrat individuel affirment que ces cotisations pèsent lourd sur leur budget. Parmi eux, 32 % envisagent même de renoncer à leur mutuelle en raison de leur situation financière. Ce constat est moins marqué pour les bénéficiaires de contrats collectifs – souvent souscrits par les employeurs – mais reste une réalité pour près de la moitié d’entre eux.

Santé : des millions de Français sont sans couverture complémentaire

Si 93 % des Français bénéficient d’une complémentaire santé, environ 2,5 millions de personnes restent sans couverture. Parmi ces derniers, les jeunes adultes, les étudiants et les inactifs sont les plus touchés. Près de 9 % des 18-39 ans et 11 % des étudiants ne disposent pas de mutuelle, tout comme 17 % des personnes sans activité. Ces chiffres traduisent des inégalités flagrantes, accentuées par des critères financiers : 58 % des personnes sans mutuelle expliquent cette situation par le coût prohibitif des cotisations.

La complexité administrative constitue également un frein pour 14 % des non-assurés, tandis que 28 % déclarent ne pas ressentir le besoin de souscrire à une mutuelle, selon l’étude de l’UFC-Que Choisir publiée le 27 janvier 2025. Cependant, cette dernière réponse masque souvent une résignation face à des dépenses perçues comme inaccessibles. Ces inégalités sont exacerbées par les frais de gestion élevés de certaines complémentaires : dans les cas extrêmes, ces frais peuvent atteindre jusqu’à 27 % du prix de la cotisation mensuelle.

Les mutuelles santé sont-elles opaques pour les Français ?

Pour beaucoup, la complémentaire santé reste un dispositif complexe et difficile à appréhender. Si 82 % des Français disent comprendre le rôle de leur mutuelle, cette proportion tombe à 70 % chez ceux qui n’en ont pas.

Les dépenses de santé en France ont atteint 227 milliards d’euros en 2022, avec une augmentation annuelle moyenne de 2 à 6 % en valeur. Cette inflation est en partie liée au vieillissement de la population, à l’augmentation des maladies chroniques et aux innovations médicales, souvent coûteuses. Ces évolutions ont entraîné un transfert progressif des charges de l’État vers les ménages et les complémentaires santé.

Pour les assurés, cette situation se traduit par un sentiment d’injustice : payer davantage pour des remboursements jugés insuffisants. Une femme âgée des Hauts-de-France rapporte auprès de l’UFC avoir négocié une baisse de sa cotisation, passée de 175 € à 134 € par mois, tout en déplorant une diminution de ses garanties. D’autres critiquent l’absence de remboursement pour certains traitements essentiels, comme le vaccin contre le zona, qui reste inaccessible pour de nombreux patients vulnérables.

Système de santé : la nécessité d’une réforme en profondeur

Face à ces problématiques, des voix s’élèvent pour proposer une refonte du système. L’UFC-Que Choisir plaide pour la mise en place d’une "Grande Sécu", qui verrait l’Assurance Maladie Obligatoire couvrir 100 % des soins essentiels. Les mutuelles seraient alors reléguées à un rôle complémentaire pour les médecines douces ou les soins non essentiels.

Les avantages d’un tel système sont multiples : des économies grâce à une gestion centralisée, une réduction des charges pour les ménages et une meilleure lisibilité pour les usagers. Cependant, cette transformation nécessiterait des ajustements financiers conséquents, notamment par le biais d’une réallocation des cotisations privées vers des contributions publiques obligatoires.

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Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint Après son Master de Philosophie, s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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